Jean-Marie Le Guen (député PS)
:
«
le gouvernement prépare
l’opinion à une dérèglementation »
Officiel Santé - Comment analysez-vous la proposition
des assureurs privés ?
Jean-Marie Le Guen - En un mot, je dirais qu’ils veulent socialiser les
pertes et privatiser les profits.
C’est dans la ligne des propositions faites auparavant par Denis Kessler,
même si les propositions
faites aujourd’hui apparaissent en recul par opportunisme politique et économique.
Il est
clair que les secteurs de l’assurance maladie qu’ils proposent
de privatiser (en particulier le dentaire
et l’optique) sont ceux où l’on peut obtenir des gains de
productivité considérables.
Bien entendu, nous, les socialistes, sommes totalement opposés à ces
prétentions des assureurs.
A mon avis, le gouvernement de droite ne pourra pas y accéder à court
terme, mais ils se prépareà
le faire à moyen terme. Ce gouvernement prépare l’opinion à la
déréglementation de
l’Assurance Maladie : l’annonce du déremboursement d’une
liste de médicaments va dans ce
sens ; demain, ce sera le thermalisme, et après-demain, l’optique
et le dentaire.
On annonçait pourtant une grande réforme de l’assurance
maladie à la rentré prochaine…
Visiblement, le gouvernement est en rétro-pédalage sur cette
question ; à ma connaissance, il évite de parler de réforme
et les projets
sont renvoyés après les élections du printemps 2004. Et
puis, sur le fond, Chirac a annoncé un plan de marche qui est le contraire
de
celui de Mattéi, puisque le président pröne le paritarisme, à l’inverse
du ministre qui semblait se prononcer pour l’étatisation…
Et vous, quelle est votre position ?
Je pense que c’est une erreur de ne pas avancer sur la réforme
de l’assurance maladie. On peut et il faut mettre de la régulation
et
de la qualité dans le système de santé, et il faut trancher
entre le modèle de l’assurance sociale qui fonctionne sur le paritarisme
et
l’étatisation de la sécurité sociale.
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