les retraites des praticiens hospitaliers :
situation actuelle et perspectives
une interview d’Alain Bocca, vice-président de l’INPH
par François Thuillier, secrétaire de la CMH.
Suite de l'article paru dans le n ° 19 d'Officiel
Santé
une erreur s'était glissée dans notre précédent
numéro, Alain Bocca est bien secrétaire général
du SNPHRet non de l'INPH. Toutes nos excuses à nos lecteurs et aux
personnes concernées
Une préretraite est elle possible?
PRE.. RETRAITES
Le Congé de Fin d'Exercice (CFE), la Cessation Progressive d'Exercice
(CPE) et la retraite progressive (RP) alignent en matière de pré-retraite
notre statut de praticien temps plein sur le droit commun de la fonction publique
(non titulaire) qui est notre référence de bai. La CPE et le
CFE répondent à une demande présentée spécifiquement
par le SNPHAR au cours des négociations statutaires de 1993 (restées
sans résultat) et de 96-97 (enfin productives).
Leur objectif est de compléter notre statut par les avantages en matière
de pré-retraite de la fonction publique hospitalière. Il s'agit
de faire face d'une part au problème d'un vieillissement démographique
inéluctable des PHAR dont la moyenne d'âge dépassera bientôt
50 ans, d'autre part aux problèmes de pénibilité d'exercice
notamment liés aux charges de gardes et astreintes. L'obtention d'avantages
idéaux, spécifiques, adaptés aux médecins hospitaliers
ou à l'anesthésie-réanimation (durée de cotisation
raccourcie, assouplissement du « choix définitif » de la
CPE) était hors de portée dans ce premier temps et le reste
en 2000.
Notre revendication suivante en cours de discussion (prise en compte des gardes
et astreintes dans l'ancienneté) pourra peut-être subvenir à
ces inconvénients
Le problème du financement de ces mesures est peut être le plus
grave : aucune mesure spécifique n'est prévue pour remplacer
le mi-temps perdu de la CPE ou le plein temps perdu du CFE En cas de refus
de l'hôpital de financer la mesure, « l'intérêt du
service » (généralement apprécié par le
chef de service) pourrait être le critère malheureusement décisif.
La retraite progressive conoernet-elle les PH
?
LA RETRAITE PROGRESSIVE
Cet avantage statutaire est accordé aux Praticiens Hospitaliers à leur demande à partir de 60 ans Il est très intéressant mais les conditions sont draconiennes. (Loi n ° 88-16 du 5janvier 1988).
1- Conditions à remplir
• Avoir atteint 60 ans,
• Justifier du nombre de trimestres d'asssurance vieillesse nécessaires
pour obtenir une retraite à taux plein,
• Avoir un temps réduit, 50 ou 80 % ou l'obtenir avant les démarches pour la Retraite Progressive (RP).
2 - Le montant de la retraite progressive
2.1 - Le régime général sert à l'intéressé
une fraction de la pension qui serait la sienne s'il ne travaillait plus,
déterminée comme suit :
Temps réduit |
Fraction de la pension |
50 % |
50 % |
80 % |
30 % |
2.2 - Les mêmes dispositions sont appliquées pour l'IRCANTEC
(l'arrêté du 24 septembre 1990 prévoit que sa fraction
de retraite est servie lorsque l'intéressé bénéficie
de la retraite progressive (RP) du régime général)
La fraction de temps accordée ne peut être modifiée avant 1 an même si l'intéressé change de pourcentage de temps réduit. Elle est supprimée si le PH revient à temps plein.
Et la cessation progressive d'exercice ?
LA CESSATION PROGRESSIVE D'EXERCICE
1 - Application
Les Praticiens Hospitaliers ayant formulé une demande peuvent bénéficier de la cessation progressive d'exercice, sous réserve de l'intérêt du service.
2 - Conditions
• être agé de 55 ans au moins,
• Avoir accompli au moins 25 années de Services militaires ou
civils effectif accomplis en qualité de fonctionnaire ou d'agent public
• Ne pas remplir les conditions requises pour obtenir une pension à
jouissance immédiate,
• Exercer les fonctions à mi-temps,
• Choix définitif.
3 - Rémunération
Rémunération à mi-temps (50%)
Indemnité exceptionnelle de 30 % non assujettie à l' IRCANTEC
4 - Retraite
Mise à la retraite immédiate dès l'obtention d'une pension
à jouissance immédiate = 60 ans. La CPE présente l'avantage
d'une condition d'ancienneté dans le service public facile à
obtenir : il s'agit d'être salarié du service public à
l'âge de 30 ans. Les inconvénients sont sévères
:
a. l'absence de cotisation à l'IRCANTEC est très pénalisant e: 2500 points enlevés par an sur 3700 au 13e échelon soit 12500 points sur 5 ans, soit 12 500 x 2.412/12 = 2512 francs de perte de retraite mensuelle. Cette pénalité n'existe évidemment pas si le praticien était déjà à temps réduit à 50 % ou est moindre s'il était à temps réduit à 80 %.
b. La retraite définitive est obligatoire à 60 ans avec les pénalités éventuelles tant sur le plan de la retraite SS que de l'IRCANTEC: il convient donc de bien simuler sa situation à 60 ans d'autant que le choix initial est définitif.
Et le congé de fin d'exercice ?
LE CONGE DE FIN D'EXERCICE
En cours de republication. Application prévue pour une période
allant jusqu'au 31 décembre 2002.
• Les Praticiens Hospitaliers, sous réserve des nécessités
de la continuité et du fonctionnement du service, peuvent bénéficier
du congé de fin d'exercice.
1 - Conditions
• être âgé de 58 ans au moins, 60 ans au plus,
• Ne pas bénéficier d'un congé non rémunéré,
• Justifier de 160 trimestres validés au titre des régimes
de base obligatoire d'assurance vieillesse,
• Avoir accompli au moins 25 années de services militaires ou
civils effectifs en qualité de fonctionnaire ou d'agent public,
• Choix définitif.
2 - Revenu de remplacement
• 70 % du salaire brut soumis à cotisations sociales obligatoires
calculé sur la moyenne des salaires perçus au cours des six
derniers mois précédant le départ en congé de
fin d'activité (cotisations à l'IRCANTE sur la totalité
des 70 %)
• Les Praticiens Hospitaliers restent assujettis à leur régime
de sécurité sociale pour l'ensemble des risques autres que le
risque vieillesse. Le congé de fin d'activité n'ouvre aucun
droit au titre du régime général d'assurance vieillesse
se sécurité sociale. Toutefois ces personnels continuent à
acquérir des droits à l' IRCANTB.
3 - Retraite
Le congé de fin d'exercice cesse de plein droit à la date où
les praticiens bénéficient d'une pension de retraite du régime
général d'assurance vieillesse = 60 ans. Le CFE est hors de
portée de la majorité de nos collègues sauf les mères
de plusieurs enfants qui peuvent ainsi réduire la condition la plus
lourde qui est de réunir les 160 trimestres validés à
58 ou 59 ans (2 années validées par enfant). L'obtention de
25 ans de service public est évidemment encore plus facile à
58 ans qu'à 55.
Par contre la cotisation à l'IRCANTEC sur l'ensemble du revenu de 70
% n'entraîne pour deux ans maximum de bénéfice de la mesure
qu'une pénalisation tolérable vis à vis de notre retraite
complémentaire IRCANTEC.
Le praticien à temps partiel ? Que peut-il espérer ?
Une initiative législative est en cours: elle a pour but d'homogénéiser
la couverture sociale des temps partiels avec celle des temps plein. Il faut
cependant attendre les textes d'application réglementaires qui modifieront
en conséquence le statut temps partiel.
Les revendications du groupe
Quelles sont elles ?
Elles sont :
1 - Revendications immédiate :
1.1 - Modification d'assiette pour les PH temps partiels
Celle-ci devrait passer de 66 à 100%.
Cette disposition semble en bonne voie dans le cadre de l'harmonisation en
cours des statuts de PH temps plein et partiel.
1.2 - Création de cotisations IRCANTEC sur les astreintes
médicales
Ces cotisations ont été refusées par le ministère
de la santé en 1996 sans doute pour des raisons budgétaires
L'argumentation présentée alors indiquait que la priorité
allait vers le travail sur place donc plus pénible.
Les inter-syndicales souhaitent étendre les cotisations à l'ensemble
des astreintes et appels d'astreintes (actuellement seuls les appels supérieurs
à 4 heures donnent lieu à cotisations). Cette revendication
nécessite une modification du décret statutaire et de l'arrêté
sur les gardes.
1.3 - Création de cotisations sur la prime d'exercice public exclusif, la prime multi-site, la prime des postes à recrutement et maintien prioritaire
Cette revendication est l'équivalent des revendications des syndicats de la fonction publique concernant leurs primes. Les praticiens hospitaliers soumis à un régime de retraite complémentaire par point ne peuvent espérer qu'une retraite maximale équivalente à un total de 50 à 60 du meilleur salaire du 13e échelon. L'obtention de cette modification d'assiette améliorerait leur situation.
1.4 - Demande d'un siège pour les praticiens hospitaliers au conseil d'administration de l'IRCANTEC
Il s'agit d'une vieille demande qui se fonde sur la disparité entre nombre de ressortissants actifs (8 % de l'effectif total de l'IRCANTEC) et masse des cotisations des PH (13 %). Les inter-syndicales demandent la création d'un 16e poste représentant les ressortissants (à équilibrer par un 32e poste représentant l'administration).
1.5 - Reconduction en 2003 du congé de fin d'exercice (CFE)
Le CFE reconduit d'année en année est en attente pour 2002
de la parution du décret modificatif du décret statutaire de
PH.
Il convient donc pour éviter un nouveau retard de prévoir le
plus tôt possible sa reconduction pour 2003. Sil est maintenu pour la
fonction publique hospitalière.
2 - Revendications à discuter ou à documenter
2.1 - Création de cotisations IRCANTEC sur les gardes récupérées
Les gardes récupérées permettent aux budgets hospitaliers une économie substantielle au prix d'un effort de productivité de l'ensemble des PH. Ce défaut de cotisations (salariées et employeurs) est néanmoins injuste puisqu'il ne gratifie pas un travail pourtant effectué.
2.2 - Transfert du corps des PH du régime de l'IRCANTEC à la CNRACL
Les praticiens hospitaliers, « personnels permanents » pourraient
demander l'affiliation à la CNRACL, régime des fonctionnaires
titulaires de la fonction publique hospitalière.
Ce serait le moyen logique et arithmétique d'obtenir une retraite à
75 % du dernier salaire que beaucoup d'entre nous réclament. Cette
revendication apparaît difficile dans le contexte politique pré-electoral
actuel et l'inéluctabilité d'une réforme sans doute «
minorante » des régimes de la fonction publique.
Par ailleurs, les régimes par annuité (37,5 ans de la fonction
publique) sont fortement critiqués au profit des régimes par
points reflétant mieux selon certains un effort contributif, équitable
et réaliste d'une carrière complète. Il s'agit néanmoins
de la seule proposition traduisant d'une manière précise et
faisable l'exigence d'une retraite à 75%.
3 - Revendications non-consensuelles
3.1 - Modification d'assiette IPCANTEC pour les PH temps pleins avec activité libérale.
Le SNAM souhaite que l'assiette passe de 66 % à 100 % en présentant
une solution de repli la faisant passer à 80 % eu égard aux
2 demijournées consacrées à l'activité libérale.
L'INPH n'approuve pas cette revendication en l'état.
4 - Revendications en cours de discussion
Le compte épargne temps proposé par la DHOS, qui permettrait d'avancer l'age de départ à la retraite est en cours de discussion dans le cadre des négociations de l' ARTT.
Quelles sont celles qui pourraient aboutir ?
La création de cotisations IRCANTEC sur les astreintes (1/2) est
une mesure financière pure (création de cotisations employeurs
onéreuses pour les budgets hospitaliers). C'est donc un choix de priorité
dans les revendications des syndicats et un choix de satisfaction de celles-ci
après chiffrage par le gouvernement: elle ne pose pas de difficultés
juridiques particulières.
Les autres revendications risquent dans le contexte électoral actuel
d'attendre le débat (et sans doute l'empoignade générale)
sur les retraites promis par les principaux candidats. Il nous appartiendra
donc d'etre très vigilant lors de cette échéance.