EDITORIAL - OFFICIEL SANTE; Juillet 2003:
La réforme sans doute, la réforme sans dupes !

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Quand il s'agit de réformer l'hôpital, le réflexe des administrations est en général technocratique : on crée des structures ! Leur taille, leurs organigrammes, leur répartition font les délices de notre technocratie. On découpe, on façonne les grands et petits pouvoirs.

La réforme de l'hôpital mérite mieux. C'est d'ailleurs sur ce constat que les réformes majeures ont vu le jour : création des CHU en 1958 par la volonté de rassembler autour de missions d'enseignement de soins et de recherche ; réforme de 1970 avec irruption du plein temps hospitalier dans les centres hospitaliers ; évaluation en 1996.
Le malade circule de structures en structures et ce qui est important c'est moins les structures que les interfaces, les connexions, les continuités de prise en charge. A ce titre les rapports nouveaux entre la ville et l'hôpital doivent être établis.

Mais dans l'hôpital même n'est il pas indispensable de refonder l'unité de la médecine ?
Le médecin, interlocuteur premier du malade, doit être au centre de la responsabilité de cette prise en charge globale. Depuis plusieurs années, une évolution désastreuse a conduit à parcelliser, à morceler le travail médical à l'hôpital. Les raisons de ce symptôme sont multiples et les médecins ne sont pas exempts des méfaits de certains corporatismes. Mais les administrations hospitalières et plus généralement les gouvernants, ont trouvé bien des aubaines pour casser la responsabilité médicale.

La mise en œuvre dans des conditions fort peu satisfaisantes de la réduction du temps du travail et de la directive européenne, participe à cette action et à cette organisation tayloriste du travail à l'hôpital. Il est temps de changer les choses. A titre d'exemple chaque malade arrivant à l'hôpital par les consultations ou par les urgences devrait disposer d'un médecin globalement référent lors du séjour du malade. Cette responsabilité, base de la confiance générale dans le système, ne peut être déléguée à un membre de l'équipe paramédicale ou à un cadre. Elle doit être reconnue.
La réorganisation hospitalière devra s'appuyer sur une révolution démographique et des moyens financiers suffisants. Le lecteur trouvera dans le dossier " Hôpital 2007 ", une base documentaire et, par l'intermédiaire d'un questionnaire, matière à expression personnalisée.

La concertation qui va s'ouvrir à la rentrée est essentielle. Le statut quo est impossible. Mais la dérive vers un hôpital privatisé est aussi incompatible avec des objectifs de santé publique. Nous devons donc être prêts au changement. Changer c'est forcément prendre des risques. Nous ne pouvons nous satisfaire ni du conservatisme des intérêts purement catégoriels ni de la braderie de principes qui fondent notre engagement à l'hôpital public. Les premiers arbitrages semblent permettre qu'un climat de confiance prévale au début de cette concertation. Jean François MATTEI a, au décours des rencontres que nous avons eues avec lui, entendu l'exigence de la CMH de maintenir une position de nomination indépendante des médecins et pharmaciens des hôpitaux.

Nous allons aborder la négociation avec une véritable volonté de changer les choses mais aussi de fortes exigences : La promotion de la compétence par l'intermédiaire d'un concours national de médecins, chirurgiens, biologistes et pharmaciens des hôpitaux est indispensable. Une responsabilité médicale retrouvée tant au plan qu'individuel que collectif, est un deuxième objectif. Trouver enfin au travers d'une politique contractuelle équilibrée une définition nouvelle des droits et devoirs dans le respect absolu des statuts est un challenge. Nous devons y parvenir.


F Aubart

Président de la CMH

 

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