La r�forme sans doute... la réforme sans dupe !
‘ Quand il s’agit de réformer l’hôpital, le
réflexe
des administrations est en général technocratique :
on crée des structures ! Leur taille,
leurs organigrammes, leur répartition font les délices
de notre technocratie. On découpe, on façonne
les grands et petits pouvoirs.La réforme de l’hôpital mérite mieux. C’est
d’ailleurs
sur ce constat que les réformes majeures ont vu
le jour : création des CHU en 1958 par la volonté de rassembler autour de missions d’enseignement
de soins et de recherche ; réforme de 1970
avec irruption du plein temps hospitalier
dans les centres hospitaliers ; évaluation en 1996.
Le malade circule de structures en structures
et ce qui est important c’est moins les structures
que les interfaces, les connexions, les continuités
de prise en charge. A ce titre les rapports nouveaux
entre la ville et l’hôpital doivent être établis.
Mais dans l’hôpital même n’est il pas indispensable
de refonder l’unité de la médecine ?
Le médecin, interlocuteur premier du malade,
doit être au centre de la responsabilité de cette prise
en charge globale. Depuis plusieurs années,
une évolution désastreuse a conduit à parcelliser,à
morceler le travail médical à l’hôpital. Les raisons
de ce symptôme sont multiples et les médecins
ne sont pas exempts des méfaits de certains
corporatismes. Mais les administrations hospitalières
et plus généralement les gouvernants,
ont trouvé bien des aubaines pour casser
la responsabilité médicale.
La mise en œuvre dans des conditions fort peu
satisfaisantes de la réduction du temps du travail
et de la directive européenne, participe à cette
action et à cette organisation tayloriste du travailà
l’hôpital. Il est temps de changer les choses.
A titre d’exemple chaque malade arrivant à l’hôpital
par les consultations ou par les urgences devrait
disposer d’un médecin globalement référent lors
du séjour du malade. Cette responsabilité,
base de la confiance générale dans le système,
ne peut être déléguée à un membre de l’équipe
paramédicale ou à un cadre. Elle doit être reconnue.
La réorganisation hospitalière devra s’appuyer
sur une révolution démographique et des moyens
financiers suffisants. Le lecteur trouvera dans
le dossier « Hôpital 2007 », une base documentaire
et, par l’intermédiaire d’un questionnaire, matière à
expression personnalisée.
La concertation qui va s’ouvrir à la rentrée
est essentielle. Le statut quo est impossible.
Mais la dérive vers un hôpital privatisé est aussi
incompatible avec des objectifs de santé publique.
Nous devons donc être prêts au changement.
Changer c’est forcément prendre des risques.
Nous ne pouvons nous satisfaire ni
du conservatisme des intérêts purement catégoriels
ni de la braderie de principes qui fondent notre
engagement à l’hôpital public. Les premiers
arbitrages semblent permettre qu’un climat
de confiance prévale au début de cette concertation.
Jean François MATTEI a, au décours des rencontres
que nous avons eues avec lui, entendu l’exigence
de la CMH de maintenir une position de nomination
indépendante des médecins et pharmaciens
des hôpitaux.
Nous allons aborder la négociation avec
une véritable volonté de changer les choses
mais aussi de fortes exigences : La promotion
de la compétence par l’intermédiaire d’un concours
national de médecins, chirurgiens, biologistes
et pharmaciens des hôpitaux est indispensable.
Une responsabilité médicale retrouvée tant au plan
qu’individuel que collectif, est un deuxième
objectif. Trouver enfin au travers d’une politique
contractuelle équilibrée une définition nouvelle
des droits et devoirs dans le respect absolu
des statuts est un challenge.
Nous devons y parvenir.
Docteur François Aubart,
président de la Coordination médicale
hospitalière (CMH)