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Monsieur le ministre
Monsieur le sénateur Président du Conseil Général
Messieurs les députés
Monsieur le représentant du Président du Conseil Régional
Monsieur le Maire
Madame et Messieurs les directeurs d'ARH
Monsieur le délégué général
de la FHF,
Messieurs les présidents des conférences de présidents
de CME de CHU et de CH,
Messieurs les présidents des conférences de directeurs
de CHU et de CH,
Mes chers confrères, mes chères consoeurs,
Madame, Monsieur,
Je suis très heureux de l'opportunité que me donnent
les assises des centres hospitaliers, organisées par les
présidents de CME et les directeurs, de m'exprimer devant
les responsables de la communauté hospitalière publique.
Car, vous voilà bien tous réunis, CH et CHU, CME
et directeurs, autour d'un thème singulièrement porteur,
à la fois d'inquiétude et de fascination, celui du
changement.
Le thème de vos réflexions, et le symbole d'une hospitalisation
publique réunie contribuent a plaisir qui est le mien, quelques
jours après la présentation du PLFSS, de vous donner
les grandes lignes de la politique hospitalière que je souhaite
mener.
A. Deux convictions président à ma volonté
d'accompagner le changement à l'hôpital.
1. Ma première conviction, c'est que l'hôpital
détient en lui les ressources nécessaires à
son évolution et sa modernisation. Cette confiance dans
l'hôpital, dans le projet de lui redonner ambition et espoir.
C'est cela la rupture et la nouveauté !
Depuis 10 ans, dans un monde en mouvement, l'hôpital n'est
pas resté immobile ; la liste est longue des changements
qu'il a vécu : mise en place du PMSI et de l'accréditation,
nouvelles mesures de sécurité sanitaires, établissement
des relations contractuelles avec les ARH,...
Et dans le même temps, toute aussi longue est la liste
des malaises qui se sont exprimés : mécontentements,
récriminations accrues, repli sur soi, discours critique
permanent sur l'institution.
Ce paradoxe s'explique peut-être qu'à chaque fois,
l'hôpital n'a pas voulu les changements décidés
d'en haut mais qu'il les a subi. Non qu'ils n'étaient nécessaires,
mais sans doute mal accompagnés. Et surtout, sans relation
de confiance avec les professionnels de l'hôpital.
Or, vous avez su, monsieur le président, trouver les mots
justes pour dire combien les professionnels que vous êtes,
se sentaient responsables d'une réforme de l'hôpital.
Je le crois. Nous devons désormais faire résolument
confiance aux acteurs. C'est pourquoi, monsieur le président,
je réponds d'emblée à votre question : l'hôpital
avec qui ? avec vous bien sur ! Mais, avec vous tous.
Les réformes ne se font pas à la place de ceux qui
les vivent.
Elles doivent accompagner les tendances qui naissent au sein des
établissements, inciter au changement mais sans contraindre
d'abord par la règle. Le rôle de l'Etat est de créer
les conditions favorables au changement en donnant aux structures
et aux professionnels des règles du jeu incitatives permettant
l'initiative et la créativité.
L'hôpital détient déjà les compétences,
les savoirs et les moyens qui lui permettraient de mieux s'adapter
aux exigences de sécurité et aux contraintes budgétaires,
et de mieux répondre aux attentes des patients, et aussi
de retrouver son âme, son goût pour l'excellence des
soins et le dévouement à la médecine.
Mais l'organisation rigide et peu autonome des établissements
hospitaliers entrave aujourd'hui cette volonté.
2. Ma deuxième conviction, c'est la nécessité
d'unir les volontés d'agir de tous les acteurs du secteur.
J'entends ici, ou là, des voix qui cherchent à opposer
les CHU aux CH, les directeurs aux médecins, les médecins
aux soignants, le public au privé. Je n'entendrai pas ces
voix. Permettez-moi de vous inviter également à
faire la sourde-oreille.
La spécificité des missions des uns et des autres
doit vous inciter à travailler ensemble, et non en opposition.
Les centres hospitaliers assurent, vous le rappeliez monsieur
le président, le maillage du territoire pour les soins
de proximité. Ils constituent les pivots sanitaires de
notre pays. Ils apportent une contribution importante à
la permanence des soins et en particulier à l'accueil des
urgences. Je voudrais à cet égard porter témoignage
de l'effort que chacun a pu accomplir pour faire face à
ses missions, notamment cet été. Vous avez pu apporter,
dans des conditions dont je sais les difficultés, la preuve
de votre capacité et de votre détermination à
maîtriser la situation. J'en remercie chacun et chacune,
de ceux et celles qui y ont contribué.
Les CHU, de leurs côtés doivent conserver bien sûr
leur triple mission de soins, d'enseignement et de recherche,
et donc tendre en tout point vers l'excellence. Mais, ils doivent
aussi assumer leur rôle d'hôpital de proximité
pour les populations les plus proches.
Pour toutes ces raisons, la collaboration entre CHU et CH constitue
un enjeu majeur de la bonne coordination des activités
hospitalières sur une région, dans le respect des
rôles, des misions et de l'identité de chacun.
Je voudrais aussi dire, mais vous le savez bien évidemment,
qu'au-delà de l'hôpital public, notre système
de santé s'appuie beaucoup sur les établissements
privés et le secteur libéral, et qu'il faut trouver
des relais dans les structures sociales et médico-sociales.
Le clivage entre la ville et l'hôpital, comme celui entre
le sanitaire et le social, doivent être dépassés
: c'est un défi majeur de l'évolution de notre système.
La concurrence entre le secteur privé et public existe,
il ne convient pas de l'occulter. Mais, de plus en plus d'éléments
font converger les deux secteurs : traitement unique par les ARH,
application identique des normes réglementaires, et prochainement
tarification à l'activité.
Mon objectif est de redonner à l'hôpital toute la
souplesse dont il a besoin pour donner la pleine mesure de son
potentiel et de son efficacité, y compris lorsqu'il se
trouve en situation concurrentielle.
De même, la réduction du temps de travail des médecins
et la démographie médicale accentueront la nécessité
de passer de la concurrence à la complémentarité.
Le partage de plateaux techniques, d'équipements ou de
lits, la mise en place de gardes communes notamment en chirurgie
ou en obstétrique, s'imposeront d'eux-mêmes pour
garantir la permanence des soins.
Dire cela, c'est clairement affirmer la nécessité
de l'ouverture et des collaborations, sans distinction de statut.
C'est à cela que contribue l'organisation en réseaux.
Réseaux de soins, ou plus exactement réseaux de
santé, car par delà le curatif c'est bien la prévention
et le dépistage qu'il convient aussi de coordonner avec
le soin.
J'attacherai un grand prix, quelles que soient les résistances
rencontrées, à développer ces nouveaux modes
de prise en charge.
J'ai d'ailleurs signé il y a 15 jours, je vous le rappelle,
le décret permettant l'utilisation des enveloppes communes
URCAM-ARH.
Vous le voyez, je crois dans les capacités de l'hôpital,
et je souhaite les mobiliser avec vous.
C'est pourquoi, je suis heureux que tous les partenaires de l'hospitalisation
publique se trouvent aujourd'hui réunis.
Cela ne m'empêchera pas, bien sûr, lorsque les occasions
se présenteront dans le courant des mois à venir,
de poursuivre avec vos représentants, notamment par l'intermédiaire
de leurs conférences, un dialogue aussi nécessaire
que fécond.
B. Mais dés à présent, je voudrais profité
de cette occasion, pour vous exposer pour la première fois
quelques éléments de notre plan " hôpital
2007 ". Nos réflexions se poursuivent, et je pourrai
en présenter une synthèse en conseil des ministres vers
la mi-novembre
Certaines mesures figurent déjà dans le PLFSS que
j'ai présenté mardi, et je peux ainsi vous les détailler.
Pour d'autres il s'agira d'orientations qui appellent encore concertation
et débat.
J'ai avant tout la volonté de lutter contre les rigidités
du système hospitalier : rigidités des relations
entre les acteurs, rigidités des modalités de financement,
rigidités des modes de gestion interne.
Je chercherai donc à rénover l'hôpital en
le rendant plus moderne et plus responsable, et en lui donnant
les moyens d'assumer cette responsabilité.
I. Un hôpital plus moderne, grâce à trois
rénovations majeures :
le soutien sans précédent à l'investissement,
la rénovation des modes de financement, et la simplification
des outils de planification.
I.1 Concernant l'investissement, tout d'abord, il nous faut le
relancer de manière extrêmement volontariste. C'est
nécessaire aussi bien à la mise à niveau
des moyens compte tenu du progrès technique, des exigences
de sécurité sanitaire ou de la recomposition hospitalière.
Je vous confirme que le plan quinquennal d'investissement sera
bien engagé dès 2003. J'ai proposé dans le
PLFSS un premier effort conséquent, permettant le financement
de la première tranche du plan de 6 milliards d'euros,
soit pour 2003, plus d'1 milliard d'euros d'investissements supplémentaires.
Ces efforts couvriront toutes les opérations d'investissements
: immobiliers, équipements et systèmes d'information,
préalable indispensable à toute réorganisation.
Mais, pour ne pas réitérer les erreurs du passé
je serai particulièrement attentif à une réalisation
accélérée des opérations immobilières.
C'est pourquoi je souhaite prendre trois séries de mesures
pour accompagner le plan d'investissement.
(1°) Pour accélérer les décisions, tout
d'abord. Les enveloppes seront régionalisées et
confiées aux ARH. L'instruction et la décision seront
plus faciles et donc plus rapides. En pratique, les ARH arrêteront
avec les structures un programme régional pluriannuel d'investissements
sur 5 ans.
Elles choisiront les opérations à soutenir, et le
niveau de ce soutien qui pourra aller jusqu'à 80% de l'opération.
(2°) Pour accélérer les réalisations,
ensuite. L'intervention des entreprises privées, sera facilitée.
Je proposerai des modifications législatives avant la fin
de l'année afin d'autoriser une personne privée
à construire des bâtiments pour le compte de l'hôpital.
Dès que les mesures législatives et réglementaires
auront été prises, je demanderai aux ARH d'utiliser
le plus souvent possible ces modalités, notamment pour
les opérations immobilières d'importance.
(3°) enfin, pour soutenir techniquement les projets, en aidant
les ARH, et les établissements. L'expertise technique nécessaire
n'est pas toujours présente localement.
J'ai donc décidé de mettre en place une Mission
nationale d'Appui à l'INvestissement ambitieuse.
Elle sera composée d'une quarantaine d'experts de hauts
niveaux (ingénieurs, ingénieurs en organisation,
juristes, financiers, directeurs d'hôpitaux,...) spécialement
recrutés, et s'ajoutant aux compétences existantes
de l'administration centrale.
La majorité de ces experts seront affectés en régions
auprès des ARH.
L'équipe de niveau central aura également vocation
à se déplacer en tant que de besoins dans les régions.
La mission aidera les ARH à élaborer les plans pluri-annuels
et les établissements pour la mise en oeuvre et le suivi
de leurs opérations
I.2 L'enjeu sur l'investissement est de taille.
Un autre ne l'est pas moins.
C'est la rénovation totale du mode de financement des établissements.
Il nous faut le simplifier et le clarifier. Nous ne pouvons continuer
à vivre avec un double système de financement public
et privé qui obère les comparaisons et rend difficile
les coopérations. C'est pourquoi, je souhaite que nous
allions résolument vers la tarification à l'activité.
Seule capable, à terme, de responsabiliser les acteurs.
En 2003 des expérimentations se dérouleront dans
une quarantaine d'établissements volontaires après
appel d'offre. En parallèle, des simulations seront réalisées
au niveau central sur tous les établissements de 5 régions.
Je remercie monsieur Bernard Marrot pour la dure tâche
qu'il a menée pendant deux ans, et qui nous permet aujourd'hui
de nous engager plus avant dans cette évolution, que quatre
pays européens ont franchi au cours des 3 dernières
années (Pays-Bas, Espagne, Allemagne, Suède); un
cinquième il y a quelques semaines (Belgique). La mission
d'étude est achevée. Il faut se pencher sur les
questions opérationnelles.
Les expérimentations et simulations seront menées
par une mission opérationnelle confiée à
un directeur scientifique (un expert reconnu, Monsieur Rolland
Cash) et un directeur opérationnel (Madame Martine Aoustin
de la DHOS).
Elle sera composée d'une quinzaine de personnes issues
de l'administration centrale et de la CNAMTS. Elle fera appel
à des experts associés en tant que de besoin, et
prendra en compte les aspects concrets et informatiques.
Une instance de concertation représentant les professionnels
et les établissements concernés sera régulièrement
tenue informée par la mission.
Mon objectif est clair : engager la généralisation
dès 2004. Il n'est plus temps de tergiverser, mais d'agir.
I.3 Enfin, et c'est le troisième axe de la modernisation
de l'hôpital, j'entends assouplir les règles de planification.
Au plan national, tout d'abord, les autorisations qui y sont
encore effectuées aujourd'hui seront déconcentrées
aux ARH.
Au plan régional, ensuite. Car, aujourd'hui, plus personne
ne s'y retrouve entre le SROS, la carte sanitaire, les autorisations.
Je souhaite simplifier tout cela en commençant par supprimer
les indices de lits et d'équipement de la carte sanitaire,
qui sont obsolètes. Je souhaite faire jouer un rôle
nouveau aux annexes du SROS à travers un dispositif rénové
et renforcé dans ses principes juridiques.
Le régime des autorisations sera maintenu pour assurer
une équité dans la répartition des capacités
de prise en charge et des équipements, mais les encadrements
seront désormais fixés par l'ARH dans le SROS.
A terme, je souhaiterais même pouvoir contractualiser les
autorisations en les fixant dans le seul contrat d'objectifs et
de moyens. Ce serait donner une souplesse et une réactivité
qui manquent aux procédures actuelles lentes et lourdes.
Tout ceci va dans le sens de la souplesse.
Enfin, pour faciliter les collaborations et les décloisonnements
entre établissements, je souhaite rapidement faire du Groupement
de Coopération Sanitaire, un outil plus souple et plus
complet, plus polyvalent.
II. Je souhaite donc un hôpital plus moderne, mais aussi
plus responsable.
Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, il est temps de
faire confiance. Cela signifie que les établissements doivent
jouir d'une plus grande autonomie dans leur gestion quotidienne.
L'autonomie, c'est la contrepartie de la responsabilité.
Nous entreprendrons la simplification d'un certain nombre de règles,
en particulier pour les achats, qui génèrent à
la fois des surcoûts et des dysfonctionnements au sein des
établissements.
De la même manière, il nous faut réfléchir,
à un accroissement du pouvoir des Conseils d'Administration
notamment en matière de contractualisation interne que
je souhaite lier avec l'intéressement des personnels. Chacun
doit recouvrer le fruit de ses efforts à partir d'objectifs
qualitatifs ou quantitatifs fixés et évalués
au sein des établissements avec la validation du Conseil
d'administration.
Les établissements doivent aussi pouvoir s'organiser et
se structurer au mieux. Sur la base des unités fonctionnelles
et des services existants, il appartiendra aux instances internes
de décider de la création de pôles d'activité
qui pourront, ensuite, passer contrat avec le Conseil d'Administration.
L'intéressement ne doit pas récompenser uniquement
des efforts de réorganisation, il doit aussi dédommager
la prise de responsabilité telle que celle, difficile,
je n'hésite pas à le dire devant vous, de président
de CME. Une reconnaissance de votre fonction, et des contraintes
qu'elle génère est naturelle.
Il en est de même pour les responsables de pôles d'activité.
Enfin, les guides de bonnes pratiques ne doivent pas être
uniquement à vocation médicale. C'est pourquoi,
je propose dans le cadre du PLFSS 2003 la création d'une
mission nationale d'audit et d'expertise dont l'objectif sera
de bâtir des référentiels de gestion hospitalière
de manière à aider les établissements dans
leur modernisation.
Dans ce domaine essentiel de la qualité, qualité
médicale aussi bien que qualité de gestion, je mettrai
tout en oeuvre pour que les efforts soient pris en compte et articulés,
le plus possible, avec la tarification des établissements.
Mesdames, Messieurs, pour conclure cette première présentation
de quelques mesures ou principes du plan " hôpital
2007 ", je voudrais vous redire combien je crois en vous
et combien j'ai foi dans l'avenir de l'hôpital.
Je serai attentif aux conclusions de vos travaux. La Fédération
Hospitalière de France, et vos conférences sont
pour moi des interlocuteurs précieux et crédibles.
Je les écoute et je prends en compte leurs propositions
empreintes de pragmatisme. Il ne vous aura pas échappé
que dans mes propos, à l'instant, j'ai déjà
tenu compte de certaines d'entre elles.
Les hôpitaux concentrent une somme de savoir et d'expertise
que beaucoup d'organisations nous envient. Aujourd'hui, je souhaite
que cette richesse soit utilisée pleinement et que les
hommes et les femmes de l'hôpital retrouvent fierté
et enthousiasme.
Jean-François Mattéi, Ministre
de la Santé, de la Famille et des Personnes Handicapées
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