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Programme santé des deux candidats

examen
comparatif retrospectif


S’il existe des convergences entre les propositions des deux principaux candidats, elles masquent une approche sensiblement différente de la politique de santé.

 

Avec une égale fermeté, Jacques Chirac et Lionel Jospin rejettent tout système qui remettrait en cause le principe de solidarité. L’un, en affirmant son attachement « au dialogue social et à la vie conventionnelle », et l’autre en prônant la voie d’un « paritarisme rénové » de l’Assurance maladie, où « doivent être précisés » les rôles de chacun dans la gestion du système de santé. Et comme en complément, les deux candidats avancent la création d’agences régionales de santé (ARS). Pour Jacques Chirac, celles-ci se verraient assigner trois grands objectifs : « sortir du cloisonnement artificiel entre la ville et l’hôpital, développer les réseaux de soins au plus près des réalités locales, assurer la participation des professionnels à la gestion du système de soins ». Pour Lionel Jospin, ces instances nouvelles « devront progressivement avoir compétence pour l’ensemble du champ sanitaire », via la dotation d’enveloppes financières spécifiques. Leur mise en place impliquerait aussi que soient favorisées « les logiques de terrain, comme les réseaux de santé, autour d’une population ou d’une pathologie », et pourrait donner lieu au lancement de futurs « plans régionaux d’équipement en IRM, en scanners et en appareils de radiothérapie » à destination des établissements de soins.
Même consensus sur la ”maîtrise comptable” des dépenses : la parenthèse doit être refermée pour les deux principaux candidats à l’Elysée.
Jacques Chirac propose donc de « revenir aux objectifs » de la réforme Juppé de 1996 en instaurant une loi de programmation quinquennale et en garantissant la crédibilité de l’Ondam présenté au Parlement par une évaluation préalable des besoins par la Conférence nationale de santé. Récemment officialisées par la loi sur les droits des malades, ces mesures figurent aussi dans le projet adverse, avec un supplément : création d’une « cellule prospective » pour anticiper l’évolution de la médecine et des techniques et d’un Haut Conseil de la santé pour définir en conséquence des priorités pluriannuelles de santé.

Egale encore est l’importance attachée au développement de la prévention dans les programmes des deux principaux candidats. Pour Jacques Chirac, celui-ci passe par l’institutionnalisation de l’éducation à la santé à l’école et par l’ouverture d’un droit pour tous à des bilans de santé périodiques « autour du médecin de famille », dans le cadre d’un plan quinquennal. De son côté, Lionel Jospin entend renforcer « l’effort d’éducation à la santé », promouvoir la médecine du travail et généraliser les actions de dépistage, notamment en direction des maladies cancéreuses.
Si l’amélioration de la prise figure au menu des deux candidats, les propositions divergent cependant sur la question des moyens : là où Lionel Jospin avance une simple augmentation des remboursements garantis par la CMU, en particulier pour les prothèses dentaires, Jacques Chirac préconise l’instauration d’un régime de déductibilité fiscale pour « aider des familles à revenus modestes et les retraités à prendre une mutuelle ou une assurance complémentaire maladie ».
A l’égard des médecins libéraux aussi, les candidats adoptent des positions sensiblement nuancées. Ainsi pour Jacques Chirac, le développement des bonnes pratiques médicales et la revalorisation de l’acte à 20 euros seront « au cœur des discussions conventionnelles qui devront s’ouvrir après les élections ». Plus réticent en apparence, Lionel Jospin se refuse à concéder l’augmentation directe de la consultation, rappelant aux généralistes que « même pour la santé, on ne peut dépenser sans compter ». Non sans leur proposer de prendre en compte la part ”non chiffrable” de l’acte sous la forme d’une rémunération forfaitaire. Celle-ci serait négociée « dans le cadre d’un contrat pluriannuel » et scellerait un « pacte de confiance » entre ces professionnels et l’Etat.
Reste le secteur hospitalier. Parce qu’elles ont contribué à créer une situation « d’embolie, pour ne pas dire de paralyser », Jacques Chirac y suggère une de réévaluer les conditions « pour une part improvisées » du passage aux 35 heures et de « prendre sur cette base les mesures nécessaires ». Pour Lionel Jospin, pas question de revenir sur la RTT. Au contraire, l’application de la réforme pourrait donner lieu à la mise en œuvre de « contrats de gestion » par service et par établissement, ainsi qu’à une évolution « de la reconnaissance des statuts et des compétences des différents personnels ».
Enfin, de nouveaux moyens seront alloués aux hôpitaux, sous la forme d’un plan d’investissement quinquennal pour le leader RPR, ou de programmes contractuels individuels pour son rival socialiste.

Maxime Forciolli

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