Éditorial, L'hôpital , la grève et Harry Potter

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L'HÔPITAL, LA GREVE ET HARRY POTTER

Grève des infirmières et des médecins des hôpitaux, grève des gardes, des médecins généralistes, des internes et des attachés, grève des cliniques, la grève semble devenir la rémissible et incontournable expression des conflits du monde de la santé

Comment en est on arrivé là ? Certes, la grève est le sésame médiatique qui ouvre le droit au 20 heures et aux news des hebdos. Si la communication devient outil de négociation sociale, le risque est grand de voir banaliser la grève comme témoignage du " ça ne va pas. Mais ce levier médiatique ne peut pas, à lui seul, expliquer pourquoi un mode d'action aussi étranger à l'action médicale peut devenir le passage obligé de résolution des conflits médicaux.

En fait, force est de constater que la grève est la réponse réductrice au choix de réguler notre système de santé par un jeu de redistribution financière.
La piètre politique de santé se limite à répartir, distribuer et donc diviser une manne financière . La négociation et la signature de protocoles d'accord par catégories, par groupes, par nécessité du moment constituent autant de soupapes, comme s'il suffisait de bloquer ou débloquer des crédits pour faire une bonne ou une mauvaise politique. Mais au jeu de " qui veut gagner des milliards ", on redistribue toujours les mêmes Euros et on recycle toujours les mêmes déficits.

Pour les médecins et les infirmières, dans les hôpitaux, auprès des malades, on compte le temps et le temps est compté. Entre la médecine self service et l'hôpital grande surface la politique se borne à niveler, à homogénéiser, à redistribuer à la petite semaine. L'éthique s'éloigne et la grève répond au taylorisme des organisations.

L'hôpital, la santé semblent avoir perdu leurs valeurs. Pour les professionnels de santé et pour les malades ont privilégie les droits en feignant de négliger les devoirs. La qualité n'est souvent qu'une façade derrière laquelle se dissimulent les trouées d'insécurité et les limites de compétences

A la veille d'une campagne électorale majeure, où le let-motiv risque de se résumer à une déclinaison sécuritaire, peut-on se laisser emporter un instant sur le balai magique d'Harry Potter ? Allez ! un petit sortilège et on peut imaginer que dans les mois qui viennent émerge un hôpital autrement, que l'on donne la priorité à la formation, à la promotion de la qualité, à celle des compétences des hommes et des équipes? On peut rêver d'une politique démographique , à la promotion du temps autour du malade, à la modernisation des statuts et des structures? On imagine que le patient, assis sur le balai magique, accompagné des professionnels de santé retrouve et partage responsabilité et repères.

Bien sur nous sommes vite réveillés et ramenés au bon vieux principe de réalité. Nous savons que ce n'est qu'en proposant avec persévérance, en innovant, en évaluant, en manifestant ensemble notre volonté de promotion et de changement, qu'une alternative peut se dessiner. C'est l'objectif de la CMH.

 

 

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