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INTRODUCTION
Les conclusions qui vont être présentées dans ce
document résultent des travaux des groupes de réflexion
sur les urgences qui ont été constitués en mars
2001 dans le cadre de l'application des protocoles des 13 et 14 mars
2000.
La composition de ces groupes associait les organisations syndicales
signataires des deux protocoles, représentant les personnels
hospitaliers non médicaux et les personnels hospitaliers médicaux,
des représentants du ministère de l'Emploi et de la Solidarité
ainsi que des représentants d'autres institutions (fédérations
d'établissements publics ou participant au service public, Ordre
des Médecins, Caisse Nationale d'Assurance Maladie des Travailleurs
Salariés, Conférences des doyens, directeurs d'agence,
directeurs d'établissements, présidents de Commission
Médicale d'Etablissement). Les organisations représentatives
des Médecins Libéraux ont également été
conviées aux travaux du groupe dont la mission était de
réfléchir à la complémentarité dans
la prise en charge des " urgences " entre la médecine
libérale et la médecine hospitalière.
L'origine même de ces groupes et leur composition centraient donc
les travaux sur la mission des établissements hospitaliers dans
la prise en charge des " urgences ", même s'il est malaisé
d'isoler cette problématique de l'environnement général,
c'est-à-dire de l'ensemble de l'offre de soins. Toutefois la
réflexion nécessaire sur l'articulation entre la permanence
des soins assurée par la médecine libérale et en
particulier la garde médicale libérale d'une part et la
mission d'accueil et de prise en charge des " urgences " par
les hôpitaux d'autre part, ne donnait aucune légitimité
aux groupes de travail pour faire quelque recommandation que ce soit
sur l'organisation de la médecine de ville hors du champ de la
complémentarité rappelé ci-dessus.
Il est important de rappeler cette origine des travaux et leur fondement
contractuel pour ne pas encourir une critique d'hospitalo-centrisme,
alors que le souci méthodologique central a été
de ne pas amener des hospitaliers à interférer dans l'organisation
de l'offre de soins extrahospitalière à la place de ses
représentants légitimes dès lors que l'action et
l'organisation des deux secteurs ne s'interpénétraient
pas.
La difficulté méthodologique est en réalité
fondée sur l'extrême ambiguïté de la notion
d'urgence. Le fait que dans diverses instances officielles de réflexion,
l'accent ait été mis sur les appellations rend bien compte
de la difficulté à cerner la notion. L'usage d'expressions
telles qu' " urgences ressenties " ou " demandes de soins
non programmés " immédiatement contesté par
tel ou tel partenaire illustre le caractère flou de la notion
sur laquelle on tente de réfléchir.
I) ETAT DES LIEUX
- Un essai de typologie.
Les deux groupes de travail ont aisément trouvé un consensus
sur une typologie des besoins de soins exprimés en urgence.
D'abord, l'urgence où le pronostic vital est engagé et
qui exige, quels que soient l'endroit ou les circonstances, l'intervention
immédiate de moyens médicalisés lourds de type
S.M.U.R. avec ses partenaires éventuels et en particulier les
services d'incendie et de secours.
Ensuite, l'urgence de la " demi-heure ", qui appelle dans
ce délai la présence d'un médecin ayant les compétences
et les moyens d'intervenir. Là où ils existent, les associations
ou les réseaux de médecins formés à l'urgence
ont capacité à couvrir ce type de besoin, en coordination
avec la structure de l'aide médicale urgente et des autres moyens
qu'elle peut, le cas échéant, mobiliser.
Troisième besoin de soins exprimé en urgence : la situation
qui appelle dans un délai relativement rapide, mais non immédiat,
la présence d'un médecin. Cette demande relève
prioritairement de la permanence des soins assurée par les médecins
libéraux.
Quatrième demande : le conseil. Il faut distinguer ce besoin
de la simple demande de renseignement (pharmacie de garde, interprétation
d'un résultat de biologie, etc.). Il s'agit d'une part de plus
en plus prépondérante tant des appels aux médecins
généralistes et urgentistes qu'aux S.A.M.U./Centre 15
: cette mission contribue souvent à réorienter ce qui
est ressenti comme une urgence vers une programmation des soins ou une
dédramatisation du ressenti du patient ou de sa famille.
Ces divers besoins exprimés, même si l'on ne prend en compte
que les trois premières catégories, sont évidemment
extrêmement hétérogènes quant à leur
degré réel d'urgence et quant aux moyens qu'ils appellent.
Les groupes de travail ont essayé d'en cerner la réalité.
- Essai de mesure des actes demandés en urgence.
En 1999, dans les 565 établissements ayant un ou plusieurs services
d'urgences (740 au total), le nombre de passages a été
de 12,34 millions dont plus de 90% dans les hôpitaux publics soit
11,3 millions de passages. Le nombre de passages rapporté à
la population est en moyenne de 18,4 %, la différence sensible
entre régions n'apparaissant pas corrélée avec
la démographie médicale.
L'accroissement du nombre de passages aux urgences est important : +
43 % de 1990 à 1998, soit un taux annuel de + 4,6 %. Cet accroissement
est de 8,6 % pour les enfants. Or, pendant la même période,
le nombre d'hospitalisations après passage aux urgences n'a crû
que de 1 % par an. La cause principale d'accroissement de l'activité
vient donc d'actes non programmés réalisés en ambulatoire,
ce qui ne constitue pas pour autant un jugement sur leur caractère
d'urgence, ni de l'activité et des hospitalisations réalisées
à l'UHCD, et qui ne sont pas répertoriées en journées
d'hospitalisation MCO.
Parmi l'ensemble des passages en 1998, moins d'un tiers (29,32 % soit
3,4 millions de passage) a donné lieu à hospitalisation
avec des variations significatives selon les régions. Des études
ponctuelles montrent que près de la moitié des recours
aux urgences sont dus à des problèmes de traumatologie
(contre 6 à 8 % à des problèmes cardio-vasculaires).
En regard, les actes " demandés en urgence " aux médecins
libéraux sont au nombre de 41 millions par an. La réponse
donnée permet toutefois de relativiser la notion d'urgence :
15 millions sont traités sans attente, plus de 13 millions sont
effectués rapidement mais en temps différé, 12
millions environ sont reprogrammés. Ces chiffres comprennent
les actes réellement effectués et non les conseils par
téléphone.
Au total, ce sont donc 53 millions d'actes qui sont demandés
en urgence et 41 millions sont réalisés sans programmation.
Le problème de fond est donc de bien coordonner l'offre de soins
qui répondra à cette demande de façon à
éviter des inadéquations dangereuses ou coûteuses.
-
Le portail d'entrée
Aujourd'hui le patient (ou sa famille) devant un besoin de soins vécu
comme urgent a l'initiative de " choisir " dans une certaine
mesure la réponse qu'il attend :
- appel à son médecin traitant ou au médecin
de garde qui lui aura été indiqué par tout moyen
(répondeur, journal, etc.)
- appel, là où elles existent, à une structure
ou association de médecins urgentistes
- appel au Centre 15
- venue spontanée dans un service d'urgences
Dans les trois premiers cas, il y a information téléphonique
et le cas échéant possibilité de réorienter
la demande ou, pour le moins, de gérer celle-ci. Le recours
aux urgences, sur le seul choix du patient, va entraîner obligatoirement
une prise en charge même succincte dans tous les cas, y compris
lorsque l'urgence n'est finalement pas avérée ou que
d'autres solutions, moins lourdes étaient possibles.
Le recours de plus en plus fréquent aux services d'urgences
(publics mais aussi privés là où ils existent)
a fait l'objet de nombreuses analyses. Le groupe de travail n'a pas
cherché à établir des responsabilités.
Il a constaté que le nombre de passages avait augmenté
considérablement, notamment pour des actes qui ne nécessitent
pas d'hospitalisation. La facilité du recours, une certaine
impression de gratuité, ont sans doute poussé les patients
à cette attitude. Dans le même temps, les difficultés
de fonctionnement des urgences ont provoqué des demandes de
renfort qualitatif et quantitatif de moyens, notamment la séniorisation
médicale. En s'adaptant (même avec retard et difficulté)
à la demande des patients, les services d'urgences ont incontestablement
permis à la demande de se développer.
Mais l'élément qui paraît important et qui a été
mis en évidence par des études, notamment un travail
conjoint de l'U.R.M.L., de l'A.R.H. et de l'U.R.C.A.M. de Poitou-Charentes,
et souligné par plusieurs partenaires participant au groupe
de travail, est l'anticipation par le patient du besoin de recours
au plateau technique : on choisit d'aller aux urgences parce que l'on
pense que des examens complémentaires seront nécessaires,
notamment des actes d'imagerie, et qu'ils seront effectués
dans la continuité même au prix de temps d'attente. Or
dans près de 80 % des cas cette anticipation est fondée.
Ce fait devra être pris en compte dans l'élaboration
de toute solution nouvelle.
Par ailleurs le groupe a relevé que l'organisation des gardes
médicales dans le cadre du code de déontologie connaît
un certain nombre de défaillances, même si la situation
est très diverse selon les régions et entre milieu rural
et milieu très urbanisé. Le groupe n'a pas à
se prononcer sur des responsabilités mais il lui appartient
de constater qu'une certaine évolution des urgences hospitalières
et celle des gardes médicales de ville (généralistes
et spécialistes) voire le développement, dans les villes
d'une certaine importance, des associations d'urgentistes a créé
une nouvelle situation qui appelle des initiatives et des coordinations.
La recherche des causes ne doit toutefois pas être ignorée
pour y porter remède. Parmi de nombreuses considérations,
il en est plusieurs qui doivent être prises en compte. D'abord
les problèmes de sécurité que les professionnels
rencontrent dans certains secteurs durant leurs gardes doivent trouver
des solutions (diminutions des visites au profit des consultations
en cabinet de garde, accompagnement dans les déplacements,
etc.). Ensuite, une information partagée entre le médecin
traitant et l'hôpital permettrait une prise en charge plus cohérente
du patient. Enfin, la visite à domicile doit rester possible
lorsqu'elle est médicalement justifiée.
Enfin une information, voire une éducation de la population
dans ses choix des filières de soins, permettrait une meilleure
coordination de l'offre de soins et une prise en charge ciblée.
II) COORDONNER L'OFFRE DE SOINS
- Le schéma de travail prévu à l'origine organisait
la réflexion sur " les urgences pré hospitalières
" ; cette notion est discutable. En réalité, de nombreux
acteurs concourent à la prise en charge des demandes de soins
ressentis comme urgents et dans la majorité des cas (cf. les
chiffres cités supra) ceux-ci, même si la nature en est
très hétérogène, sont assurés en
dehors de l'hôpital : l'organisation de ce secteur relève
des relations conventionnelles entre les professionnels concernés
et les organismes de sécurité sociale sous le contrôle
de l'Etat. Le groupe, constitué sur la base des protocoles avec
des représentants de personnels hospitaliers, ne peut donc se
préoccuper que des organisations qui inter réagissent
avec la mission de l'hôpital ou qui appellent une coordination.
- Valoriser la garde médicale libérale, organiser la disponibilité
des autres professionnels et coordonner avec l'aide médicale
urgente
Les groupes de travail ont jugé indispensable que le principe
de permanence des soins s'exprime notamment par l'existence de systèmes
de gardes médicales libérales, couvrant l'ensemble du
territoire et organisés tant pour les généralistes
que les spécialistes. Les défaillances déjà
relevées dans certaines villes pourraient s'aggraver demain du
fait de la démographie médicale dans les zones rurales
ou semi-rurales, alors qu'à ce jour ce dispositif reste très
présent. Il en résulterait un déséquilibre
dans l'offre de soins et des problèmes graves d'accessibilité.
L'Ordre des Médecins et plusieurs représentants des syndicats
de médecins libéraux ont souligné que l'obligation
résultant du code de déontologie est à la fois
imprécise dans sa portée et dépassée dans
la pratique. Le groupe n'a pas à s'immiscer dans la définition
des organisations qui doivent être le fait des professionnels
concernés, mais il souligne la nécessité de reconnaître
au plan de la loi ou du règlement l'intérêt public
qui s'attache à l'existence, à l'effectivité et
à l'efficience d'un système de gardes médicales
libérales couvrant la totalité du pays pour que l'hôpital
se recentre bien sur ses missions principales. Toutefois, l'institutionnalisation
de la mission de permanence de soins doit se faire dans tous les domaines
de la filière. Elle doit progressivement s'étendre, au-delà
des médecins et personnels médicaux, à d'autres
professionnels de santé : infirmières, kinésithérapeutes,
biologistes, pharmaciens, ambulanciers, chirurgiens-dentistes, etc.
ainsi qu'aux professionnels médico-sociaux dont la capacité
d'intervention précoce conditionne un retour ou un maintien dans
le milieu de vie traditionnel ou la recherche d'une nouvelle solution
de vie.
Ce système de garde libérale doit avoir pour fin de répondre
aux besoins de soins urgents exprimés par la population dans
le cadre de la mission normale de la médecine de ville. C'est
pourquoi une coordination départementale, et demain peut-être
régionale, devra être mise sur pied entre la médecine
libérale et l'ensemble des acteurs concourant à l'aide
médicale urgente. Ce travail, qui respecterait la liberté
de chacun pour s'organiser mais évaluerait les besoins de permanence
de soins par profession et par spécialité, pourrait être
confié à un Comité de l'Aide Médicale Urgente,
de la Garde Libérale et des Transports Sanitaires, dont les missions
seraient étendues et la composition revue pour une représentativité
effective de tous les professionnels concernés.
Ce CoDAMU rénové pourrait avoir mission d'agréer
les modes d'organisation proposés par les professionnels de santé,
au regard de l'évaluation des besoins. Dans ce but, les Ordres
et organisations professionnels communiquent au CoDAMU la liste de leurs
membres non dispensés de garde. En cas de carence des professionnels,
le Préfet pourrait demander aux Ordres, ou à défaut
à la D.D.A.S.S., de se substituer aux professionnels pour l'organisation
de la réponse.
L'agrément par le CoDAMU de l'organisation de garde mise en place
par les professionnels permettrait l'utilisation d'une nomenclature
spécifique de la permanence de soins qui sera à revoir
dans le cadre conventionnel. Une telle négociation doit prendre
en compte le souci à la fois d'organiser une réponse exhaustive
aux besoins urgents de soins manifestés par la population mais
aussi de préserver, en évitant tout effet pervers, l'offre
de soins et tous les acteurs qui aujourd'hui y concourent, et de la
renforcer.
Cette coordination, après évaluation précise des
besoins, de la réponse à l'urgence appelle un mode d'emploi
clair pour la population. Il conviendra d'informer de façon simple
: la règle habituelle est celle du premier recours au médecin
traitant, à défaut au système de garde, en cas
d'urgence grave au 15/112. L'étude de l'évolution prévisible
de ces systèmes d'appel (notamment au regard des directives européennes)
devra faire l'objet d'une large concertation associant toutes les parties
concernées.
L'ensemble de ce dispositif doit favoriser l'émergence d'un travail
en réseau sur le terrain. Ce choix implique :
- la recomposition des CoDAMU avec entrée des autres professions
de santé primaires du secteur ambulatoire
- la création d'un comité national de l'aide médicale
urgente, lieu de rencontre des professionnels et d'élaboration
des politiques nationales. Dans un premier temps, la transformation
des actuels groupes de travail en comité de suivi permettrait
de remplir ce rôle
- l'incitation, à partir des systèmes de permanence de
soins, à la création de réseaux d'aide médicale
urgente avec les partenaires hospitaliers et les Services Départementaux
d'Incendie et de Secours sur le modèle des conventions quadripartites
(circulaire du 2 février 1996).
- Encourager des expériences innovantes
Diverses expériences ont été lancées pour
apporter une réponse adaptée aux besoins urgents de soins.
Plusieurs sont en cours d'évaluation. Celles qui paraîtront
pertinentes en terme de service réellement rendu et de coût,
mais aussi de coordination avec les dispositifs sociaux et médico-sociaux
devront faire l'objet d'une large diffusion auprès des Agences
Régionales de l'Hospitalisation pour servir à la réflexion
sur les SROS de 3e génération.
Parmi les expériences innovantes, le groupe souligne l'intérêt
de la maison médicale de garde qui doit être considérée
comme l'un des modes possibles d'organisation : elle peut permettre
un regroupement fonctionnel des systèmes de garde des différentes
professions, en liaison avec les structures hospitalières publiques
ou privées de façon à éviter tout doublon,
notamment en matière de plateau technique, en organisant une
véritable complémentarité et non une structure
surajoutée à un dispositif déjà complexe.
Le groupe de travail note que des " maisons médicales de
garde " ont été mises en place dans plusieurs villes
avec des financements du FASQSV, sur des fonds non pérennes.
Il estime que le financement de la garde médicale libérale
devrait faire l'objet d'une réactualisation afin de s'adapter
aux nouveaux modes d'organisation, sauf à créer des inégalités
qui risquent de déstabiliser les gardes et organisations existantes
pourtant fonctionnelles. Il n'entre toutefois pas dans son champ de
compétence d'aller plus avant dans les propositions à
cet égard, mais il souligne l'urgence de cette problématique.
III - L'URGENCE DANS L'HOPITAL
- Le groupe de travail sur les centres 15 / SAMU / SMUR / SDIS / transports
sanitaires ne s'est pas encore réuni dans l'attente des négociations
qui sont menées depuis le printemps 2001. Aucune proposition
particulière n'est donc faite même si les complémentarités
et l'organisation dans ce domaine appellent des innovations.
Le seul problème abordé par les groupes de travail a été
le mode de régulation des appels dans le cadre d'un ensemble
coordonné entre médecine de ville, médecine hospitalière
et autres intervenants, à travers le CODAMU. La transformation
des centres 15 en centre d'appel " santé " qui est
une des solutions, poserait des problèmes de moyens, de logistique
et sans doute d'efficacité. Pourvu qu'il y ait coordination dans
la mise en uvre, le maintien d'appels 10 chiffres pour la garde
médicale à côté du 15 est possible. Des solutions
différentes peuvent toutefois être adoptées selon
les départements notamment dans l'attente d'une éventuelle
unification des systèmes d'appel d'urgence sur le 112 à
l'échelle européenne.
- L'évolution prévisible des services d'urgences
Quelles que soient les modes d'organisations qui peuvent être
mis en place pour prendre en charge des patients hors l'hôpital,
le groupe estime qu'il serait peu réaliste d'escompter une baisse
massive de la fréquentation des services d'urgence. On peut toutefois
espérer une évolution freinée par une organisation
plus structurée et une sensibilisation accrue du public.
Par ailleurs, on ne saurait exclure que l'évolution à
la baisse de la démographie médicale et des prises en
charges hospitalières affaiblissent un certain nombre d'UPATOU.
A tout le moins, une définition serrée, précise
et protocolisée (par le biais des contrats - relais avec les
SAU) de leurs missions pourra avoir pour effet de reporter vers les
services d'accueil des urgences d'hôpitaux plus importants un
certain flux de patients. Même si ce phénomène n'est
pas avéré et encore moins mesuré, on ne saurait
l'exclure : il faut donc évaluer ces évolutions qui devront
être prise en compte dans les SROS.
A ce stade doit être évoqué la question des missions
et des moyens. La mission précise des services d'urgences a été
une problématique récurrente des travaux du groupe. Or
cette définition est par nature très générale
: toute personne qui n'a pas pu ou pas voulu avoir recours à
un autre acteur et se présente aux urgences doit être accueillie
et prise en charge. De ce fait, l'organisation précise et écrite
des filières en aval est évidemment déterminante.
L'admission directe dans les services de spécialités de
patients préalablement diagnostiqués, doit être
développée. L'observation des urgences et le recollement
des données (sous la forme d'un observatoire régional
comme en Midi-Pyrénées ou autre) sont à promouvoir
pour définir à bon escient de nouvelles prises en charge
ou de nouvelles filières dans le cadre de la planification régionale
ou de la stratégie des établissements.
La question des moyens est non moins récurrente. Chacun convient
que des avancées importantes ont eu lieu. Il est indispensable
de terminer l'effort pour mettre aux normes les structures qui ne le
sont pas encore.
Le groupe de travail enfin a considéré comme acquise la
reconnaissance de la spécialité de médecine d'urgence
à travers la création d'un DESC. Ce point n'a pas seulement
pour but de conférer un statut mais d'être une garantie
d'organisation. Quand un patient se présente aux urgences, il
est pris en charge par un médecin spécialiste qui va décider
d'une stratégie de soins, laquelle peut faire appel en tant que
de besoin à tel ou tel spécialiste qui devra être
disponible soit par présence sur place soit par tout moyen approprié
et évalué (astreinte, télémédecine,
etc
)
La qualité de l'accueil et de la prise en charge, la capacité
à gérer le stress et l'agressivité des patients
et des familles, la maîtrise de la technicité croissante,
la connaissance de la structure complexe des réseaux au centre
desquels se situe le service des urgences appellent une politique adaptée
et spécifique de formation du personnel médical, paramédical,
social et administratif avec une approche systématiquement pluri-professionnelle.
Il serait souhaitable que plus qu'ailleurs, le conseil de service ou
de département de médecine d'urgence se saisissent de
ces questions et qu'il participe activement à l'élaboration
de la politique de formation.
- Les filières spécifiques
Le groupe a considéré que dans 4 domaines au moins, la
prise en charge devrait faire l'objet d'une organisation spécifique.
Le but est d'initier très tôt (en disposant des moyens
mais plus encore des hommes - ressources indispensables et travaillant
en réseau) une démarche de soins qui, en égard
à la spécificité du patient, n'occasionne pas de
perte de chance. Il ne s'agit pas seulement de pouvoir compter sur la
mobilisation du spécialiste, mais bien de mettre en route une
démarche et, le cas échéant, une équipe
pluridisciplinaire et une filière d'aval. Ces quatre domaines
sont :
- L'accueil et la prise en charge de l'enfant
- L'accueil et la prise en charge du malade psychiatrique
- L'accueil et la prise en charge de la personne âgée
- L'accueil et la prise en charge des démunis
Pour ne pas alourdir le texte, ces quatre points ont fait l'objet de
fiches particulières de recommandations qu'on trouvera en annexe.
D'autres filières peuvent être définies.
Les malades pouvant s'intégrer dans une filière de prise
en charge spécifique (psychiatrie, gériatrie, pédiatrie,
alcoolisme) devront y être intégrés de façon
la plus précoce possible.
Cette exigence est supportée par deux arguments :
-Une inopportunité d'admission dans les services de médecine
ou de chirurgie, les malades ne nécessitant pas une prise en
charge spécialisée
-Un souci de qualité : il a été démontré
notamment en gériatrie et en pédiatrie qu'une prise en
charge spécialisée précoce améliorait le
pronostic et diminuait l'hospitalisation.
De même pour l'alcoolisme il faut essayer d'éviter les
hospitalisations itératives pour dégrisement et mettre
en place une prise en charge, non pas uniquement symptomatique, mais
établie dans la durée grâce à un réseau
dans et hors l'hôpital.
Les Unités d'Hospitalisation de Courte Durée pourraient
jouer à ce propos un rôle essentiel : dans l'espace temps
de 24H. Elles peuvent permettre une collaboration entre le médecin
urgentiste responsable de l'unité et un représentant de
la filière de soins considérée. Ce dernier doit
être disponible au niveau des services d'urgences de façon
quotidienne et ne doit pas être seulement porteur d'un avis spécialisé
mais également, en concertation avec le médecin urgentiste,
acteur et décideur de la filière de soins concernée.
La capacité permanente d'un recours à une assistante sociale
et la disponibilité des services sociaux des collectivités
territoriales doivent être assurées dans une coopération
la plus large possible permettant un retour à domicile précoce
avec l'entourage social nécessaire, ou la recherche rapide d'une
solution de vie adaptée.
- La reconnaissance de la mission d'accueil des urgences par l'ensemble
de l'hôpital
Trop souvent les patients arrivant aux urgences sont considérés
comme le problème du seul service des urgences.
Les services spécialisés ont en effet quelquefois tendance
à considérer que ceux qui leur sont alors confiés
viennent perturber le fonctionnement normal du service avec sa programmation
et ses malades adressés par des confrères.
Or l'accueil des urgences est l'une des missions importantes de l'institution
tout entière. A ce titre, il est indispensable que le projet
médical, le projet du service de soins infirmiers et le projet
d'établissement intègrent cette dimension à l'échelle
du fonctionnement de l'ensemble de l'hôpital. Et le groupe de
travail recommande que les ARH soient sensibilisées sur ce point
et qu'elles y veillent notamment à travers les contrats d'objectifs
et de moyens.
- Commission des admissions non programmées ou Comité
de gestion et d'évaluation de la prise en charge hospitalière
des malades non programmés
Ces appellations seraient préférables à celle de
commission des urgences, il implique l'ensemble des intervenants hospitaliers
et non pas uniquement ceux des services des urgences. Pour répondre
aux exigences rappelées ci-dessus, la composition indicative
pourrait être la suivante :
-le directeur d'établissement
-le président de la C.M.E.
-le chef de service des Urgences
-le chef de service du SAMU-SMUR
-un chef de service ou de pôle de médecine
-un chef de service ou de pôle chirurgical
- le chef du service de réanimation
-un chef de service ou de pôle de pédiatrie
-un chef de service ou de pôle d'imagerie
-le responsable du D.I.M.
-un chef de service de psychiatrie
-un chef de service de gériatrie
-le chef de département d'anesthésie-réanimation
-le biologiste coordonnateur des laboratoires
-un chef de service de soins de suite et de réadaptation
-le directeur du service de soins
-le cadre infirmier des urgences
-un représentant du service social des hospitalisés
Cette commission aurait cinq missions :
1) Evaluer avec le DIM la probabilité approximative selon le
jour de la semaine et la saison de recevoir des urgences relevant spécifiquement
d'une spécialité médicale afin que le(s) service(s)
concerné(s) prévoient leur programmation en tenant compte
d'une capacité à réserver aux urgences, évolutive
en fonction des périodes et traduite dans un contrat. Ce système
pourrait se substituer avantageusement au brutal et aveugle impôt-lit
qui aboutit trop souvent à une inadéquation ubuesque entre
placement et pathologie.
Veiller à la mise en place d'une évaluation des capacités.
Une évaluation précise des capacités d'accueil,
par type de pathologie, par secteur sanitaire et par établissement
au jour le jour, sous forme d'histogramme précis, est un préalable
indispensable à toute réflexion sur les problèmes
capacitaires. Cette mesure comporte deux préalables :
-Un recueil précis pluri-quotidien fiable des capacités
disponibles en temps réel, qui ne devra pas être uniquement
administratif ; en effet, il y a souvent discordance entre les lits
occupés réellement et les lits déclarés
occupés.
-L'intégration des données ainsi recueillies rend absolument
indispensable la disposition d'outils informatiques pouvant donner tout
type de synthèse quotidienne, annuelle, saisonnière, locale
et sectorielle.
-Réévaluation des capacités
Sa périodicité pourrait coïncider avec chaque SROSS,
les modifications pourraient être ainsi proposées en tenant
compte :
*de l'évolution des données capacitaires
*de l'évolution perceptible des profils de population (vieillissement
de la population, flux.)
*des modification de pratiques médicales : imagerie, progrès
techniques aboutissant à raccourcir les durées d'hospitalisation
*de l'existence d'une gestion coordonnée des capacités
estivales en fonction des engagements des établissements par
rapport à leur autorisation, par rapport aux contrats relais.
2) valider la charte entre services et UHCD (cf. ci-après)
3) valider et évaluer les protocoles et procédures organisant
les filières spécifiques
4) définir les missions et valider les règles d'organisation
des unités de médecine polyvalente et/ou gériatrique
5) valider après évaluation les propositions de fermeture
temporaire de lits (ou les réaffectations provisoires) et fixer
les capacités à maintenir disponible pour l'urgence.
Le rôle déterminant de cette commission est de proposer
à la C.M.E. qui l'arrête, au C.T.E. et au C.A. qui la valident,
à l'A.R.H. qui l'évalue, une politique cohérente
de prise en charge des urgences qui organise l'aval soit à l'hôpital
soit en complémentarité avec d'autres institutions (cf.
points suivants)
- Les unités d'hospitalisation de courte durée
L'UHCD n'est pas un passage obligé ou une zone tampon. Sa vocation
est de permettre une observation du malade avant diagnostic définitif
et orientation ou d'initier une prise en charge en filière spécifique
(cf. supra) Son fonctionnement encadré par une charte doit assurer
une durée de séjour de moins de 24 heures dans au moins
90% des cas, sous le contrôle de la commission des admissions
non programmées.
Les UHCD sont obligatoires avec des capacités clairement définies
pour les UPATOU, comme pour les SAU. Les unités doivent être
de véritables unités d'hospitalisation à proximité
de l'accueil des urgences, sous la responsabilité du service
des Urgences avec des personnels propres, un fonctionnement de service
à part entière. Le fonctionnement doit être clairement
défini quant à ses missions, la durée d'hospitalisation
et les moyens nécessaires à son fonctionnement par une
charte. L'ensemble de ces recommandations a été assez
clairement défini par les sociétés savantes de
médecine d'urgence.
- Les unités de médecine polyvalente et/ou gériatrique
Diverses expérimentations sont en cours. Quelques points peuvent
être soulevés :
§ Ces unités n'ont pas vocation systématique à
être gérées par les médecins des Urgences
et, quand c'est le cas, elles doivent être autonomes dans leurs
moyens et leur fonctionnement.
§ Elles doivent relever d'un contrat clair, notamment quant à
leur mission, leur coordination avec les urgences et la durée
d'hospitalisation.
§ Il faut veiller à la qualité de recrutement des
responsables : Praticiens Hospitaliers
§ En fonction de critères précis quant à la
nature de la population accueillie, il faudra préciser le rôle
exact de la gériatrie au niveau de ces unités de médecine
générale :
- soit en faire de véritables unités de gériatrie
aiguë avec tout l'intérêt d'une prise en charge de
qualité globale et précoce de la personne âgée
- soit, du fait de l'hétérogénéité
des tranches d'âge, de la nature de l'établissement et
des autres services disponibles, faire intervenir un gériatre
à côté d'un médecin de médecine polyvalente.
En référence au rapport présenté sur la
gériatrie auxUrgences, le développement d'une activité
de Gériatrie aiguë est impératif à court terme,
vu l'évolution démographique des tranches d'âge.
Le gériatre sera, soit un consultant au niveau des UHCD, soit
un Praticien Hospitalier responsable d'un service de Gériatrie
aiguë, ou intégré à un service de médecine
générale polyvalente.
Les consultations non programmées / différées
Les malades, dont l'état clinique apprécié aux
Urgences ne présente pas l'acuité nécessitant une
hospitalisation immédiate, vont pouvoir être dirigés
vers des consultations hospitalières. L'utilisation de l'outil
informatique doit pouvoir, après accord au niveau de la commission
des soins non programmés, prévoir par un système
de rendez-vous flottant, des consultations ou des hospitalisations différées.
Dans certains établissements, notamment dans les grandes villes,
la création d'une policlinique pratiquant sur une large plage
horaire des consultations non programmées assurées essentiellement
par des internistes ou généralistes paraît tout
à fait pertinente.
Ces consultations peuvent rendre de grands services pour éviter
l'embolisation des urgences. Toutefois, il sera indispensable d'associer
la médecine de ville et les professionnels paramédicaux
et sociaux extérieurs pour éviter que cette offre de soins
devienne un recours habituel au détriment de la prise en charge
par un médecin référent.
L'informatisation accélérée des services d'urgence
L'informatisation doit mettre en réseau les urgences avec :
§ les autres services hospitaliers
§ les filières et réseaux de soins spécifiques
§ les médecins libéraux qui devront avoir accès,
(selon les recommandations de la CNIL), aux dossiers médicaux
de leurs malades, notamment de ceux précocement autorisés
à sortir (50 % des malades des UHCD),
§ les logiciels choisis pour les services d'Urgences devront exploiter
les technologies intranet/extranet, afin que l'accès aux dossiers
médicaux des Urgences puissent se faire de tout point de l'établissement
mais également hors établissement. Le dossier informatisé
doit être intégré dans un réseau de l'urgence
sectoriel voire régional entre différents établissements
et entre différents secteurs. Des critères de compatibilités
techniques, à défaut d'utilisation du même logiciel
permettront tous les échanges d'informations nécessaires.
L'informatisation des services permettra également de réaliser
toutes les évaluations nécessaires au travers d'enquêtes
de santé publique démarche-qualité.
Cet objectif permettrait, en corrélation avec le PMSI, d'alimenter
en données l'observatoire régional des urgences.
IV - L'AVAL DE L'HOPITAL
L'intégration de la fonction d'accueil des urgences dans l'organisation
générale de l'hôpital ne doit pas occulter la nécessité
d'une organisation de l'aval, soit dans le cadre des filières,
soit par l'existence de structures permettant aux établissements,
dont le fonctionnement très technique est coûteux, de ne
pas obérer ce potentiel avec des malades qui pourraient être
pris en charge avec la capacité médicale indispensable
dans un cadre plus adapté, plus humain, moins coûteux.
- Des conventions avec les professionnels libéraux
Il convient de favoriser la mise en place de conventions avec les médecins
libéraux ou leurs représentants dans le cadre de réseaux
ville-hôpital agréés, d'équipes de soins
ambulatoires, associant généralistes, pharmaciens, paramédicaux
travailleurs sociaux. Ces réseaux devront avoir la réactivité
nécessaire pour une prise en charge rapide. Là aussi l'outil
informatique sera utile à la circulation de l'information..
En convention avec les médecins libéraux ou avec des Maisons
médicales, ou des établissements privés, des systèmes
de rendez-vous en urgence différée peuvent être
mis en place pour proposer des consultations à des malades ne
nécessitant pas une hospitalisation immédiate.
Plus largement, doivent être encouragés les réseaux
entre établissements SAU - UPATOU et le secteur libéral,
en recherchant l'adéquation entre les besoins du malade et les
plateaux techniques. Le recours aux unités de soins de suite
devrait être possible après séjour et évaluation
en UHCD sans délai supérieur à 24 heures.
Les recommandations quant à la mise en place des ces réseaux
ne sauraient être rigides pour s'adapter aux aspects particuliers
des secteurs sanitaires, notamment en ce qui concerne les proximités
entre les SAU et les UPATOU et leurs capacités réciproques,
mais également l'existence du secteur d'hospitalisation libérale
et ses caractéristiques.
- Les capacités en lit de médecine et la place des hôpitaux
de proximité.
Le groupe a souligné à plusieurs reprises qu'une fréquentation
en deçà de 85% des lits de médecine permet d'assurer
une fluidité des patients à partir de l'urgence. Au-delà,
des problèmes ponctuels voire permanents se posent. Or, beaucoup
d'hôpitaux sont dans cette dernière situation. Parallèlement,
le bilan 1999 sur les cartes sanitaires fait encore ressortir des excédents
de lits de médecine dans de nombreuses régions. Le groupe
de travail est très interrogatif sur cette apparente contradiction.
Il paraîtrait utile de décider un moratoire sur les fermetures
et de faire un bilan précis des lits réellement ouverts,
de leur taux d'occupation et des pics d'occupation, de l'inadéquation
de leur utilisation par manque de soins de suite ou de toute autre structure.
La place des hôpitaux de proximité, en aval des établissements
très techniques, a sans doute besoin d'être réaffirmée
notamment du fait du vieillissement de la population et du rôle
qu'il peuvent développer dans les soins de fin de vie et d'une
manière générale dans un deuxième temps
de l'hospitalisation quand la technicité peut être relayée
par la proximité, sous réserve d'un effort important de
formation des professionnels des hôpitaux locaux. La délocalisation
dans ces établissements de consultations effectuées par
les spécialistes du centre hospitalier - pivot de secteur ou
du C.H.U. serait de nature à la fois à conforter ces petites
structures dans leur rôle propre au profit des patients et à
créer des synergies déterminantes pour la vitalité
du réseau et le savoir-faire des acteurs locaux.
- Médicaliser les soins de suite
D'autres structures d'aval sont toutefois à adapter. Les lits
de soins de suite qui permettraient de réduire les séjours
en médecine très spécialisée existent mais
se révèlent inappropriés du fait de leur sous-médicalisation
et de leurs capacités d'accueil réduites. Leur médicalisation
permettrait de désengorger une partie des urgences. Ce point
concerne plus particulièrement les établissements privés
sous OQN qui du fait de tarifs insuffisants (prix de journée
inférieurs à 450 francs et honoraires de surveillance
médicale égaux à 0,8 C par semaine et par patient),
n'offrent pas le niveau d'encadrement soignant et médical nécessaire
à la prise en charge de patients sortant précocement des
services de court séjour. Une telle action supposerait une revalorisation
ciblée des tarifs de ces établissements, sous réserve
que le taux de progression de l'OQN l'autorise.
- Développer les alternatives à l'hospitalisation
Le développement de l'hospitalisation à domicile (HAD)
est aujourd'hui pénalisé par l'actuel système de
taux de change. Il conviendrait d'abaisser ce taux lorsque ces lits
sont créés par reconversion de lits excédentaires
d'hospitalisation. Les besoins d'après des études américaines
peuvent être estimés entre 3 et 6 % du nombre de lits d'hospitalisation,
chiffres que l'on est loin d'atteindre en France. Or le coût par
place et par jour se situe entre 1000 et 1200 F.
Le développement des services de soins infirmiers à domicile
(SSIAD), dont le coût moyen par jour et par place est inférieur
au plafond de 212 F, fait déjà l'objet d'un plan de développement
très important. Toutefois, les demandes de création non
financées restent trop nombreuses. Il conviendrait de financer
des places supplémentaires mais également de financer
réellement les places de SSIAD autorisées après
avis du CROSS. Il serait utile de ne pas limiter l'intervention des
infirmiers libéraux dans ces services par un quota d'actes et
de la même façon, il conviendrait d'ouvrir sous contrôle
médical le bénéfice de ces services à des
personnes de moins de 60 ans.
-
Développer les dispositifs conventionnels
Les conventions pourraient être développées en
trois directions : avec d'autres établissements de soins, avec
des établissements médico-sociaux ou avec des associations.
En effet, les difficultés pour hospitaliser les malades des
urgences sont parfois dues au maintien en médecine de malades
relevant d'établissements ou services médico-sociaux.
La signature de conventions de complémentarité et de
concertation entre établissements permettrait souvent une meilleure
coordination de la filière et ne requiert aucun moyen financier.
CONCLUSION
L'organisation générale de la permanence des soins, notamment
par l'organisation de gardes médicales libérales couvrant
l'ensemble du paysage en coordination forte avec l'aide médicale
urgente et les services d'accueil des urgences des hôpitaux privés
comme publics, est un des grands enjeux de l'avenir immédiat.
En effet, l'évolution de la démographie médicale,
les contradictions de l'organisation interne de l'hôpital et les
signes d'une certaine démobilisation parmi les médecins
libéraux, peuvent conduire rapidement à des défauts
de couverture du risque médical urgent ou à des gaspillages
dans l'utilisation de moyens lourds et coûteux pour des prises
en charge qui ne l'exigent pas. C'est pourquoi il paraît indispensable
que dans le cadre du département d'abord, de la région
dans l'avenir, et grâce à un CoDAMU renouvelé et
légitimé, dans le respect du droit des différentes
parties à s'organiser ainsi que des missions des pouvoirs publics
d'une part, de l'Ordre des Médecins d'autre part, un maillage
coordonné de réponse aux besoins sanitaires exprimés
dans l'urgence par nos concitoyens soit construit en tenant compte des
particularités, de l'histoire, de la sociologie locale.
De la même façon, les hôpitaux doivent s'organiser,
en interne mais aussi dans la définition des réseaux,
pour répondre efficacement aux besoins : compétence, pluridisciplinarité,
disponibilité des hommes et des structures, développement
de la fluidité dans la prise en charge en aval. Les recommandations
qui sont faites sont pour certaines d'application possible sans coûts
supplémentaires et sans délais de mise en uvre.
D'autres demandent des aménagements législatifs et réglementaires.
D'une manière générale, le rôle des A.R.H.
pour l'urgence hospitalière va être déterminant
: resserrement des dispositifs dans les SROS de 3e génération,
mais surtout prise en compte dans les contrats d'objectifs et de moyens
- ou de leur actualisation - de l'absolue nécessité de
mettre l'urgence, parmi d'autres missions, au cur du projet d'établissement.
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ANNEXE 1 : URGENCES ET GERIATRIE
- DIMENSION DEMOGRAPHIQUE
L'ensemble des données statistiques concorde pour affirmer
une augmentation prévisible du nombre de personnes âgées
dans les années qui suivent.
- 1982 : 3.5 millions
- 1990 : 4 millions
- 1999 : 4.5 millions de plus de 75 ans
- En 2010 :
· les plus de 60 ans représenteront 22.8 % de population
· les plus de 75 ans, 8.9 %
· les plus de 85 ans, 2.5 %
- En 2050 :
· les plus de 60 ans, représenteront 33.7 % de la population
· les plus de 75 ans, 15.2 %
· les plus de 85 ans, 6.9 %
Ceci est la rançon de l'augmentation de l'espérance
de vie : 1 trimestre/an depuis 10 ans avec, comme fait remarquable,
l'augmentation du nombre de grands vieillards de plus de 85 ans.
Ces chiffres résultent de plusieurs données bibliographiques
dont le rapport de Paulette GUINCHARD-KUNSTLER au Premier ministre,
en septembre 1999.
- DIMENSION QUALITATIVE
La qualité de l'accueil des malades âgés aux Urgences
qui nécessiteraient un bilan et une évaluation gériatrique
est insuffisante : seuls 3 % ont un bilan d'autonomie dans le service
d'Urgences (Dr Beauvais - CHU de Rennes), or il apparaît que "
la prise en charge dans les premières 24 heures conditionne le
pronostic vital ou fonctionnel de la personne âgée "
(Pr J. Belmin).
Par ailleurs, toujours d'après les mêmes auteurs, il est
démontré qu'une " prise en charge rapide et adaptée
diminue le taux des entrées en Institution ".
La formation médicale en gérontologie doit être
renforcée. Depuis le 4 mars 1997, un enseignement théorique
gériatrie-gérontologie est obligatoire en DCEM. Le CSCT
(certificat de synthèse clinique) inclut la gériatrie
; il existe d'autre part un DSC de gériatrie et une capacité
de gérontologie, aboutissant à la reconnaissance légale
d'une compétence en gériatrie-gérontologie.
Le médecin urgentiste reste et doit rester le pivot de l'accueil
médical et chirurgical aux Urgences et il doit être en
première ligne pour l'accueil des malades de gériatrie
comme les autres malades.
L'accueil du malade gériatrique en salle d'urgence prend beaucoup
de temps du fait de la multiplicité des problèmes cliniques
et sociaux. Ceci doit compter dans l'appréciation de la charge
de travail et du nombre de postes de médecins urgentistes nécessaires
au niveau des services d'Urgences.
L'importance croissante de la gériatrie aux Urgences doit être
prise en compte dans la formation de la CAMU.
Il est évident que dans les centres accueillant une grande proportion
de personnes âgées, notamment dans certaines régions
du midi de la France et de la région parisienne, l'activité
gériatrique est importante.
A coté de ce rôle de prise en charge de première
ligne qui doit rester dévolue aux médecins urgentistes,
les données de littérature montre l'intérêt
d'un bilan gériatrique et gérontologique aux Urgences.
De la même façon qu'est réalisé au niveau
des UHCD l'accueil des urgences psychiatriques avec disponibilité
d'un des psychiatres de secteur de façon quotidienne et il serait
souhaitable que des solutions permettant de bénéficier
d'une évaluation gériatrique dès les Urgences soient
mises en place.
La longueur de cette évaluation approfondie ne peut prendre
place au niveau d'un box d'examen d'urgence et pourra par contre se
faire dans de bonnes conditions au niveau des UHCD.
Il est naturellement hors de propos de créer une permanence
24h/24 d'un gériatre aux Urgences, l'accueil initial reposant
sur le médecin urgentiste, mais un bilan approfondi gériatrique
doit être possible par la disponibilité généralement
au niveau des UHCD d'un gériatre dans les 24 heures.
Plusieurs systèmes peuvent être imaginés sans grever
les moyens médicaux des Urgences qui doivent être renforcés
:
- utilisation de la journée d'intérêt général
ou la prime d'activité multi-sites pour des gériatres
exerçant soit au sein de l'hôpital soit dans les hôpitaux
du secteur,
- au maximum obtention des vacations dans le cadre d'un projet spécifique
sectoriel
Si le médecin urgentiste doit rester le pivot de l'accueil aux
Urgences, il convient de prévoir pour la gériatrie comme
pour d'autres spécialités (psychiatrie) les modalités
d'intervention des consultants qu'il juge nécessaire à
l'initialisation précoce d'une prise en charge spécifique.
Trois niveaux d'amélioration peuvent être obtenus :
En pré-hospitalier :
Bien des expériences ont été tentées pour
diminuer en amont, par une prise en charge précoce notamment
libérale, le flux des malades aux Urgences, avec des succès
mitigés.
En gériatrie, la promotion des CLICS et des " CEGAP "
mise en point par les gériatres et en collaboration avec les
services sociaux peut permettre des évaluations gériatriques
et gérontologiques précoces. Ils doivent être expliqués
aux médecins libéraux au travers d'EPU, d'informations,
d'articles divers. Le médecin traitant est généralement
très bien placé pour ressentir les difficultés
prochaines de maintien à domicile. L'intervention de ces structures
d'évaluation et de conseils permettrait, peut-être, d'éviter
bien des hospitalisations aux Urgences par défaut. Il s'agit
là évidemment d'un effort à moyen terme.
Au niveau des Urgences :
L'intervention précoce d'un gériatre agissant à
la demande du médecin urgentiste comme consultant idéalement
au niveau de l'UHCD , par l'intermédiaire d'une antenne mobile,
doit permettre, nous l'avons vu ci-dessus, une évaluation complète
et précoce.
L'évaluation précoce gériatrique doit s'accompagner
de l'inscription rapide du patient dans une filière de prise
en charge gérontologique qui peut permettre :
. le retour à domicile dans des structures aménagées,
au moyen notamment d'un réseau d'hospitalisation à domicile,
. l'admission précoce au moyen séjour.
Mais également et surtout,
En aval :
. l'admission dans un service de gériatrie de court séjour,
Diverses situations peuvent être ainsi évoquées
:
- des patients qui relèvent d'une intervention spécialisée
médicale ou chirurgicale urgente,
-
- des patients qui pourront a priori être soignés dans
un service de médecine avec un bon espoir de retour à
domicile ou en HAD, compte tenu d'une mono ou paucipathologie,
-
- des patients en situation fragile, polypathologiques ou très
âgés, sans nécessité de prise en charge dans
un service spécialisé, qui devront relever d'un court
séjour gériatrique, plutôt que parfois errer de
service de spécialités en service de spécialités,
voire de s'égarer dans les services de chirurgie sous le seul
prétexte de lits vacants : dans ces conditions, les responsables
médicaux des services qui les accueillent ont rarement une compétence
en gériatrie pas plus que le personnel paramédical.
Diverses études randomisées nord américaines montrent
que le défaut de prise en charge précoce aboutit à
des durées d'hospitalisation plus longues, des retours à
domicile plus faibles, voire des chances de survie plus faibles.
La collégiale des internistes a préconisé dans
un document de réflexions de 1998 sur l'avenir de la médecine
interne à l'APHP la création d'unité de court séjour
gériatrique.
Actuellement, seuls l'hôpital Bichat et l'HEGP ont suivi cette
recommandation. Il existe par ailleurs un service de gériatrie
de court séjour au Centre Hospitalier de Beauvais, récemment
ouverte.
Ces unités de court séjour gériatrie doivent s'inscrire
dans une activité en réseau ou en Fédération
entre plusieurs Hôpitaux dans un projet de secteur incluant une
structure d'HAD afin d'obtenir des partenariats de proximité
entre les SAU et les hôpitaux gériatriques.
La réflexion actuelle situe la taille de ces unités autour
de 20 lits avec des DMS de l'ordre de 8 à 10 jours avec une activité
majoritairement réservée à l'aval des malades se
présentant aux Urgences (60 à 90 %).Ces paramètres
devront être contractuels. Une réflexion du nombre de lits
par rapport aux entrées gériatriques est en cours, mais
globalement une unité par secteur sanitaire de 200 à 400
000 habitants semble raisonnable.
Il est évident que des réflexions s'imposent au niveau
de la carte sanitaire. Cette réflexion doit intégrer des
paramètres variables selon la région en fonction des indices.
De ce fait, bien souvent les malades âgés, polypathologiques,
ne relevant pas d'une prise en charge médicale ou chirurgicale
aiguë, aboutissent de façon quotidienne dans des services(
le plus souvent chirurgicaux) dont les taux de remplissage sont bas.
Le redéploiement des capacités proposées n'aboutirait
finalement qu'à valider une répartition qui est le lot
quotidien du défaut de place en médecine. La requalification
de ces lits en " court séjour gériatrique "
y ajoutera la qualité de prise en charge médico-sociale,
sous réserve de personnels appropriés.
CONCLUSION
Le rôle de l'urgentiste reste pivot au niveau des centres hospitaliers
et le principe de sa polyvalence ne doit pas être mis en cause.
Il doit pouvoir tant pour la psychiatrie que pour la gériatrie
assurer l'accueil en urgence de ces malades et doit avoir pour ce faire
des conditions de travail améliorées.
Il doit également rester le responsable de l'organisation et
de la coordination d'un service d'Urgence, qui ne doit pas être
balkanisé en micro-unités spécialisées.
Pour autant le recours à des consultations spécialisées,
notamment celles de psychiatrie et de gériatrie, qui sont particulièrement
chronophages, doivent être accessibles dans un soucis d'amélioration
de la qualité des soins, de raccourcissement de durée
d'hospitalisation, voire d'après les statistiques nord américaines,
de diminution de décès, dès le service des Urgences
préférentiellement au niveau des UHCD, ou le temps disponible
est plus long qu'en box d'accueil.
La disponibilité de lits d'aval, sous forme d'unités
de court séjour gériatrique, est signalée comme
indispensable tant dans le monde de la médecine interne que dans
le monde de la gériatrie. Ces capacités imposent une révision
de la carte sanitaire essentiellement par redéploiement.
L'ensemble de ces dispositions doit pouvoir améliorer la qualité
des soins et de la prise en charge de nos anciens. Ils méritent
tout autant d'égard et de visibilité quant à leur
devenir au service des urgences que les autres malades. Ils ne méritent
plus l'improvisation et l'inadaptation qui prévalent actuellement.
rapport présenté par M. le Dr Gérard Meyer
Chef du service des Urgences
du Centre Hospitalier de Creil.
(rapport validé par le groupe de travail le 6 septembre 2001)
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ANNEXE 2 : RECOMMANDATIONS SUR
L'ACCUEIL DES PERSONNES DEMUNIES A L'HOPITAL
Dans le domaine de la santé, l'objectif de la loi contre les
exclusions et de différents dispositifs est de faire en sorte
que les personnes démunies puissent être accueillies, accompagnées
et prises en charge dans le système de santé quel que
soit leur âge, leur sexe, leur pathologie, leur statut social
et leurs difficultés.
Les services d'Accueil Urgences sont des maillons essentiels dans cette
prise en charge.
1 - De qui parle-t-on ?
C'est le préalable indispensable afin de pouvoir :
- mettre en place les dispositifs réellement adaptés,
- partager les différentes expériences,
- évaluer la pertinence du dispositif.
Au vu des expériences déjà pratiquées,
on peut proposer les " définitions " suivantes : au-delà
de ceux que l'on a l'habitude de dénommer " grands démunis
" (ou de manière plus familière : clochard, S.D.F.,
grands marginaux
), il s'agit de toute personne arrivant aux urgences
et présentant :
- un problème de santé d'intensité variable,
- et/ou une absence de domicile stable,
- et/ou un défaut de couverture sociale,
- et/ou une difficulté d'accès ou de recours aux soins.
Sous ce dernier critère, il s'agit d'évaluer la capacité
de la personne à recourir avec facilité ou non au système
de santé. En effet, les trois premiers critères ne sont
pas suffisants pour déterminer celle-ci. Au delà de ces
problèmes assez facilement repérables, il s'agit d'identifier
les freins pesant sur toute démarche de santé :
- culturels (mode de vie, pays d'origine
),
- administratifs (formalités qui rebutent
),,
- financiers ( surendettement
),
- psychologiques (non investissement dans le domaine de la santé),
- difficultés d'accès géographique (monde rural
en particulier ou quartiers excentrés
),
- absence de référent santé (médecin traitant,
spécialiste
)
2 - Les enjeux ou objectifs
Il s'agit de permettre l'accès aux soins, et de manière
plus large l'accès à la santé, tout en favorisant
la résolution des autres problèmes.
Un constat préalable : la mise en place de la CMU et de dispositifs
spécifiques tels que les PASS et PRAPS ont sensiblement modifié
la situation des personnes en difficulté. Il n'en demeure pas
moins que de réelles questions persistent. Il s'agit d'adapter
le dispositif hospitalier à cette évolution.
L'enjeu est d'offrir un accueil et un suivi " à la carte
", pluridisciplinaire, préparé en amont de l'hôpital
avec les partenaires habituels de la PASS. Cela nécessite souplesse,
adaptation et un partenariat très fort.
Quelques mots clés : pas de filière spécifique,
pas de médecine pour les pauvres mais offrir au plus près
de la population un accueil et un suivi adaptés.
3 - Recommandations
Les textes réglementaires existent, les financements aussi.
Il est proposé des recommandations de quatre types :
A - en terme de services offerts
la personne accueillie dans le cadre de la PASS doit pouvoir bénéficier
:
- d'un accueil médical permettant la prise en charge de l'accident
de santé, si besoin, d'un bilan complet ou d'un suivi des pathologies
chroniques, avec le cas échéant délivrance gratuite
de médicaments,
- d'un accueil social proposant un bilan sur les conditions de vie (hébergement,
nourriture
),
- d'un accueil psychologique en cas de besoin,
- d'un accueil administratif pour la régularisation des droits
(CMU, RMI, AME, état civil
)
et dans tous les cas une proposition d'accompagnement, d'orientation
et de suivi. Les problèmes linguistiques et culturels doivent
être pris en compte, en particulier le recours à des interprètes
doit être possible dans un deuxième temps avec l'aide des
associations.
Ces différents accueils doivent être proposés selon
une chronologie variable relative à l'état de santé
de la personne et à sa volonté. Ainsi une personne peut
rencontrer plusieurs fois l'assistante sociale ou l'accompagnateur avant
d'accepter une consultation médicale.
Cet accueil personnalisé invite à la souplesse, à
l'adaptation constante de ce que l'on doit offrir à une personne
en difficulté.
B. en terme de moyens
L'hôpital doit afficher sa volonté d'affirmer son "
rôle social ". Cela passe par une mobilisation de l'établissement
(direction, CA, CME
) et non pas de quelques personnes isolées.
Ce dispositif nécessite des compétences professionnelles
clairement identifiées : médicales, administratives, paramédicales
et sociales. Ces compétences doivent être mises à
disposition de la PASS de manière organisée et planifiée.
De nouveaux métiers, tels que les accompagnateurs sociaux (ou
" agents de santé "), lien entre l'hôpital et
la cité peuvent enrichir le dispositif, particulièrement
l'accompagnement physique des personnes les plus en difficulté.
En effet, il n'est pas rare que de simples problèmes de transport
nuisent à l'efficacité de l'ensemble.
§ Mise en place de formation et sensibilisation
La mobilisation de l'ensemble des acteurs peut être grandement
renforcée par des formations communes, telles qu'elles peuvent
être financées actuellement dans le cadre des PRAPS ou
les Contrats ville. Deux atouts :
- sensibiliser les uns et les autres à la problématique
des personnes démunies,
- leur apprendre à travailler ensemble.
§ Locaux
En aucun cas, une filière spécifique ne doit être
créée. Cependant l'organisation, près du service
des urgences d'un aménagement propre à améliorer
la disponibilité, la confidentialité est recommandée.
§ Mise en place de protocoles d'accueil et de suivi
Ces protocoles, dont l'objectif est de maintenir l'efficacité
du dispositif, la confidentialité et le respect de la personne
doivent être mis en place avec les acteurs internes et externes
de l'hôpital.
§ Adaptation au monde rural et aux quartiers excentrés
Il est nécessaire de trouver avec les différents acteurs
des réponses adaptées aux contextes géographique,
social et d'offre de soins. Aussi, le concept de PASS devra pouvoir
être décliné dans les quartiers les plus défavorisés,
éloignés de tout établissement de soins, et en
accord avec les associations.
C. En terme de méthode
Trois principes de base doivent être respectés :
1 - Rien ne peut se faire sans la mobilisation de quatre types d'acteurs
:
- le personnel hospitalier (administratif, soignant et social
)
- les associations uvrant dans le champ de la santé, de
l'insertion et de la solidarité (CHRS, associations caritatives
),
et les médecins libéraux,
- les organismes locaux (CPAM, CCAS
)
- et les personnes démunies elles-mêmes.
2 - L'implication effective des services de la DDASS, l'ARH, de la
préfecture et celle des élus. Cette mobilisation est absolument
essentielle pour que dans la durée, le dispositif et les engagements
des uns et des autres perdurent.
Dans ces institutions, des "personnes ressources " doivent
pouvoir accompagner la mise en place et l'évolution des PASS
et veiller à une harmonie territoriale.
3 - la réunion, au sein d'un comité de pilotage de l'ensemble
de ces partenaires : seule, en effet, une confrontation directe des
perceptions des uns et des autres permet l'adaptation du dispositif
aux besoins réels. Chaque partenaire a une vue particulière
sur sa propre mission et sur la réponse à apporter
D - en terme d'évaluation
Au-delà d'une évaluation quantitative, qui ne peut être
mise en uvre qu'à partir d'une population cible clairement
définie (voir plus haut), il s'agit principalement de définir
des critères qualitatifs.
En effet, l'objectif est bien de faire en sorte que chaque personne
démunie puisse effectivement être " accueillie ",
" bénéficier " de réponses spécifiques
à ses besoins (médicaux, logement, nourriture, droits
sociaux
) et être " accompagnée ".
Les personnes les mieux placées pour pouvoir évaluer
les résultats d'un passage dans le dispositif PASS sont les acteurs
extérieurs à l'hôpital, qui sont en contacts réguliers
avec les personnes démunies.
C'est en quelque sorte le regard des associations et des autres professionnels
de santé qui, historiquement a fait évoluer l'hôpital
dans sa capacité à mieux accueillir les personnes démunies.
De la même façon, ce sont elles qui valideront les capacités
actuelles de l'hôpital à remplir son nouveau " rôle
social ".
Conclusion
L'objectif général est de faire évoluer le dispositif
de soins hospitalier afin d'accueillir et de permettre l'accès
aux soins de santé aux personnes démunies en inventant
des solutions tenant compte des contraintes locales. Il ne doit pas
y avoir de modèle unique. Seul l'objectif et les considérations
éthiques doivent être partagés.
Rapport rédigé par P. Keusch
Responsable du Service Social
Centre Hospitalier Beauvais
(validé par le groupe de travail le 6 septembre 2001)
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ANNEXE 3 : L'URGENCE PSYCHIATRIQUE
La question de l'urgence psychiatrique ne peut être traitée
isolément, il faut la replacer dans le contexte de l'urgence
en général.
On constate une augmentation très importante de la demande, soit
5 % par an d'augmentation des passages aux urgences hospitalières
: 60 % en 10 ans.
Ceci n'est pas sans conséquence et entraîne nécessairement
une modification de la structure des hôpitaux généraux
qui deviennent un dispositif de 1ère ligne (de premier recours),
face à ce flux de personnes s'adressant à lui en première
intention, les modifications se traduisent dans la législation
et les règlements, voir les décrets du 9 mai 95 et du
30 mai 97 définissant le plateau technique minimum des services
d'urgence, et notamment en ce qui concerne la présence psychiatrique,
ce qui a eu pour effet de placer l'hôpital général
en demandeur de coopération avec les psychiatres.
- Analyse de la demande :
L'analyse du flux des patients qui se pressent aux portes des urgences
révèle qu'il couvre un champ très vaste, bien au-delà
de l'urgence médico-chirurgicale :
- de médecine générale,
- des soins et d'examens non programmés,
- de problèmes psychiatriques
- de problèmes psychologiques et de problèmes sociaux.
Les raisons de cette évolution sont politiques, sociales, culturelles.
Ainsi, on assiste à une concentration urbaine, sans politique
adaptée. On voit se constituer des ghettos où se mêlent
pauvreté, précarité, exclusion. Les liens sociaux
et familiaux sont fragilisés avec, comme conséquence,
que le symbolique laisse la place à l'agir.
Les services publics perdent leur capacité à maintenir
le lien social ; ils sont attaqués comme agent de contrôle.
Dans ce contexte, les urgences hospitalières en milieu urbain
restent le lieu le mieux repéré par la population, mais
aussi par les services sociaux de toute sorte, alors que le rôle
du médecin généraliste comme "médecin
de famille", va en diminuant.
On assiste donc à un mouvement inéluctable vers ces services
d'urgence, et l'importance de ce flux impose une réponse quelles
que soient les tentatives en amont de ce flux pour en modifier la source
et le cours.
Par ailleurs, les psychiatres qui ont longtemps déploré
l'isolement de la psychiatrie et la crainte qu'elle inspirait, voient
aujourd'hui l'image de celle-ci se modifier favorablement, et le recours
à leur service a considérablement augmenté, (ce
qui ne concerne pas que l'urgence) tant de la part de la population
que des médecins et des acteurs sociaux et politiques, et la
demande évolue bien au-delà de la psychose, vers les affections
névrotiques, anxio-dépressives, mais aussi vers une nébuleuse
médico-psycho-sociale, et des clientèles ciblées
: personnes âgées, exclus, adolescents, victimes, délinquants
sexuels, et l'on voit émerger, en ce qui concerne les urgences,
au-delà de la décompensation d'une affection mentale grave,
la notion de crise reprise dans la circulaire de juillet 92.
Ici, on doit introduire une notion importante propre à réduire
une certaine confusion face à l'augmentation d'activités
et à l'élargissement du champ de la psychiatrie publique,
et au risque de désorganisation de celle-ci.
La notion de santé mentale, est une notion de santé publique,
elle recouvre un champ bien plus vaste que celui des concepts des pathologies
mentales et de psychiatrie, branche de la médecine ayant pour
vocation de traiter les dites pathologies mentales.
Ainsi, le champ de la santé mentale déborde celui de la
psychiatrie proprement dite, comme le champ de la santé dépasse
celui de la médecine ; les conditions de vie, d'hygiène,
de nourriture, de travail sont aussi largement responsables de l'augmentation
de la durée de vie que les progrès de la médecine.
Aujourd'hui, les pouvoirs publics se préoccupent de la souffrance
psychique, voire de la souffrance morale dans le cadre de la santé
mentale.
Ceci implique qu'il y aura bien lieu de distinguer quelle est la nature
des actions à mener, et dans quel champ : politique, social,
sanitaire et quels dispositifs et quels professionnels doivent être
mobilisés, ainsi que leur part respective dans ce champ, et comment
ils s'y coordonnent.
Toute souffrance psychique, comme toute politique de prévention
de celle-ci, ne ressort pas nécessairement ou exclusivement du
champ sanitaire, et la prise en charge pourra souvent en être
sociale, avec une composante psychologique, voire éducative.
Ainsi, pour ne donner qu'un exemple, la politique de prévention
du suicide ne paraît pas, à l'évidence, se traiter
uniquement dans le champ de la médecine fut-elle psychiatrique.
- Le dispositif sectoriel :
On connaît :
- son architecture générale, son histoire,
- les raisons qui l'ont créé : désinstitutionnalisation
des soins aux psychotiques;
- ses principes : proximité, continuité des soins au long
cours.
Depuis 1960, divers textes ont progressivement tenté d'introduire
la notion d'accueil et d'urgence (circulaire du 15 juin 1979, circulaire
du 30 juillet 1992), d'autres ont incité à un rapprochement
avec l'hôpital général (rapport MASSE).
Mais, encore aujourd'hui, le secteur reste essentiellement organisé
autour du soin du psychotique au long cours, et est mal préparé
à aborder l'élargissement du champ d'action de la psychiatrie
publique, même en restant dans le champ sanitaire car, on l'a
dit, l'image de la psychiatrie se modifie et le recours y est beaucoup
plus fréquent pour les pathologies dépressives, anxieuses,
névrotiques, on lui demande aussi d'intervenir dans le domaine
du travail, de la justice et des victimes.
Ainsi, l'urgence psychiatrique suscite des oppositions ; le "il
n'y a pas d'urgence psychiatrique" résumait l'orientation
vers les pathologies au long cours, l'idéologie de la demande,
la crainte du contrôle social (voir BARBIER E.M.C. 1995 - art
"le secteur").
Néanmoins, le dispositif sectoriel s'est parfois doté
de structures d'accueil et d'urgence spécifiques : centres d'accueil
permanents, centres de crise, au sein des Centres médico-psychologiques
ou des Centres Hospitaliers Spécialisés, mais réparties
de façon très inégale sur le territoire, et bien
souvent ces structures accueillent en majorité des patients déjà
connus des secteurs ou adressés par les urgences des Centres
Hospitaliers Généraux.
Si l'on accepte que l'urgence psychiatrique soit autre chose que la
décompensation brutale d'une psychose et l'hospitalisation sous
contrainte, sa prise en compte va nécessairement modifier la
structuration du modèle sectoriel classique ; il va falloir dégager
des moyens pour la psychiatrie aux urgences de l'hôpital général,
et le Centre médico-psychologique doit évoluer comme lieu
de soins ambulatoires non programmés et intensifs car le recours
à l'hospitalisation psychiatrique doit être le plus limité
possible.
Enfin, la notion de dispositif pré-hospitalier et de régulation,
encore peu prise en compte, finira certainement par s'imposer de par
la demande, on voit bien ce mouvement se dessiner au niveau du SAMU
- Centre 15 qui, de dispositif hyper-technique destiné à
l'urgence vitale, évolue progressivement vers une régulation
et une prise en compte de problèmes beaucoup plus larges.
Il faudra aussi, au-delà du sanitaire, savoir articuler le dispositif
sectoriel au champ social, notamment aux urgences.
Bien sûr, les psychiatres de secteur ont l'habitude de travailler
dans le champ social, mais aujourd'hui n'assiste-t-on pas à un
débordement des dispositifs sociaux qui n'ont bien souvent, pour
seul recours, que de se rabattre vers l'hôpital, notamment vers
les urgences et la psychiatrie.
Il faudra donc, au-delà des problèmes hospitaliers, veiller
aussi à adapter les dispositifs sociaux tant quantitativement
que qualitativement.
- L'urgence psychiatrique à l'hôpital général
:
La psychiatrie est une discipline spécifique.
L'acte psychiatrique isolé, ponctuel, rapide, n'a pratiquement
jamais de valeur thérapeutique ; il n'aurait de sens qu'éliminant
une problématique psychiatrique.
Un acte psychiatrique demande du temps en lui-même, et s'inscrit
dans une trajectoire ou l'inaugure. Il est d'emblée à
valeur thérapeutique et il doit être soigneusement pesé
afin d'éviter d'être lui-même (ou les conditions
dans lesquelles il est initié) source de résistance chez
le patient car la 1ère défense, et la plus spontanée,
est la dénégation de la maladie mentale
Ceci a des conséquences quant à la place et la pratique
de la psychiatrie aux urgences de l'hôpital général,
c'est-à-dire qu'il faut distinguer deux niveaux d'utilité
de la psychiatrie aux urgences :
- niveau 1 : services rendus à l'institution hospitalière
- niveau 2 : services rendus aux patients
Le service rendu à l'institution hospitalière, c'est-à-dire
une intervention psychiatrique limitée, rapide, qui aura essentiellement
une fonction de tri, d'orientation, de conseil à valeur médico-légale
pour l'équipe médicale, ce qui est différent du
service réellement rendu au patient.
En effet, il ne faut pas croire qu'un patient sortant des urgences avec
un numéro de téléphone va nécessairement
prendre rendez-vous et il faudrait évaluer l'activité
d'un service d'urgence et son rendement réel auprès du
patient, en comparant le nombre de patients orientés vers une
structure d'aval, et le nombre de ces patients qui y recevront réellement
des soins. Ceci en dehors des patients transférés d'hôpitaux
à hôpitaux.
Le service réellement rendu au patient : il s'agit là
d'un acte psychiatrique ayant d'emblée un souci thérapeutique
; il devra pouvoir être effectué en un lieu adapté,
en un temps suffisant, et en articulation avec tous les acteurs du soin
en amont et en aval des urgences.
Ce que signifie ce concept d'articulation :
Nous devons dire ici un mot de ce que l'on peut appeler la triangulation
(DE CLERCQ). Nous avons dit que l'acte psychiatrique est spécifique,
sa spécificité ne commence pas avec le psychiatre, et
dès lors que le somaticien voudra passer le relais au psychiatre,
c'est qu'il aura déjà fait lui-même une première
évaluation ; si alors il ne veut pas simplement évacuer
le patient ou "l'abandonner" au psychiatre, il devra passer
réellement le relais en exposant devant le patient, au psychiatre,
pourquoi c'est nécessaire, ce qui permettra d'éviter que
le patient entre en résistance auprès du psychiatre et
ne le place, paradoxalement, en demandeur auprès du patient..
Il devrait pouvoir en être de même, lorsque le psychiatre
des urgences va orienter, en aval, son patient.
On voit qu'on est ici, loin d'une simple orientation, et qu'il est nécessaire
d'avoir du temps disponible, aussi bien pour évaluer et guider
le patient comme nous venons d'en esquisser une modalité, que
pour permettre une prise en charge de la crise et un bilan, notamment
dans des lits d'hospitalisation temporaire ou de courte durée
évitant une hospitalisation plus longue dans un service n'ayant
pas la réactivité et la disponibilité pour traiter
la crise.
La localisation et l'organisation de ces lits doivent être étudiées
relativement à la disponibilité locale : au Centre Hospitalier
Général (lits portes) ou au Centre Hospitalier Spécialisé
(service d'urgence et de crise).
Si le niveau 1 est peu exigeant, notamment dans le respect de la spécificité
de la psychiatrie, il n'en est pas de même pour le niveau 2.
Cette distinction importante n'est pas forcément repérée
dans les organisations qui se mettent en place :
- par méconnaissance des somaticiens,
- par désintérêt des psychiatres qui supportent
mal un surcroît de travail aux urgences, en plus de leur tâche
habituelle.
Il faudra savoir être lucide sur le niveau d'organisation que
l'on met en place localement et, s'il est concevable dans un premier
temps d'organiser un dispositif de niveau 1, il faudra être vigilant
car on voit que la réglementation (30 mai 97) pousse à
multiplier les points d'intervention des psychiatres dans tous les UPATOU
et SAU, et certains secteurs desservent de nombreuses structures de
ce type, le risque est alors grand de voir se multiplier les interventions
de niveau 1, sans possibilité de développement ultérieur
de niveau supérieur, donc sans grand intérêt réel
pour le patient, mais avec le risque de désorganiser le secteur
psychiatrique.
Il faut donc s'interroger sur une application trop stricte de la règle,
et prévoir des systèmes plus souples (conventions entre
hôpitaux).
A l'issue du passage aux urgences se pose le problème de l'aval
:
- y-a-t-il intérêt à revoir certains patients aux
urgences ?
- articulation avec le secteur :
* hospitalisation (convention Centre Hospitalier Général
- Centre Hospitalier Spécialisé),
* plus difficile est d'organiser un suivi extra-hospitalier (accueil
non programmé ou rapide des Centres médico-psychologiques
pouvant par ailleurs offrir un véritable soutien intensif ambulatoire).
- articulation avec le réseau social, notamment les possibilités
d'hébergement (CHRS. )
- Propositions concrètes :
Il ne s'agit pas ici de proposer une organisation de la psychiatrie
des urgences des hôpitaux généraux selon un schéma
rigide et s'imposant à tous, mais seulement de faire des propositions
concrètes pour permettre une organisation réellement utile,
et permettant de respecter les identités locales, à partir
de principes d'organisation très généraux déjà
admis, et bien souvent mis en ouvre :
* la psychiatrie doit être présente aux urgences de l'hôpital
général
* non concurrence mais complémentarité entre Centres Hospitaliers
Généraux et dispositifs sectoriels
1ère proposition :
- bilan de l'existant concernant le traitement des urgences psychiatriques
: enquête nationale dans les Centres Hospitaliers Généraux
et le secteur psychiatrique :
- recensement des organisations mises en place,
- évaluation de leur efficience par les acteurs locaux,
- recherche en vue de la mise au point d'un outil d'évaluation.
2ème proposition :
définition d'un seuil minimal d'organisation permettant de parler
de niveau 2 :
- un psychiatre titulaire, coordonnateur de l'urgence psychiatrique,
- une équipe de psychiatres rodée, connue et intégrée
au service d'urgence. Il peut y avoir intérêt à
ce que cette équipe soit constituée à partir des
effectifs de secteur desservi par le service d'urgence afin de ne pas
découpler secteur et urgence.
- présence infirmière à vocation psychiatrique
24 h/24 - éventuellement, d'autres professionnels : psychologues,
psychiatres libéraux.
Remarque : la psychiatrie aux urgences devra éviter 2 écueils
:
- se cantonner au niveau 1
- devenir, à l'hôpital général, véritablement
indépendante de l'urgence somatique avec le risque que se reconstitue
un ghetto psychiatrique, et pour le patient d'échapper à
l'évaluation somatique
Tout en évitant cette autonomie, une individualisation des moyens
budgétaires préservera de l'absorption des moyens de l'urgence
psychiatrique par l'urgence somatique, toujours ressentie comme prioritaire
car pouvant jouer sur la vie et la mort.
3ème proposition :
A partir du bilan national effectué et des propositions de seuil
définies, les moyens à affecter à la psychiatrie
dans le cadre des urgences pourraient être quantifiés nationalement
et régionalement et affectés à un budget spécifique.
4ème proposition :
la présence d'un personnel spécialisé ne devra
pas faire négliger l'importance majeure de la connaissance approfondie
des problèmes psychiatriques par les médecins urgentistes,
ce dont leur formation devra tenir compte.
De même, pour le personnel infirmier ; problème accentué
depuis la suppression d'une filière de formation spécialisée
et, si les infirmiers spécifiquement affectés à
la psychiatrie devront avoir une expérience antérieure
professionnelle approfondie, une sensibilisation dans le cadre de la
formation professionnelle devrait concerner tout le personnel infirmier
des urgences.
Remarque :
L'organisation de l'urgence en général, comme de l'urgence
psychiatrique, ne peut se concevoir sans une adaptation des structures
d'aval.
En ce qui concerne l'urgence psychiatrique à l'hôpital
général, elle est à l'interface de trois dispositifs
; elle a donc comme structures d'aval :
- l'hôpital général : l'urgence psychiatrique doit
rester intégrée aux urgences générales et
bénéficier des mêmes structures hospitalières
avec parfois des unités d'hospitalisation psychiatrique.
- le secteur psychiatrique :
* nous avons vu que s'il est nécessaire qu'il y ait un psychiatre
coordonnateur de l'urgence, la présence solidaire de psychiatres
de secteur reste une nécessité.
* l'adaptation du secteur, l'élargissement du champ de la psychiatrie,
de nouvelles pratiques comme l'urgence, auront nécessairement
un retentissement sur l'organisation et la définition du secteur
; ses buts, son champ d'application, son organisation, l'équilibre
intra et extra-hospitalier.
- le champ social : c'est un problème d'aval extrêmement
important.
L'outil social ne paraît pas dimensionné à la hauteur
des problèmes à traiter, et il doit être aussi reconsidéré
dans ses objectifs qui doivent intégrer le champ de la santé
mentale au sens large, donc aussi dans ses modes de prise en charge
et les métiers qui le constituent..
A tout le moins; la présence d'assistants sociaux au service
des urgences est indispensable.
Rapport rédigé par Jean-Raoul CHAIX
Chef de service
Centre Hospitalier Spécialisé de Bourges
(validé par le groupe le 6 septembre 2001)
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ANNEXE 4 : PROPOSITIONS POUR LES URGENCES
PEDIATRIQUES
- Introduction : faits et objectifs
L'accroissement des urgences de l'enfant est plus important que celui
des urgences de l'adulte. La collaboration est indispensable entre les
différents professionnels concernés : pédiatres,
urgentistes polyvalents, chirurgiens, anesthésistes, médecins
généralistes mais aussi parents. Le degré d'individualisation
des urgences pédiatriques doit tenir compte du découpage
actuel des urgences en POSU, UPATOU, SAU, et des circuits d'urgences
pédiatriques déjà existants. Le maintien de relations
fonctionnelles étroites entre urgences préhospitalières
pédiatriques, accueil des urgences pédiatriques, unité
d'hospitalisation pédiatrique " porte " et/ou d'hospitalisation
de jour, services d'hospitalisation pédiatriques et consultations
est une nécessité absolue. Les urgences sont un lieu d'accueil
d'évaluation ,parfois de traitement et d'orientation. Le regroupement
des urgences médicales chirurgicales et psycho-sociales de l'enfant
est souhaitable. L'accueil des adolescents doit faire l'objet d'une
analyse particulière et de procédures de protocoles définis
ensemble par les urgences adultes et enfants, somatiques et psychiatriques,
dans chaque établissement. Les urgences de l'enfant doivent faire
l'objet d'une analyse particulière dans les SROS de troisième
génération.
Ils doivent être dédiés et adaptés à
l'accueil des enfants et de leurs familles. Leur organisation doit faire
l'objet d'une réflexion commune entre pédiatres et urgentistes,
en tenant compte du contexte géographique et historique de chaque
établissement.
- Le personnel médical et paramédical :
Les urgences de pédiatrie doivent faire l'objet d'affectation
de personnel dédié. La participation de l'ensemble des
équipes de pédiatrie aux urgences doit être encouragée,
en accord avec le service d'urgences polyvalent. Les urgences de pédiatrie
peuvent faire l'objet de la création d'une unité fonctionnelle
si cela est nécessaire à l'optimisation des moyens.
Il doit permettre la prise en charge depuis l'âge du nourrisson
jusqu'à l'adolescence comprise des détresses vitales,
des pathologies médicales et chirurgicales, des problèmes
psycho-sociaux et psychiatriques. Des protocoles de traitement spécifiques
de l'enfant, actualisés, validés et signés devront
être disponibles et facilement accessibles. La prise en charge
de la douleur et de l'accueil de l'enfant et de ses parents, fera l'objet
de protocoles particuliers.
- LES UPATOU (Unité de Proximité d'Accueil de Traitement
d'Orientation des Urgences)
Pour les établissements ne disposant pas de service de pédiatrie
(la plupart des Unités de Proximité) l'accueil des urgences
pédiatriques doit se faire par le personnel médical et
paramédical permanent des urgences en insistant particulièrement
sur les points suivants :
- Accord de collaboration en réseau faisant l'objet de procédures.
- Nomination d'un pédiatre référent désigné
au sein du SAU ou du POSU.
- Assurance d'une réponse par un senior référent
24 heures sur 24 en cas de difficulté à l'UPATOU.
- Mise en place d'un comité de suivi et d'évaluation pour
améliorer les organisations et corriger les dysfonctionnements.
- Mise en place de formations et de protocoles.
- LES SAU (Service d'Accueil et d'Urgences)
1 - Création de circuits et de sites d'accueil spécifiques
pour les urgences pédiatriques médico-chirurgicales et
psycho-sociales, quel que soit le mode d'organisation retenue.
2 - Mise à disposition de personnel paramédical auprès
des enfants (personnel du SAU et/ou personnel du service de pédiatrie)
par collaboration entre les deux services, en fonction du contexte local.
3 - Personnel médical dédié :
- soit pédiatres.
- soit généralistes
- soit urgentistes
4 - Organisation :
- En cas de nombre de passages d'enfants faible (< 6000 par an) :
si l'équipe du service de pédiatrie ne peut organiser
l'accueil des enfants, leur prise en charge pourra être assurée
par le SAU. Le service de pédiatrie doit nommer un pédiatre
référent (tableau de service) pour pouvoir répondre
à toute demande urgente émanant des médecins du
SAU, de jour comme de nuit.
- En cas de nombre important de passages par an ( de l'ordre de plus
de 6000 passages d'enfants par an) : création éventuelle
d'UF d'accueil pédiatrique avec nomination d'un pédiatre
responsable de l'UF. La responsabilité médicale de l'UF
doit être assurée par ce pédiatre. Ce pédiatre
doit rendre compte aux chefs des services de pédiatrie et des
urgences et obtenir avec eux les moyens nécessaires. Pour que
l'organisation s'intègre harmonieusement avec celle définie
par le Chef du Service de SAU, une collaboration entre les deux services
est indispensable : l'organisation en fédération ou département
doit être encouragée. Dans tous les cas l'UF d'accueil
pédiatrique doit rester en liaison avec le service de pédiatrie
(participation de l'ensemble des pédiatres au service de garde)
mais doit s'intégrer dans l'organisation globale du SAU.
- POSU :
Les urgences sont sous la responsabilité pleine et entière
des pédiatres et chirurgiens pédiatres qui doivent trouver
selon les spécificités locales la meilleure articulation
avec les pédiatres des différents services de l'hôpital.
Ces POSU sont les centres de référence pour la pédiatrie.
Il doit en exister au moins un par région. Ils doivent être
présents dans un environnement immédiat de surspécialistes
pédiatres. Ils se justifient aussi par le flux important d'urgences
courantes qu'ils accueillent. Ils doivent donc avoir aussi les moyens
de répondre à ces flux importants.
- Evaluation
Dans tous les cas des réunions cliniques et un comité
de suivi et d'évaluation, des formations seront mis en place
dans le but d'améliorer les organisations et de corriger les
dysfonctionnements entre les différents partenaires de l'urgence.
Les urgences de l'enfant doivent faire l'objet d'un rapport annuel à
la Commission des gardes et astreintes, transmis à la CME.
Rapport rédigé par le Dr Daniel Cau
Chef de service de Pédiatrie au
Centre Hospitalier de Cherbourg
( validé lors de la réunion du 15/11/2001)
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