Nos collègues Domergue et Guidicelli viennent de remettre
leur rapport sur la chirurgie au ministre de la Santé.
A la lecture des interventions dans la presse on semble découvrir
que la crise est profonde dans la spécialité. Le
Syndicat des Chirurgiens Hospitaliers remercie les rapporteurs
de confirmer ce que nous disons depuis plus de quatre ans concernant
les difficultés dans nos pratiques quotidiennes. Pour autant
la simplification qui consiste à n'envisager qu'une opposition
entre le secteur public et les cliniques privées doit être
modulée à la lumière des services rendus
par les uns et par les autres. Dire que les chirurgiens sont sous
occupés à l'hôpital va en faire bondir plus
d'un si on ne va pas plus loin dans l'analyse. L'attente est immense
chez les chirurgiens hospitaliers et si le SCH se félicite
de retrouver quelques unes des propositions qu'il a faites au
Ministre en juin 2002, il rappelle qu'il faudra beaucoup de volonté
politique pour faire évoluer les mentalités en particulier
en ce qui concerne la restructuration de l'offre chirurgicale
hospitalière, l'hôpital étant souvent le premier
employeur de la ville.
Face à la disparité actuelle des postes il faut
recenser les besoins et redéfinir l'offre. Nous proposons
une base de réflexion à partir de la nécessité
d'une permanence chirurgicale nocturne. En cas d'astreinte un
minimum de 3 chirurgiens par unité et 7 chirurgiens si
la garde se prend sur place. Définir la taille minimale
permettra d'éviter le maintien ou la mise au concours de
postes de PH dans des structures exposant à la fois les
malades et les chirurgiens.
Un critère d'activité minimale sera aussi à
envisager avec des paramètres reconnus et admis par tous.
Il sera modulable selon les spécialités chirurgicales.
Le total des Kc ou le nombre d'actes sont des paramètres
simples mais l'éventail des actes est certainement aussi
un indice pertinent.
L'abandon de la chirurgie programmée à l'hôpital
public et la création de cliniques ouvertes de chirurgie
soulèvent plus de problèmes de fonctionnement et
de relations au sein des hôpitaux qu'ils ne règlent
la prise en charge chirurgicale des patients en particulier en
urgence. Là encore, statuts et rémunérations
différents pour travail et responsabilités équivalents
imposent une réforme.
Enfin il faut sereinement envisager la revalorisation en même
temps que le regroupement des gardes et astreintes. Le SCH a des
propositions concrètes dans ce domaine avec pour ambition
le regroupement des permanences chirurgicales nocturnes pour assurer
à la fois la sécurité des patients et la
qualité de vie nocturne des chirurgiens. Ces regroupements
pourraient être proposés au niveau régional
tenant compte des bassins de vie, des voies de communication et
de chaque spécialité chirurgicale.
D'autres chantiers sont à peine ouverts comme : les normes
de sécurité et de fonctionnement des blocs opératoires,
la formation des chirurgiens (initiale et continue), la carrière
des Internes et des Chefs de Clinique, la revalorisation financière
des premiers échelons pour réduire l'écart
avec le secteur libéral bien plus attractif.
Nous attendons avec impatience le texte final et surtout les
concertations sur les mesures concrètes que ce rapport
semble proposer car ce n'est malheureusement pas le premier et
nous souhaiterions qu'il ne serve pas seulement à caler
les vieilles commodes au ministère.
Docteur Thierry DUFOUR
Président du SCH