1 - Le système de garde hospitalier : un système "
obligatoire "
En théorie, toutes les catégories médicales
sont concernées par le système des gardes. Qu'il
soit à statut précaire, temporaire ou pérenne,
le médecin exerçant à l'hôpital est
en général concerné par le système
de gardes et astreintes. Cette situation appelle trois remarques
:
· Le caractère d'obligation de participation au
système de gardes et astreintes entraîne des pratiques
de contournement. De ce fait, selon les établissements,
selon les spécialités et les disciplines, selon
les statuts, le caractère universel de la participation
aux systèmes de gardes et astreintes n'est plus une réalité.
· La communauté médicale hospitalière
n'échappe pas aux évolutions connues de la démographie
médicale. Il s'agit en particulier du vieillissement et
de la féminisation. En 1985, 32% seulement des médecins
avait plus de 45 ans. Ils sont maintenant plus de 58% à
exercer dans cette tranche d'âge. Dans le même temps,
la féminisation est passée de 25% à 36%.
Ces deux évolutions démographiques pèsent
sur l'implication dans le système de gardes et astreintes.
· Ces différents constats sont observés aussi
bien en ville qu'à l'hôpital. Le désengagement
de la médecine libérale de la continuité
des soins et plus généralement du système
de garde relève probablement de situations voisines.
2 - Les limites voire l'échec de la seniorisation des
gardes.
Dans un soucis de valider les compétences et d'améliorer
la qualité des prestations médicales, un principe
de seniorisation des gardes a été validé
comme référence incontournable.
Ce principe de seniorisation lorsqu'il affirme des compétences
et des responsabilités est bien sûr légitime.
Pour autant, là encore, ce principe fait l'objet de contournement.
Tantôt il est purement et simplement remis en cause, tantôt
il se résume à un simple affichage. Très
souvent, le système repose sur des attachés, assistants
ou praticiens associés. Entre responsabilité déléguée,
partagée ou personnelle, le système titube sans
apporter de façon évidente une compétence
accrue.
3 - La place des internes, DES et résidents.
En théorie, les internes sont en formation. Leur place
dans le système de garde s'est trouvée relativement
marginalisée. Il est vrai que leur raréfaction a
imposé de ne pas faire reposer le système sur leur
catégorie. Les contournements y sont là officiellement
organisés puisque, par exemple, une véritable dérogation
est prévue pour faire fonctionner les services de réanimations
avec des internes de 3ième et 4ième année.
4 - Application des directives européennes et de la réduction
du temps de travail.
La mise en uvre brutale et imprévoyante des directives
européennes et de la réduction du temps de travail
suscite la recherche d'un compromis introuvable. D'une part, il
s'agit d'assurer la continuité de l'accueil et des soins
et d'autre part, il faut redéfinir les responsabilités
de l'organisation et de la continuité si le médecin
intervient de façon segmentaire dans une organisation taylorisée
de l'hôpital.
5 - Quelques pistes, quelques principes.
· Le système de garde doit impliquer prioritairement
les jeunes générations. Cela signifie que les internes
(selon des conditions à définir), les assistants
et les praticiens en deçà d'un âge à
définir doivent être impliqués dans le système
de garde sur place. La réforme du 3ième cycle des
études médicales, l'augmentation du nombre d'internes
attendus, l'élargissement de l'assistanat, la reconnaissance
statutaire et financière sont autant de leviers pour mettre
en uvre ce principe. Il faut rénover le système
d'astreinte. Cela signifie qu'il faut d'abord le reconnaître
financièrement. La transformation de nombreuses gardes
en astreintes en est le corollaire. Ce réseau d'astreintes
doit apporter, dans les spécialités concernées,
expérience et compétence. Il doit être appuyé
sur les moyens modernes de la technologie (réseaux d'images,
télé-médecine...) dans le cadre d'un effort
national d'investissement.
· Il faut revoir les textes réglementaires notamment
des SAU qui organisent un système de gardes disproportionné
par rapport aux besoins. Dans le même temps, la notion de
seniorisation doit être redéfinie.
· La mise en uvre de la RTT et des directives européennes
doit faire l'objet d'assouplissements qui laissent une large place
à la reconnaissance financière du travail sur la
base du volontariat.
Il semble qu'actuellement 25 à 30 % des médecins
acceptent de travailler sur des plages horaires supplémentaire
rémunérées.