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Bonne année... Bonne santé ?

La guerre est finie, mais surtout ne le répétez pas... Franc Tireur, le 8 mai 1945

L'histoire du 3e millénaire semble de plus en plus éloigner le citoyen des décisions essentielles. Par contre c'est bien le citoyen qui en subit les conséquences. La guerre est décidée en haut et faite par les gens d'en bas ; les grandes pollutions sont vilipendées par un Président et subies par chacun d'entre nous ; le terrorisme fomenté par quelques esprits malades frappe dans la rue les gens qui sortent du travail. L'objet n'est pas ici d'amalgamer et de globaliser. Il ne s'agit que de surligner les décalages d'engagement et de responsabilité qui déferlent. Le monde vient il de découvrir l'Absurdie?


Décliné au plan hospitalier le constat est voisin. L'hôpital Public est placé en position schizophrénique. Il doit faire face à des enjeux complètement contradictoires dont la résolution ressemble aux dix travaux d'Hercule : mise en place de la réduction du temps de travail, mise en ceuvre de la directive européenne, budget insuffisant conduisant à des opérations de cavalerie, recrutement insuffisant ou impossible dans une démographie imprévoyante, responsabilité médicale laminée, pression sécuritaire et jurisprudentielle, organisation obsolète,
plan de garde revisité en catastrophe...


Face à tous ces enjeux contradictoires chacun d'entre nous, les équipes, les médecins assurent avec constance le soin aux malades, principales victimes de ces incohérences.


Finalement, toutes les pressions contradictoires que nous subissons ne sont que la conséquence de choix qui n'avaient rien avoir avec la prise en charge des patients et les missions du service public hospitalier. Gérer le court terme, encadrer les budgets, contraindre les hommes. Il y a un moment ou les contradictions sont trop fortes et sont intolérables Des choix nouveaux s'imposent, des adaptations sont nécessaires. Des aménagements vont être imaginés mais ne seront efficaces et utiles que s'ils font référence à des valeurs et à une confiance retrouvée : valeur d'indépendance professionnelle, valeur de compétence, valeur du travail partagé en équipe, valeur de la promotion du savoir et du service au malade... Bien sûr, l'argent est incontournable comme moyen. Pour investir, pour réorganiser, pour répondre au quotidien, à tous les étages aux besoins des malades, l'argent est nécessaire. Tentons d'affirmer nos valeurs, les engagements financiers n'en seront que plus légitimes. L'année qui s'ouvre sera sûrement brutale et violente. C'est dire si l'hôpital sera sollicité. C'est dire si son fonctionnement doit être rétabli à court terme!


Docteur François Aubart,
présdent de la Coordination médicale hospitalière (CMH)

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