Après le rapport Domergue,
un cas d’espèce exemplaire
On lit de plus en plus souvent que « la chirurgie» est en crise, tant dans les hôpitaux
que dans les cliniques. Crise démographique, crise identitaire,
crise financière, etc. Les causes sont multiples et se
multiplient autant que les rapports alarmants sur le sujet.
Le Syndicat des Chirurgiens Hospitaliers a voulu vous
faire part d’une histoire récente qui illustre à quel point
nous sommes vulnérables pris isolément ou isolés professionnellement
plus ou moins volontairement. Cette crise
là est très personnelle mais peut tomber sur l’un d’entre
nous sans crier gare. L’accusation est facilement portée,
le plus souvent par des compétences sujettes à caution
qui nous regardent comme de « simples producteurs de
points ISA » et le sentiment d’injustice ressenti n’en est
alors que plus fort. Mais que faire seul contre une administration
omnipotente et dont la lenteur n’est malheureusement
pas que légendaire ? Les experts commis pour
examiner les faits redressent la barre au bout de plusieurs
mois, et le mal est fait. On constate alors que l’isolement
des chirurgiens, faute de bras, est source de dysfonctionnement.
La surcharge de travail quotidienne ajoutée à la
permanence des soins vient peu à peu à bout des plus
valeureux. La pression psychologique s’ajoute à la pression
physique. Alors même que certains postes sont non
pourvus depuis des années, d’autres sont laissés là où l’activité est
en chute libre par manque de moyens, essentiellement humains. Le service de
chirurgie perdure
grâce ou plutôt à cause des pressions politiques locales.
Ca fait joli sur la carte de visite de Monsieur le maire, en
général président du CA ! Vous savez tous que pour faire
fonctionner un bloc il faut une équipe et que les plages
opératoires disponibles se réduisent comme peau de chagrin
même dans les grands centres. Plusieurs d’entre nous
n’ont plus qu’une journée par semaine disponible pour
opérer alors que les patients sont là. Dans certains services
on voit apparaître des listes d’attente, à l’anglaise.
La période estivale vient aggraver cette pénurie au bloc
opératoire. Les places sont chères et c’est souvent la
lutte
pour opérer ! Nous en avons tous vraiment assez de
perdre toute cette énergie à vouloir travailler dans de
bonnes conditions. Un comble à l’heure de la réforme de
la tarification à l’acte dans les hôpitaux. Rien n’a été anticipé malgré nos alertes pour palier les déficits conjugués
des personnels liés au vieillissement, aux 35 heures, au
repos de sécurité… et à la démographie plus
qu’inquiétante
des métiers reliés à l’acte chirurgical. Regroupons
nos forces tant qu’il est temps est une solution certes
imparfaite mais urgente. Cela permettra, nous l’espérons,
de repartir sur des bases plus sûres pour reconstruire un
vrai maillage de l’offre chirurgicale du territoire national.
Il faut du temps et de la volonté pour former un chirurgien
alors rebâtissons ensemble avec le SCH un vrai projet
pour la chirurgie avec des objectifs clairement définis.
Assez de rapports, de l’action !
Thierry Dufour
Président du SCH
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