retour à la page précédente

le point sur la réforme universitaire

 

Philippe Thibault, conseiller auprès du ministre de la santé sur les questions universitaires,
répond à nos questions à propos du chantier ouvert de la réforme des études médicales.

 

Officiel Santé - Quelles sont les réformes ou les avancées dont vous êtes le plus satisfait après un an de fonctionnement du Cabinet ?
Philippe Thibault - De nombreux dossiers ont été ouverts au cours de l’année écoulée. L’importante question de la place et de la structure du CHU est posée dans le cadre du plan « Hôpital 2007 ». Certains dossiers touchent la fonction universitaire et notamment la formation. D’autres la situation actuelle ou future des médecins qui remplissent une fonction universitaire. Nous allons y revenir.
Mais, auparavant, je voudrais souligner la création par le gouvernement à l’initiative de nos deux ministres de tutelle, dans le cadre du recrutement 2003, d’emplois hospitalo-universitaires, notamment de titulaires.
Pareil « événement » ne s’était pas produit depuis longtemps. Et pourtant, depuis trois ou quatre ans déjà, le temps de travail se réduisait tandis que le projet d’augmenter le numerus clausus se dessinait…
La signature récente par Jean- François Mattéi et Luc Ferry d’un protocole d’accord portant sur le statut des personnels hospitalo-universitaires titulaires est également un événement important. Tous les syndicats concernés, sans exception - dont le vôtre par conséquent - l’ont signé et on bien voulu en reconnaître la portée. « Evènement » attendu depuis bien des années, là également! S’agissant du domaine pédagogique, les dossiers relatifs au 3e cycle sont en effet ouverts.


OS - Dans le détail réforme du 3e cycle ?
Ph. T. - D’une manière générale, il s’agit à la fois de faire évoluer les principes et le contenu d’un grand nombre de formations théoriques et pratiques avec le concours de tous ceux qui sont impliqués c’est-à-dire des enseignants, des internes et des résidents. Les différentes spécialités, y compris celles qui ont été nouvellement créées ou qui doivent l’être seront traitées, la médecine générale en particulier. La réflexion sur l’identification de filières est en cours; les rapports Berland, sur la démographie, ou
Domergue, sur la chirurgie, en soulignent la nécessité. Tous ces travaux se concrétiseront en 2003 et 2004.

OS - Réforme de la médecine générale en particulier?
Ph. T. - La réforme de la médecine générale constitue l’un de ces chantiers qui doit trouver son aboutissement par la mise en place de l’examen national classant que passeront des 2004 tout les étudiants qui souhaitent accéder à un 3e cycle de spécialité au rang desquelles la médecine générale accède cette même année. Les modalités de mise en place de cet examen respectent en tout point le protocole d’accordé tabli entre les ministères de tutelle et les étudiants concernés. Le décret correspondant a reçu l’aval du CNESER. Après examen par le Conseil d’Etat il devrait être prochainement publié au J.O. La maquette définitive de formation à la
médecine générale en trois ans devrait être prochainement publiée, elle aussi.


OS - Que pensez-vous de la mise en œuvre des diplômes 3-5-8 ? dans le cadre de l’harmonisation européenne.
Ph. T. - La mise en oeuvre du cursus LMD relève plus particulièrement des travaux du ministère chargé des universités. Son application à la médecine fait actuellement l’objet d’une réflexion spécifique aussi bien dans une perspective professionnelle que scientifique. Un tel cursus devrait faciliter les échanges et la mobilité des étudiants.
Reste que les modifications récemment intervenues dans l’enseignement du 2e cycle des études médicales ne favorisent pas, pour l’instant cette mobilité. En effet, la notion d’un enseignement modulaire pluridisciplinaire et transversal, intéressante sur un plan pédagogique, en théorie du moins, ne recouvre que difficilement les unités de valeur par spécialité acquises par les étudiants de la plupart des autres pays de l’Union. Mais le cursus LMD n’intéresse pas que les médecins! D’assez nombreux pays européens assurent dans ce cadre la formation universitaire à de nombreuses professions paramédicales. Il y a là une piste à suivre. Elle pourrait logiquement s’inscrire dans la suite d’une réforme de la première année de formation communeà de nombreux professionnels du monde de la santé : un schéma comportant propédeutique, licence professionnelle suivie d’un master spécialisé puis, le cas échéant, d’un doctorat, notamment pour les cadres enseignants, intéresse manifestement les jeunes en formation.


OS - Comment voyez-vous la mise en place d’un premier cycle commun aux professions de santé ?

Ph. T. - Plus qu’à un premier cycle commun aux professions de santé c’est à la première année qu’il a été convenu de consacrer une réflexion approfondie. La commission à laquelle cette réflexion a été confiée à terminé ses travaux. Le rapport de mission devrait être remis aux ministres chargés respectivement des universités et de la santé dans les tous prochains jours, avant même la parution de ces lignes, peut-être… Il leur appartiendra alors de faire le choix des orientations à privilégier. Cette première année pourrait constituer une véritable« propédeutique » au terme de laquelle s’opérerait la sélection des étudiants, profession par profession.


OS - Changeons de sujet : Y-at- il des avancées dans le statut des enseignants ?
Ph. T. - Le statut des personnels hospitaliers et universitaires devrait connaître des aménagements visant à le mettre en conformité avec les clauses du protocole d’accord dont il a été question plus haut. Certaines précisions seront très prochainement apportées sur la mobilité qui sera indispensableà partir de 2006. C’est ainsi que, sous certaines conditions, la mobilité pourra avoir été effectuée pendant l’internat. Il y a probablement lieu par ailleurs de réfléchir à la manière de mieux affirmer la place de l’engagement pédagogique, aussi bien pour l’accès à la fonction que pour la progression dans la carrière qui, rappelons le n’a pas de caractère automatique. Le rapport d’activité auquel sont désormais statutairement soumis professeurs et maîtres de conférences comporte un chapitre pédagogique. Reste à faire de ce rapport une base unique d’évaluation utilisable aussi bien par le CNU que par les instances hospitalières pour une chefferie de service par exemple ou par les instances universitaires dans le cadre du contrat quadriennal sur lequel se fonde une part significative du financement des universités. Aucun changement n’affectera cependant les principes qui fondent ce statut. S’agissant de la participation des praticiens hospitaliers aux activités universitaires, elle a, dès cette année, fait l’objet d’une attribution budgétaire spécifique aux universités. La plupart des UFR de médecine se sont ainsi trouvées en mesure de valoriser cette activité. Diverses modifications statutaires en instance de publication lui donneront prochainement une meilleure assise, notamment lorsqu’elle s’exerce de façon significative, s’inscrivant alors dans le cadre des activités d’intérêt général. Pour être complet sur cette fonction d’enseignement, soulignons la nécessité de poursuivre le recrutement dans le milieu libéral de façon à menerà son terme la réforme de la formation de troisième cycle en médecine générale. L’apport des « maîtres de stage » auprès de qui les résidents actuels effectuent obligatoirement un semestre de stage s’est avéré particulièrement intéressant… suffisamment pour qu’il vaille la peine de réfléchir à des approches similaires pour la formation spécialisée.


OS - Qu’en est-il de la création d’emplois de professeurs associés et en particulier de professeur associé mi-temps- praticien hospitalier ?
Ph. T. - Une première étape aura bientôt été franchie comme je viens de l’indiquer. Celle qui consisterait, de manière plus restreinte,à reconnaître un investissement plus important, incluant notamment la fonction de recherche, à la faveur d’un titre de maître de conférences ou de professeur associé n’est pas perdue de vue…


OS - De votre point de vueà quelle date sera crée un DESC d’urgences ? Sera t-il de type I ou II.
Ph. T. - L’ambition de mettre en place un DESC d’urgences pour la rentrée universitaire 2004 a été affichée par le ministre chargé de la santé. Elle a conduit les deux ministères concernés à engager une concertation qui se termine actuellement. Restera à en tirer les conclusions pratiques en déterminant la nature de ce DESC et en rédigeant les textes correspondants ce qui sera fait avant la fin de l’année.


OS - Dans un tel cas les titulaires d’un autre DESC pourront- ils s’inscrire ?

Ph. T. - Devraient en tout cas pouvoir s’inscrire les titulaires de différents DES. La question des DESC multiples n’est pas aujourd’hui tranchée. Elle devrait être traitée en même temps que celle du nouveau régime de qualification actuellement en préparation.


OS - Enfin dans le cadre de l’Hôpital 2007. Quelle sera l’organisation externe et interne du CHU ?

Ph. T. - Sujet réservé… Les ministres ont beaucoup consulté. Ils ont diligenté une mission spécifique sur ce thème. Le rapport qui leur aé té remis peut être consulté sur le site web de chacun des ministères. Nul doute qu’il feront part de leurs orientations dans un proche avenir… Jean-François Mattéi l’a d’ailleurs clairement indiqué en présentant les projets innovants et ambitieux qui caractérisent « Hôpital 2007 » le 26 juin dernier. La concertation nécessaire est là aussi engagée.


retour à la page précédente