RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
MINISTÈRE DE LA SANTE, DE LA FAMILLE ET DES PERSONNES HANDICAPEES
DIRECTION DE L'HOSPITALISATION ET
DE L'ORGANISATION DES SOINS
Sous-direction de l'organisation
du système de soins
Le ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées
A
Mesdames et Messieurs les directeurs des agences régionales
de l'hospitalisation
(pour exécution et diffusion)
Madame et Messieurs les préfets de régions
Directions régionales des affaires sanitaires et sociales
(pour information)
Mesdames et Messieurs les préfets de départements
Directions départementales des affaires sanitaires et sociales
(pour exécution)
Date d'application :
NOR : (texte non paru au journal officiel)
Grille de classement :
Mots-clés : permanence des soins - urgences pré-hospitalières
- services d'urgence hospitaliers
Décret n° 95-648 du 9 mai 1995 relatif à l'accueil
et l'orientation des services d'urgence
Décret n° 97-616 du 30 mai 1997
Décret 2000-1220 du 13 décembre 2000
Circulaire n° du 2002 relative à la prise en charge des
personnes âgées.
Circulaire n° du 2003 relative à la prise en charge des
enfants et des adolescents aux urgences.
Circulaire n° du 2003 relative aux missions de l'hôpital
local
Le nombre de passages aux urgences s'est élevé à
presque 13 millions en 2000. La participation des établissements
de santé privés à la prise en charge des urgences
augmente: de 10% en 2000, ils prennent aujourd'hui en charge plus
de 13% des urgences hospitalières. Le nombre de passages
aux urgences dans les établissements publics a crû
de 58 % entre 1990 et 2000, soit une progression annuelle de 4,7
%. De même, les appels d'urgence au centre 15 n'ont cessé
d'augmenter ces dernières années ; dans plus de 30
% des cas, la réponse apportée consiste en une information
et/ou un conseil médical.
Cette augmentation traduit de nouveaux comportements des usagers,
qui souhaitent bénéficier de consultations non programmées
pour des soins qui ne revêtent pas toujours un caractère
d'urgence. Les premiers résultats d'une enquête réalisée
par la Direction de la Recherche, de l'Evaluation, des Etudes et
des Statistiques montrent que trois-quarts des usagers se présentant
aux urgences viennent directement, sans contact médical préalable
et que seuls 20% de ces passages donnent lieu à une hospitalisation.
Face à ce constat, il est apparu indispensable d'apprécier
l'organisation d'ensemble de la prise en charge des urgences pré-hospitalières
et hospitalières, ainsi que la place et le rôle des
différents acteurs afin d'apporter des réponses adaptées
aux besoins de la population.
La prise en charge des urgences dans les établissements
hospitaliers a constitué une priorité de santé
publique dans toutes les régions, qui ont élaboré
un volet urgences dans leur SROS de 2ème génération.
Toutefois, certains dysfonctionnements continuent à perturber
l'organisation des services d'urgence. Les causes en sont multiples
: une médecine ambulatoire qui doit se réorganiser
pour assurer la permanence des soins, l'afflux continu de patients,
des problèmes d'organisation interne à l'hôpital
et surtout des difficultés constantes à trouver des
lits d'aval (notamment de court séjour) permettant de désengorger
les urgences. Ces éléments expliquent des délais
d'attente excessifs, des services d'urgence débordés
et l'état de fatigue et de tension de nombreux personnels.
Les difficultés d'organisation de la prise en charge des
soins urgents et non programmés ont incité le Ministère
à engager une réflexion visant à améliorer
certaines dispositions des décrets de 1995 et 1997 relatifs
aux services d'urgence. Les travaux en cours portent notamment sur
la typologie des services assurant cette mission et leurs modalités
de fonctionnement.
La présente circulaire a pour objet de préciser les
modalités de prise en charge des patients en attente de soins
urgents, de sa demande initiale à l'issue de celle-ci.
I/ Principes généraux
1.1. Définition des missions relevant de la permanence
des soins et de celles relevant des services d'urgence.
Le rapport issu des travaux des groupes de réflexion sur
les urgences, qui ont été constitués en mars
2001 dans le cadre de l'application des protocoles des 13 et 14
mars 2000, met en avant le fait que la notion "d'urgence"
fait l'objet d'une extrême ambiguïté, source de
confusion entre les missions des acteurs intervenant dans sa prise
en charge. En effet sous le terme urgent, on entend très
souvent des soins non programmés ou des soins ressentis comme
urgents par la population, mais qui n'engagent pas en réalité
le pronostic vital.
Ce rapport propose une typologie des besoins de soins exprimés
en urgence, qui montre leur grande hétérogénéité,
quant à leur degré réel d'urgence et quant
aux moyens qu'ils appellent.
D'abord, l'urgence où le pronostic vital est engagé
et qui exige, quels que soient l'endroit ou les circonstances, l'intervention
immédiate de moyens médicalisés lourds de type
S.M.U.R. avec ses partenaires éventuels et en particulier
les services d'incendie et de secours.
Ensuite, l'urgence de la " demi-heure ", qui appelle dans
ce délai la présence d'un médecin ayant les
compétences et les moyens d'intervenir. Là où
ils existent, les associations ou les réseaux de médecins
formés à l'urgence ont capacité à couvrir
ce type de besoin, en coordination avec la structure de l'aide médicale
urgente et des autres moyens qu'elle peut, le cas échéant,
mobiliser.
Troisième besoin de soins exprimé en urgence : la
situation qui appelle dans un délai relativement rapide,
mais non immédiat, la présence d'un médecin.
Cette demande relève prioritairement de la permanence des
soins assurée par les médecins libéraux.
Quatrième demande : le conseil. Il faut distinguer ce besoin
de la simple demande de renseignement (pharmacie de garde, interprétation
d'un résultat de biologie, etc.). Il s'agit d'une part de
plus en plus prépondérante tant des appels aux médecins
généralistes et urgentistes qu'aux S.A.M.U./Centre
15 : cette mission contribue souvent à réorienter
ce qui est ressenti comme une urgence vers une programmation des
soins ou une dédramatisation du ressenti du patient ou de
sa famille.
Aujourd'hui de nombreuses réponses à ces demandes
de soins non programmés, voire urgents, sont offertes à
la population. Une clarification du rôle et des missions de
chacune de ces structures devient nécessaire, afin de garantir
une réelle clarté pour les usagers du système
de soins.
Dans ce système de soins, une organisation efficiente implique
a priori que les services d'urgence aient vocation à dispenser
des soins urgents et non à assurer la prise en charge des
soins non programmés, notamment médicaux. En effet,
la mission des urgentistes n'est pas d'apporter des soins relevant
de la médecine de ville. La formation reçue par les
médecins urgentistes et leur investissement pour cette discipline,
impliquent qu'ils puissent se consacrer aux pathologies relevant
de la médecine d'urgence. Reste qu'il est difficile de limiter
l'afflux de patients qui ne nécessitent pas de soins véritablement
urgents dans les services d'urgence hospitaliers.
1.2. Prise en charge globale et continue des besoins du patient
L'hétérogénéité des cas médicaux
présentés par les patients affluant, majoritairement
de façon spontanée, aux urgences et leur nombre à
certains moments de la journée posent inévitablement
le problème de l'orientation et du tri, de la différenciation
dans les prises en charge et de l'estimation de l'état de
santé réel. Cela crée à certaines heures
une véritable désorganisation qui accroît à
la fois le stress des personnels, l'agressivité des patients,
les risques d'erreur médicale et par conséquent les
délais d'attente.
Un des objectifs d'une organisation pertinente est que le patient
puisse bénéficier de soins appropriés à
sa pathologie et, le cas échéant, d'une hospitalisation
dans un service adéquat. A cette fin, les services d'urgence
doivent organiser une prise en charge adaptée des populations
spécifiques, voire mettre en place un accueil particulier.
Le service d'urgence, porte d'entrée des usagers dans l'hôpital,
doit être le lieu privilégié d'orientation vers
une filière de soins. (cf. infra)
Il est en effet indispensable d'organiser des filières permettant
le transfert direct et immédiat des patients présentant
des pathologies spécifiques vers les plateaux techniques
disposant des compétences et des équipements requis
et au sein desquels ils doivent être admis directement. Leur
chance de survie en dépend.
L'exemple de l'infarctus du myocarde est significatif. La prise
en charge médicalisée précoce (inférieure
à 3 heures) conditionne grandement le pronostic. Elle permet
la mise en route du traitement thrombolytique et la conduite vers
un centre possédant un plateau technique adapté pour
les explorations coronaires ouvert 24h/24h. Dans un premier temps
il faut donc identifier ces centres et examiner leur répartition.
La même situation est à envisager en ce qui concerne
la prise en charge des AVC et leur conduite vers un plateau technique
adapté permettant l'accès à une IRM et à
une unité spécialisée de neurologie. L'organisation
des soins qu'il convient de mettre en place dans ce domaine fera
prochainement l'objet d'une circulaire.
Ce sont deux exemples de réelles urgences médicales
dont le pronostic est directement lié à la rapidité
et à la qualité de la prise en charge et au transfert
direct vers le centre spécialisé.
1.3 Inclure dans la réflexion, la notion de projet de territoire
et l'utilisation des technologies de l'information et de la communication
(T.I.C.)
Il n'est plus possible aujourd'hui de raisonner à l'échelle
de chaque établissement pour aborder les questions d'accès
aux soins et de permanence. C'est à l'échelle de territoires
de santé au sein de secteurs sanitaires, et en-deçà
ou au-delà parfois, qu'il convient d'inscrire l'organisation
des soins et notamment la réponse aux demandes de soins urgents
par tous ceux qui y concourent.
Le territoire jugé pertinent par l'ARH, après une
étude de l'attractivité des zones doit constituer
pour les différents acteurs sanitaires hospitaliers publics
et privés un espace d'animation d'un projet médical
de territoire, qui doit permettre de mutualiser des réponses
aux besoins de la population contenue dans la zone couverte.
Le SROS doit contenir une cartographie de chacun de ces territoires
indiquant l'analyse des flux, la nature des coopérations
et les lieux de permanence des soins identifiés et donnant
lieu à des projets médicaux de territoire.
Par ailleurs, une amélioration notable de la qualité
des soins peut être apportée par l'utilisation des
T.I.C, dans le cadre d'une coordination renforcée entre les
professionnels de santé, en amont et en aval des urgences.
Le volet pré-hospitalier sera amélioré par
une meilleure transmission des informations recueillies par les
équipes médicales et paramédicales sur le lieu
de la détresse et pendant le transfert en ambulance. Ces
modalités de transmission d'informations médicales
apportent un gain de chance au patient en améliorant la qualité
de sa prise en charge dès son arrivée dans un service
d'urgence.
Il est évident que l'organisation des structures de soins
en réseau et les télétransmissions d'informations
de nature médicale sont à même de structurer
l'organisation des soins permettant une égale accessibilité
à des soins de qualités pour tout citoyen à
l'instar de nombreuses applications existantes concernant les urgences
et la neurochirurgie, la neuroradiologie et la traumatologie dans
un grand nombre de régions.
Recommandations :
1) Clarifier dans chaque région, le rôle et
les missions des structures et des professionnels concernés
2) Organiser les urgences dans le cadre de projet médical
de territoire répondant aux besoins d'une population.
3) Améliorer la qualité des soins par l'utilisation
des technologies de l'information et de la communication
4) Organiser des filières permettant le transfert direct
et immédiat des patients présentant des pathologies
spécifiques
II / Organisation de la prise en charge pré-hospitalière
des soins non programmés et urgents
Une organisation de la prise en charge en amont des établissements
de santé autorisés à l'accueil et au traitement
des urgences permettrait d'éviter le recours systématique
et parfois médicalement injustifié aux urgences.
2.1. Permanence des soins de la médecine de ville
Le nombre de passages aux urgences hospitalières est, dans
une certaine mesure, lié à l'organisation de la permanence
des soins, y compris en ville. L'enquête réalisée
par la DREES montre que si 87% des usagers bénéficient
d'un médecin traitant, seuls 23% ont cherché à
le contacter avant de se présenter aux urgences. Il est donc
souhaitable qu'une démarche soit entreprise en vue de réinsérer
le patient dans l'offre de soins classique assurée par les
cabinets de ville.
2.1.1. Les principes d'organisation de la permanence des soins
La permanence des soins de ville a pour objectif d'organiser un
premier niveau d'accès aux soins, pour des demandes de soins
non programmés exprimés en dehors des horaires d'ouverture
des cabinets des médecins de ville. Les services d'urgence
ne doivent se substituer à la mission relevant de la médecine
généraliste qu'en l'absence de médecin pour
assurer cette permanence des soins.
L'article L.6325-1 du code de la santé publique prévoit
que, sous réserve des missions dévolues aux établissements
de santé, les médecins conventionnés, dans
le cadre de leur activité libérale, et ceux exerçant
en centre de santé, participent, dans un but d'intérêt
général, à la permanence des soins, dans des
conditions et selon des modalités d'organisation définies
par un décret en Conseil d'Etat.
Des textes réglementaires fixant les modalités d'organisation
générale de la permanence des soins, les conditions
de participation des médecins libéraux à cette
permanence ainsi que la répartition des compétences
en matière d'organisation entre les différents acteurs
seront publiés en 2003.
Les conditions dans lesquelles la sectorisation et la garde devront
être organisées font l'objet de discussions au sein
du groupe de travail présidé Charles Descours et donneront
lieu à la publication de textes réglementaires.
2.1.3.Régulation des appels téléphoniques
relevant de la permanence des soins de la médecine de ville
Il est souhaitable de mettre en place une régulation des
appels relevant de la permanence des soins, qui répondra
aux critères suivants :
· une centralisation des appels de permanence des soins ;
· une régulation des appels, qui doit être organisée
par les généralistes eux-mêmes ;
· une procédure formalisée entre les secteurs
de permanence des soins et la régulation libérale
pour garantir la fiabilité de la réponse locale et
la bonne orientation à partir de la régulation.
Cette régulation devra de préférence être
assurée au sein du centre 15.
Si une telle entente ne peut être trouvée, les moyens
technologiques actuels permettent l'interconnexion des lignes, qui
doit être un élément minimum de la mise en commun
des moyens dans un même objectif : la prise en charge efficiente
des patients.
2.1.4. Les maisons médicales
Aujourd'hui, les maisons médicales se développent
sur l'ensemble du territoire. Elles répondent à l'évolution
des comportements des usagers et des médecins libéraux.
Les maisons médicales existantes sont très hétérogènes
en termes de modalités de fonctionnement. Certaines ont pour
objectif d'être complémentaires du service d'urgence,
d'autres constituent une modalité d'organisation de la permanence
des soins des médecins libéraux, voire un mode d'exercice
de la médecine générale.
La création d'une maison médicale est particulièrement
intéressante dans certains contextes. Un document d'aide
à la décision d'implantation d'une maison médicale
est joint en annexe. Il met l'accent en particulier sur les éléments
suivants:
ü réponse à un besoin identifié et évalué;
ü horaires d'ouverture;
ü plateau technique.
S'agissant de ce dernier point un plateau technique supérieur
(radiologie ou biologie) à celui dont dispose un cabinet
libéral ne s'impose pas dans les maisons médicales
et doit en tout état de cause faire l'objet d'une évaluation
entre tous les partenaires concernés.
Le cas échéant, l'aide financière de l'ARH
doit être ciblée sur les maisons médicales dont
le projet est articulé avec le service d'urgence hospitalier.
En effet, plus la maison médicale est articulée avec
ce dernier, plus l'impact sur le flux de passages est perceptible.
A cette fin la rédaction d'un protocole définissant
les conditions de réorientation éventuelle des patients
est essentielle. Un schéma d'aide à la décision
élaboré par les médecins urgentistes, les médecins
des services de soins concernés et les médecins de
la maison médicale permet de clarifier les situations dans
lesquelles la réorientation, décidée par l'infirmière
d'accueil et d'orientation, validée par un médecin
sénior, ne soulève pas de difficulté. En cas
de doute, les services d'urgence assurent la prise en charge du
patient.
L'intérêt de son orientation vers la maison médicale
doit être expliqué au patient, qui doit l'accepter.
A cette fin, il est préférable que, dans la mesure
du possible, la maison médicale soit située à
proximité de l'établissement de santé, ce qui
facilitera l'acceptation de cette réorientation par le patient.
Evidemment, cette réorientation n'est jamais obligatoire
: en cas de refus du patient de se rendre à la maison médicale,
sa prise en charge est assurée par le service d'urgence.
Quoi qu'il en soit, il est indispensable qu'une complémentarité
puisse s'instaurer entre ces structures et les services d'urgence.
La création de maison médicale doit être coordonnée
avec l'offre de soins existante.
2.2. SAMU / SMUR (à compéter)
Pour répondre aux situations d'urgence, les SAMU assurent
une écoute médicale permanente.
2.2.1.Travail en réseau des SAMU
La gravité ou la complexité de la pathologie du patient
peut parfois nécessiter l'avis d'un médecin spécialisé
voire la régulation par celui ci. Il est donc souhaitable
que des médecins spécialistes participent à
la régulation médicale. Toutefois, le nombre d'appels
nécessitant une régulation spécialisée
n'est pas suffisamment important pour justifier la présence
de spécialiste au sein de chaque SAMU. Dès lors, le
développement d'un réseau entre les différents
SAMU est envisageable.
A cette fin, l'équipe médicale d'un SAMU doit être
renforcée par la présence de médecins spécialistes
( pédiatre, cardiologue, psychiatre
). Ce SAMU viendrait
en renfort des autres SAMU, lorsque la pathologie de la victime
nécessite une régulation par un médecin spécialiste,
une conférence téléphonique entre le médecin
régulateur du département, le médecin spécialiste
et le patient étant alors établie. Les protocoles
de recours à ce SAMU seront formalisés et pourront
définir les types de spécialités concernées
ainsi que les heures de présence des spécialistes.
Ces réseaux entre les différents SAMU bénéficieront
de l'apport des technologies de l'information et de la communication,
par l'utilisation d'outils adaptés.
2.2.2 Mutualisation en cas de faible activité la nuit.
A certaines heures, la faiblesse de l'activité de quelques
SAMU et les moyens qui sont mis à leur disposition pour remplir
leurs missions, sont parfois incompatibles avec la qualité
du service à rendre aux usagers.
Il pourrait donc être envisagé une mutualisation des
ressources sur certaines plages horaires. Ainsi, sous réserve
de la mise en uvre des moyens techniques adéquats (transfert
de lignes, mise à disposition de documentation
), un
SAMU pourrait assurer la régulation durant la nuit sur plusieurs
territoires (départements, secteurs,
)
2.2.3 Participation des médecins libéraux à
la régulation du centre 15
Une régulation efficace des appels contribue très
largement à améliorer l'organisation des soins. Tous
les acteurs concernés par la permanence et les soins d'urgence,
y compris les praticiens libéraux, doivent donc y participer.
Les dispositions du décret n°87-1005 du 16 décembre
1987 prévoient ainsi la participation des médecins
d'exercice libéral au dispositif d'aide médical urgente
selon des modalités prévues par convention.
2.2.4 Interconnexion des lignes
La mise en uvre d'une réponse adaptée aux besoins
du patient, nécessite des relations étroites entre
les centres de réception et de régulation des appels
(CRRA) du SAMU et les centres de traitement de l'alerte (CTA). Ces
relations sont assurées grâce à l'interconnexion
des deux dispositifs de traitement des appels.
Il faut rappeler que l'article L.6112-5 du code de la santé
publique prévoit l'interconnexion du 15 et du 18. Il n'est
en effet pas souhaitable de multiplier les numéros de téléphone
d'accès aux soins d'urgence.
Tout déclenchement d'une opération de secours à
victimes impliquant les deux services doit être accompagné
d'une information opérationnelle réciproque. Cette
information mutuelle concerne non seulement la retransmission initiale
des données de l'alerte, mais également le déclenchement
des opérations et leur suivi. Lorsqu'un service prend seul
en charge une intervention dont l'alerte lui a été
retransmise par l'autre, il est indispensable que celui-ci communique
au centre ayant transmis l'appel, le type de moyen qu'il a déclenché
ainsi que les délais d'intervention de ce moyen. La présentation
des moyens sur les lieux de l'intervention fera l'objet d'une information
mutuelle entre les services.
Les moyens de mettre en place l'interconnexion des lignes, en définissant
les modalités de la réponse aux appels, doivent être
donnés aux services d'aide médicale urgente.
2.2.5 Dispositif de médecins correspondants du SAMU :
réduire les délais d'intervention sans retarder le
départ de l'équipe SMUR
Ce mode de prise en charge des urgences doit être développé
dans les territoires enclavés, dans lesquels le SMUR ne peut
pas intervenir en moins d'une demi-heure (trois-quarts d'heure ?
à discuter au sein du groupe) ou lorsqu'une trop faible activité
ne justifie plus la présence d'un SMUR. L'objectif de ce
dispositif est de garantir une prise en charge des patients rapide
et de qualité jusqu'à l'arrivée du SMUR. Ces
dispositifs sont particulièrement adaptés aux zones
rurales et permettent une réponse adéquate en moins
de trente minutes (quarante-cinq minutes ? à discuter au
sein du groupe), quel que soit le point du département.
Un équipement minimum, notamment un défibrillateur,
doit être mis à disposition des médecins, qui
doivent être formés à son utilisation et aux
gestes d'urgence. Cette formation doit être dispensée
sous la responsabilité du SAMU.
2.3. Organisation des transports sanitaires pré-hospitaliers
et inter-établissements
Face aux difficultés rencontrées par le SAMU centre
15 pour trouver une ambulance disponible quand il y a besoin d'envoyer
rapidement un transport sanitaire, le ministère de la santé
a engagé divers travaux avec les professionnels ambulanciers
pour améliorer la réponse ambulancière à
l'urgence.
Une circulaire est en cours de préparation avec le ministère
de l'intérieur pour clarifier les missions respectives des
SAMU, des services d'incendie et de secours et des ambulanciers
privés.
Afin de mieux répondre aux demandes de transports sanitaires,
les nuits, week-end et jours fériés, le service de
garde ambulancière va être revu en 2003. Des véhicules
sanitaires seront mis à la disposition exclusive du centre
15 pendant la garde. De plus, les liens entre le SAMU et les ambulanciers
seront renforcés par la présence auprès du
CRRA d'un ambulancier chargé de coordonner toutes les demandes
de transports sanitaires pendant la garde.
Enfin, un protocole d'accord signé le 16 décembre
dernier entre les fédérations ambulancières
et hospitalières, visant à mieux organiser les transports
programmés, devrait permettre de donner plus de disponibilité
aux ambulanciers pour répondre aux demandes de transports
inopinés du SAMU dans la journée.
Par ailleurs, certaines régions développent des expériences
d'organisation des transports pré-hospitaliers, consistant
en une réponse graduée, coordonnée par le centre
15, faisant intervenir des véhicules légers para-médicalisés.
Il faut préciser qu'il ne s'agit pas de SMUR, mais d'une
organisation hospitalière des transports sanitaires complémentaires
du SMUR.
Un protocole des soins d'urgence définit précisément
les hypothèses dans lesquelles l'intervention d'un médecin
est indispensable et les pathologies pour lesquelles le transport
peut être para-médicalisé.
Recommandations :
5) Organiser les relations entre services d'urgence et permanence
des soins de la médecine de ville
6) Articuler la régulation des appels relevant de la permanence
des soins avec le centre 15
7) Soutenir, notamment financièrement, des maisons médicales
articulées avec les services d'urgence
8) Développer la mise en réseaux des SAMU
9) Développer le dispositif de médecins correspondants
du SAMU dans les territoires enclavés
III/ Organisation de la prise en charge des soins non programmés
et des urgences dans l'hôpital les accueillant.
Le traitement des urgences ne concerne pas seulement le service
d'urgence, mais également tous ceux de l'hôpital. Les
établissements de santé doivent aborder collectivement
la question de la prise en charge des urgences dans l'hôpital
et prévoir la contribution de chaque service dans la prise
en charge en aval notamment, mais aussi pour des avis spécialisés.
3.1. Partenariat entre service d'urgence et services de soins
d'un établissement de santé
La contribution de l'ensemble des services de l'hôpital
à la prise en charge de l'activité non programmée
doit être définie. Le projet d'établissement,
le projet médical et le projet de service de soins infirmiers
doivent prendre en compte cet impératif. Les médecins
spécialistes hospitaliers ne peuvent s'exclure de cette
problématique.
3.1.1 Impliquer les spécialistes dans le diagnostic établi
aux urgences
Les services d'urgence ne pourront fonctionner pleinement qu'à
condition que les modalités de participation des médecins
des services de spécialités soient systématiquement
et préalablement organisées. La formalisation du partenariat
est essentielle : c'est pourquoi des conventions doivent être
signées entre le service d'urgence et tous les services,
de médecine ou de spécialités. Ces conventions,
validées par la commission médicale et le conseil
d'administration de l'établissement, prévoient les
modalités de participation ou de recours aux spécialistes
et sont rédigées en concertation avec les équipes
des services concernés,.
3.1.2 Impliquer les spécialistes dans la gestion de la
prise en charge du patient en aval des urgences
La prise en charge du patient en aval des services d'urgence est
une difficulté essentielle, qui implique fréquemment
de longues recherches pour le personnel des urgences, d'importants
temps d'attente pour ses usagers et parfois une inadéquation
entre le placement et la pathologie. Le risque est une moindre qualité
de soins et une prise en charge non optimale ne serait-ce que sous
l'angle de sa durée.
Il est donc essentiel que les services d'urgence puissent disposer
de la disponibilité des lits des services de soins de leur
établissement. Un partenariat doit se formaliser par une
convention, qui doit permettre d'organiser l'hospitalisation du
patient dans un service adapté à la prise en charge
de sa pathologie. Cette organisation permettra de ne désorganiser
ni l'activité programmée, ni celle non programmée
et d'offrir aux usagers une prise en charge rapide et adaptée.
3.1.3. Mutualiser les gardes de médecins entre service
d'urgence et services de spécialités
Dans la perspective de favoriser une utilisation optimale des ressources
médicales, il apparaît intéressant de développer
la mutualisation des moyens médicaux entre services. A cette
fin, un protocole entre les responsables des services concernés
définit les modalités de participation et de recours
aux spécialistes, de garde sur place ou en astreinte, afin
qu'ils interviennent aux urgences. D'autres part, la participation
des médecins volontaires des services de soins aux gardes
aux urgences doit être favorisée.
3.1.4 Créer une commission des hospitalisations non programmées
La création de commission des hospitalisations non programmées,
associant tous les partenaires concernés et non pas uniquement
ceux intervenant aux urgences doit être encouragée,
ainsi que le préconise le rapport du groupe de travail sur
les urgences de janvier 2002. Cette commission doit permettre de
dégager des solutions consensuelles garantissant la fluidité
de la prise en charge en aval au sein de l'établissement
accueillant les urgences.
Cette commission aurait notamment pour missions de garantir que
les services de spécialité prévoient leur programmation
en tenant compte d'une capacité à réserver
aux urgences, évolutive en fonction des périodes.
De même, la commission pourrait valider les propositions de
fermeture temporaire de lits et fixer les capacités à
maintenir disponibles pour l'urgence. A cette fin, la commission
devra veiller à la mise en place d'une évaluation
précise des capacités d'accueil, par type de pathologie,
par secteur sanitaire et par établissement et au recueil
précis et quotidien des capacités disponibles en temps
réel. Elle pourrait également valider et évaluer
les protocoles organisant les filières spécifiques
ainsi que les modalités d'hospitalisation en zone de surveillance
de très courte durée.
Le rôle déterminant de cette commission est de proposer
à la Commission médicale d'établissement, au
Comité technique d'établissement et au Conseil d'administration
une organisation cohérente de prise en charge des urgences.
Cette organisation, validée par l'A.R.H, va jusqu'aux liens
à mettre en place en aval, soit à l'hôpital
soit en complémentarité avec d'autres institutions.
3.2. Favoriser l'articulation des zones de surveillance de très
courte durée (ZSTCD) avec des unités de soins polyvalents
ou spécialisés
L'article D. 712-56 du code de la santé publique prévoit
que le service d'urgence dispose d'une zone de surveillance de très
courte durée par tranche de 10 000 passages annuels. Les
ZSTCD sont donc obligatoires, avec des capacités clairement
définies. Les unités doivent être de véritables
unités d'hospitalisation à proximité de l'accueil
des urgences, sous la responsabilité du service des urgences,
avec des personnels propres, un fonctionnement de service à
part entière. Une charte doit clairement définir ses
missions, la durée d'hospitalisation et les moyens nécessaires
à son fonctionnement. L'ensemble de ces recommandations a
été assez clairement défini par les sociétés
savantes de médecine d'urgence.
La ZSTCD ne doit pas être un passage obligé ou une
zone tampon. Sa vocation est de permettre une observation du malade
avant diagnostic définitif et orientation ou d'initier une
prise en charge en filière spécifique. Son fonctionnement
encadré par une charte doit assurer une durée de séjour
de moins de 24 heures dans au moins 90% des cas.
Les zones de surveillance de très courte durée peuvent
jouer un rôle essentiel dans l'organisation d'une filière
d'aval : elles permettent une collaboration entre le médecin
urgentiste responsable de l'unité et un représentant
de la filière de soins considérée. Ce dernier
doit être disponible au niveau des services d'urgence de façon
quotidienne et ne doit pas être seulement porteur d'un avis
spécialisé mais également, en concertation
avec le médecin urgentiste, acteur et décideur de
la filière de soins concernée.
3.3. Organiser la prise en charge par les unités médico-judicaires
(à compléter Mme Moreau / Pr. Nicolas)
3.4. Fédérer services d'urgence, SAMU, SMUR afin
de garantir la compétence et la polyvalence des professionnels.
Dans le contexte actuel de restructuration hospitalière,
de développement de réseau de soins et de mise en
place de contrats relais entre UPATOU et SAU, il est souhaitable
de développer des fédérations de services s'inscrivant
dans une démarche de qualité en médecine d'urgence.
En effet, certains gestes, de réanimation notamment, sont
effectués pour la plupart en SMUR. Un bon niveau de pratique
s'avère donc difficile pour les équipes des services
d'urgence. Par ailleurs, la faible collaboration entre les médecins
des différents sites d'urgences, la mauvaise connaissance
des différents plateaux techniques (publics et privés)
sur le département et une concurrence entre les équipes
conduisent parfois à des orientations inadaptées de
patients en état grave, suivies de transferts. Or il est
essentiel de maintenir pour la population un même niveau de
qualité et de sécurité de prise en charge des
patients.
Cette équipe médicale unique d'urgentistes, polyvalente
et ayant une activité multisites permet répondre à
trois objectifs :
· qualitatif : développer le même niveau de
compétence en médecine d'urgence entre SAU et UPATOU
;
· économique : mettre en commun et optimiser des structures
déjà mises en place ;
· attractivité : face à la pénurie de
médecins d'urgence, développer une nouvelle perspective
d'activité multisites et diversifiée.
La fédération consiste à mutualiser sur un
territoire de santé (secteur sanitaire, en deçà
ou au-delà du secteur, département) en une seule équipe
hospitalière de médecins d'urgence l'ensemble des
structures hospitalières d'urgence. Cette organisation permet,
d'une part, de maintenir un niveau de formation et d'activité
acceptables pour l'ensemble des médecins d'urgence, d'autre
part, une meilleure gestion des moyens médicaux impliquant
une diminution du nombre de gardes par médecin et l'octroi
de congés annuels plus longs. Elle permet également
de décloisonner les équipes afin de définir
des procédures communes.
3.5 Accueil des soins non programmés
3.5.1 L'accueil inopiné à l'hôpital local
La prise en charge de l'urgence ne relève pas de l'hôpital
local. Pour autant, cette réalité doit être
abordée dans le cadre de la planification régionale
par l'agence de l'hospitalisation. Dans certaines conditions d'isolement
géographique, de difficultés d'accès, d'affluence
touristique ou saisonnière notamment, les hôpitaux
locaux peuvent, dans l'intérêt des patients, mettre
en place une organisation de proximité pour dispenser des
soins médicaux urgents ou immédiats. Dans le respect
des compétences de chaque intervenant notamment soignant,
cette organisation locale permet :
- de dispenser des soins comparables à ceux dispensés
en cabinet médical ;
- la préparation du patient, dans l'attente d'une intervention
du SMUR et du transport du patient vers une structures de soins
adaptée, et sous réserve de convention avec les établissements
spécialisés.
Un équipement au moins équivalent à celui
d'un cabinet médical doit être mis à la disposition
des médecins libéraux concernés. La formation
d'un ou plusieurs médecins autorisés à l'urgence
(fréquentation régulière d'un service d'accueil
des urgences par exemple) doit être soutenue.
Dans ce cas précis d'accueil inopiné, le directeur
prononce l'admission administrative du patient sur certificat médical
établi par le médecin traitant ou le médecin
libéral dans le cadre de sa permanence des soins.
3.5.2 Consultations non programmées en établissement
de santé
Dans certaines régions, le besoin de service public saisonnier
et le besoin de proximité lié au délai d'accès
aux soins dans ces zones du territoire, ont incité au développement
de consultations non programmées au sein des établissements
de santé, autorisés ou non à l'accueil des
urgences, qui permettent d'accueillir des patients demandeurs de
soins non programmés ressentis comme urgents. Ces consultations
ne sont pas assurées par des médecins urgentistes.
Ces consultations accueillent les patients venus soit directement,
soit adressés par le centre 15 ou par les médecins
libéraux du secteur. Ces patients sont traités directement
au sein de l'hôpital ou maintenus dans l'attente de leur transport
par le SMUR vers une structure mieux adaptée à leur
prise en charge. Il est essentiel que l'activité de ces consultations
soit régulée par le SAMU.
Lorsque ces consultations non programmées interviennent
dans un établissement autorisé à l'accueil
des urgences, il est souhaitable que le service de médecine
interne et le service d'urgence soient associés dans un projet,
qui peut aller jusqu'à l'accueil commun.
3.6. Mettre en uvre des modalités d'accueil et de
prises en charge adaptées aux besoins du patient
Certaines populations nécessitent une prise en charge adaptée
à leur situation. Des recommandations en ce sens ont fait
l'objet de deux circulaires. La première, relative aux personnes
âgées, prévoit au paragraphe 3-2 page 8, l'admission
directe des personnes âgées dans un service de court
séjour gériatrique. La seconde relative à l'accueil
des enfants et des adolescents aux urgences prévoit une prise
en charge graduée impliquant le service de pédiatrie.
3.6.1. Développer l'admission directe dans les services
de gériatrie
Pour les personnes âgées, la circulaire n° 2002-157
du 18 mars 2002 sur l'amélioration de la filière de
soins gériatrique fait des recommandations en vue d'une meilleure
prise en charge des patients gériatriques. On entend par
patient gériatrique, un patient âgé polypathologique
ou très âgé présentant un fort risque
de dépendance physique, psychique ou sociale et qui ne relève
pas d'un service de spécialité d'organe.
L'objectif est de favoriser les admissions directes en service
de gériatrie, chaque fois qu'une hospitalisation dans ce
service est nécessaire, sans passage par le service des urgences.
Toutefois, dans les situations où le passage par le service
des urgences ne peut être évité, il est indispensable
d'améliorer la prise en charge des personnes âgées
dans ces services. Dans ce cas, l'intervention précoce d'un
gériatre ou d'un membre de l'équipe mobile gériatrique
aux urgences est un point essentiel. Elle permet de procéder
à une évaluation globale de l'état de santé
du patient, souvent plus facile à réaliser au sein
de l'unité d'hospitalisation de courte durée (lits
portes) lorsqu'elle existe qu'aux urgences même. L'évaluation
globale c'est à dire médico-psycho-sociale favorise
ainsi l'orientation du patient.
Des hospitalisations ou ré-hospitalisations pourront ainsi
être évitées en organisant le retour à
domicile du patient avec les aménagements et les aides nécessaires,
éventuellement en faisant appel à un service d'hospitalisation
à domicile, tout en proposant si besoin, un rendez-vous à
l'hôpital de jour pour une évaluation gériatrique
plus complète.
Lorsque le retour à domicile n'est pas possible, l'admission
du patient dans un service de gériatrie de court séjour
ou son admission précoce en soins de suite et de réadaptation
sera facilitée, lorsqu'elle s'avère nécessaire.
La clé de voûte de ce dispositif est le renforcement
des compétences gériatriques au sein des établissements
de santé. C'est pourquoi, la circulaire du 18 mars 2002 fixe
comme objectif de doter les établissements de santé
siège d'un SAU d'un service de court séjour gériatrique
d'ici 2005.
3.6.2 Permettre l'accueil individualisé des enfants et
des adolescents se présentant aux urgences
Pour la prise en charge des enfants, la circulaire n° du 2003
relative à la prise en charge des enfants et des adolescents
aux urgences prévoit une organisation graduée en trois
niveaux. Ce texte rappelle que les enfants ont vocation à
être pris en charge, chaque fois que cela est possible par
un pédiatre et insiste sur la nécessaire collaboration
entre les services de pédiatrie et les services d'urgence
pour prendre en charge les enfants et les adolescents se présentant
aux urgences.
L'organisation proposée s'appuie sur trois types d'établissements
accueillant les urgences :
-les établissements ne disposant pas de service de pédiatrie.
Ces établissements sont en général autorisés
pour une UPATOU. La prise en charge des urgences pédiatriques
y est assurée par le médecin du service d'urgence
qui bénéficie de l'appui d'un service de pédiatrie
référent situé dans un autre établissement.
Ces établissements ne disposant pas d'un service de pédiatrie
peuvent assurer des actes de chirurgie simples et font appel, pour
les autres actes, à un service de chirurgie compétent
et notamment au service de chirurgie pédiatrique de l'établissement
référent. Des conventions sont élaborées
entre l'établissement accueillant les urgences et les établissements
accueillant les services référents.
-les établissements disposant d'un service de pédiatrie
: une filière d'accueil et des locaux spécifiques
doivent être offerts aux enfants se présentant aux
urgences. Lorsque l'équipe médicale de pédiatrie
n'est pas suffisante pour accueillir et prendre en charge l'ensemble
des enfants se présentant aux urgences, les services d'urgence
et de pédiatrie s'organisent ensemble de manière à
prendre en charge les enfants.
L'organisation d'une unité fonctionnelle d'urgences pédiatriques
est recommandée dès lors qu'un certain volume de passages
est atteint. La responsabilité de l'organisation de la continuité
des urgences pédiatriques relève alors du chef de
service de pédiatrie. Ce volume est laissé à
l'appréciation de l'échelon local et n'a pas, de ce
fait, été définie dans la circulaire.
-les établissements disposant de services de pédiatrie,
de chirurgie pédiatrique et de réanimation pédiatrique
constituent les centres de référence. Ces centres
disposent de l'ensemble du plateau technique permettant la prise
en charge complète de l'enfant et de l'adolescent. Ils demeurent
des centres de proximité pour leur bassin de population.
3.6.3 Psychiatrie
Le premier contact avec les urgences hospitalières ou le
dispositif spécialisé en psychiatrie, en situation
de crise ou d'urgence, est déterminant pour l'inscription
dans la démarche de soins, l'accessibilité et la continuité
des soins. Dans le champ de la santé mentale, les urgences
sont trop souvent la première occasion de rencontrer un professionnel
du soin et plus particulièrement de la psychiatrie.
L'objectif est donc d'assurer une prise en charge de qualité
aux urgences. Celles-ci ne doivent toutefois constituer qu'un recours
ultime au sein d'un dispositif global et gradué de prise
en charge de l'urgence et de la crise utilisant en amont et en aval
des urgences hospitalières, toutes les réponses ambulatoires
et les ressources de prévention et de détection des
troubles.
· En amont du dispositif des urgences hospitalières,
il convient de porter l'accent sur la prévention des situations
d'urgence et de crise et le développement des réponses
dans la communauté. Cet objectif passe d'une part, par le
renforcement du travail en réseau et de liaison dans le secteur
sanitaire mais également dans les secteurs social et médico-social.
L'équipe de psychiatrie assure, dans ce cadre, un travail
de prévention, de formation et d'accompagnement de ses partenaires.
D'autre part, il convient d'améliorer la réponse des
équipes de secteur aux demandes de soins non programmées
dans des délais rapides en ambulatoire (dans les centres
médico-psychologiques mais le cas échéant aussi
dans le cadre d'interventions à domicile).
· A partir de cette action en amont, les urgences hospitalières
doivent permettre une prise en charge de qualité fondée
sur une réponse coordonnée entre les professionnels
des urgences et les équipes de psychiatrie.
Cet objectif de qualité implique en premier lieu, dans l'ensemble
des services d'urgence, des conditions de réalisation d'un
accueil et d'un accompagnement par des équipes de psychiatrie
dans les conditions prévues par le décret n° 97-615
du 30 mai 1997 et des locaux adaptés et identifiables (avec
notamment des bureaux de consultations et d'accueil des patients
et de leurs familles). De plus, l'accès aux zones de surveillance
de très courte durée des urgences doit pouvoir être
réalisé en tant que de besoin (pour les suicidants
par exemple). La qualité de cette fonction d'accueil et d'orientation
constitue le préalable à une prise en charge personnalisée,
organisée et structurée. Au-delà de la prise
en charge par les personnels spécialisés de la psychiatrie,
elle repose également sur une meilleure formation des personnels
des urgences à la problématique de l'accueil des patients
en souffrance psychique.
Cette fonction d'accueil et d'orientation constitue alors une porte
d'entrée sur la filière de soins psychiatriques dans
sa dimension communautaire globale, débouchant sur des réponses
diversifiées incluant certes l'hospitalisation psychiatrique
mais également l'ensemble des réponses ambulatoires
d'aval, à la disposition des secteurs de psychiatrie ainsi
que les professionnels libéraux intervenant dans le champ
de la santé mentale.
Au-delà de ces fonctions d'accueil et d'orientation, les
urgences hospitalières doivent permettre, dans les SAU présentant
un volume d'activité important (estimé à 30
000 passages par an), la mise en uvre de soins intensifs de
courte durée. Il s'agit à proximité immédiate
de ces SAU de développer des centres d'accueil intersectoriels
de 72 heures qui permettront d'évaluer la situation médicale,
psychologique et sociale de la personne. Ces structures fonctionnant
24 heures sur 24, coordonnées par des équipes pluridisciplinaires
(psychiatres, psychologues, cadre infirmier, infirmier, aides-soignants,
assistante sociale, ASH) pourront également participer à
l'activité de liaison auprès du SAU et des services
de soins somatiques. Les conditions de volume d'activité
et de proximité immédiate des SAU concernés
permettront notamment de mutualiser les moyens médicaux des
équipes de psychiatrie présentes aux urgences. Au
plan de la réponse aux besoins exprimés, ces centres
d'accueil intersectoriels permettront d'améliorer la prise
en charge de certaines situations de crise et de diminuer le recours
à l'hospitalisation sous contrainte.
· La qualité de cette organisation des urgences hospitalières
ne sera toutefois garantie que par le renforcement des actions en
aval de ce dispositif et en post-urgence.
L'orientation du patient après un passage aux urgences (
et le cas échéant dans un centre d'accueil intersectoriel
de 72 heures) pourra donner lieu à une hospitalisation en
psychiatrie mais également à un retour à domicile
avec indication de suivi ambulatoire. Ces deux modes de sortie impliquent
un accent sur la préparation à la sortie lors du passage
aux urgences. En aval, l'accessibilité à une offre
de soins ambulatoire auprès du secteur ou des professionnels
de santé libéraux du champ de la santé mentale
dans des délais raisonnables doit donc être favorisée
et le travail de réseau renforcé.
A l'issue du passage aux urgences, pour les patients présentant
des pathologies mixtes et nécessitant une hospitalisation
en services de soins somatiques, l'accent sera porté sur
un travail de liaison des équipes de secteur au sein des
services.
Recommandations :
10) Prévoir par convention les modalités de
participation ou de recours aux spécialistes aux urgences
11) Prévoir la contribution de chaque service dans la prise
en charge en aval des urgences
12) Développer la mutualisation des permanences médicales
13) Créer une commission des hospitalisations non programmées
14) Favoriser l'articulation des zones de surveillance de très
courte durée et des unités de soins, particulièrement
en médecine interne et en psychiatrie
15) Développer des fédérations de services
(services d'urgence, SAMU, SMUR)
16) Inciter au développement de consultations non programmées
au sein des établissements de santé, autorisés
ou non à l'accueil des urgences
17) Développer l'admission directe dans les services de gériatrie
18) Permettre l'accueil individualisé des enfants et des
adolescents se présentant aux urgences
19) Développer des centres d'accueil intersectoriels de 72
heures
IV/ Préparer la sortie du patient, notamment en développant
des réseaux d'aval extrahospitalier
La problématique de l'accueil des urgences ne concerne pas
uniquement les établissements autorisés à faire
fonctionner un service d'accueil et de traitement des urgences,
mais l'ensemble des établissements de santé. Les urgences
doivent être au cur d'un réseau dépassant
l'établissement, incluant les services de soins de suite
et de réadaptation ainsi que les établissements médico-sociaux.
4.1 Avec les établissements de santé publics et
privés voisins ayant des capacités d'accueil
Les difficultés rencontrées par les services d'urgence
pour hospitaliser les patients sont constantes.
L'ensemble des services d'urgence, en lien avec les ARH, doit faire
un état des lieux de la mise en uvre des contrats-relais
et évaluer leur fonctionnement. Les profils de patients transférés
ainsi que les modalités (prise de décision, temps
d'attente, condition et issue du transfert, suivi du dossier patient,
retour d'information à l'établissement d'origine
) de ce transfert doivent être analysés au regard des
objectifs du contrat-relais.
Par ailleurs, la collaboration entre établissement doit
être formalisée par une convention, qui définit
les modalités de prise en charge des patients en aval des
urgences. Cette convention organise les remontées d'informations
quant aux disponibilités de lits dans les établissements
partenaires du service d'urgence. Elle prévoit l'organisation
de la sortie du patient, notamment en termes de transports inter-établissement
et de suivi des informations sur le patient par la transmission
de son dossier médical.
Les conférences sanitaires de secteur sont le lieu privilégié
de rencontre entre les établissements de santé publics
et privés. C'est donc en leur sein que le réseau d'aval
des urgences entre les établissements doit être organisé.
Les conventions entre services d'urgence et services d'aval sont
soumises pour avis à la conférence sanitaire de secteur.
4.2 avec les professionnels de santé libéraux
La prise en charge du patient en ambulatoire implique que la continuité
des soins soit assurée par un médecin libéral
ainsi que par tous les professionnels de santé libéraux
concernés : infirmiers, kinésithérapeutes,
4.3.avec les établissements de soins de suite et de réadaptation
Le secteur de soins de suite et de réadaptation comporte
la médecine physique et de réadaptation (MPR) et les
soins de suite médicalisés (SSMED) ou soins de suite
polyvalents. La prise en charge du patient en soins de suite et
de réadaptation, ne peut se concevoir sans la mise en place
d'une articulation entre les services d'amont et les services de
soins de suite et de réadaptation.
Afin de libérer les lits de soins aigus dans un délai
raisonnable et d'assurer ainsi la fluidité de l'aval des
urgences, il est nécessaire que la liaison entre soins aigus
et prise en charge en secteur de soins de suite et de réadaptation
puisse se faire le plus rapidement possible, en liaison étroite
entre chefs de services, si l'unité de soins de suite et
de réadaptation se situe sur le même site, ou en liaison
entre l'établissement d'origine et l'établissement
d'accueil. Les ARH invitent les établissements de santé
délivrant des soins aigus à passer convention avec
les établissements de soins de suite et de réadaptation.
Pour faciliter l'organisation de cette prise en charge, les ARH
doivent identifier toutes les structures de soins de suite et de
réadaptation pouvant accueillir les patients issus de cette
filière de soins.
L'orientation du patient au sein des soins de suite et de réadaptation
doit être établie en fonction de l'état clinique
du patient, la qualité de la prise en charge constituant
un élément important de la réinsertion sociale.
L'orientation entre un service de médecine physique et de
réadaptation, qui doit disposer d'un véritable plateau
technique pluridisciplinaire de rééducation, et un
service de soins de suite médicalisés doit dépendre
de critères médicaux et non d'opportunité ou
de considération d'âge.
Pour servir au mieux les objectifs de réadaptation et de
réinsertion, il est préférable que les offres
de soins de suite et de réadaptation toutes orientations
confondues, se situent dans la proximité du domicile.
Le retour à domicile doit être préparé,
accompagné et suivi, de façon à optimiser le
" transfert des acquis " fonctionnels faits en médecine
physique et de réadaptation et à diminuer autant que
possible la situation de handicap vécue (" désavantage
de situation "), par le patient et ses proches.
L'intervention de compétences hospitalières non disponibles
en ville (ergothérapeute, psychologues, assistant(e) social(e)
ayant la pratique du handicap par exemple) est très souhaitable,
au sein du système de soins coordonnés (ou réseau)
ville-hôpital.
V/ Développer l'information
5.1 Informer et communiquer auprès de la population
L'enquête de la DREES montre que trois quart des usagers
justifient leur venue aux urgences par le fait que c'était
l'endroit le plus proche pour recevoir des examens et les soins
qu'ils estiment nécessaires. Les usagers pensent avoir besoin
d'un examen radiologique (82%) ou biologique (13%).
Une campagne d'information doit donc être organisée
au niveau local afin de mettre à la disposition du public
toutes les informations nécessaires à leur prise en
charge. La population doit être sensibilisée au fait
que le service d'urgence ne doit pas constituer leur premier niveau
de recours, qui relève de la permanence de la médecine
de ville.
5.2 Connaître et évaluer l'activité des services
d'urgence (à compléter)
Recommandations :
20) Evaluer la mise en uvre et le fonctionnement des
contrats-relais
21) Formaliser les collaborations entre établissements par
des conventions organisant l'aval des urgences, afin d'assurer une
prise en charge globale et continue aux patients
22) Organiser une campagne d'information de la population au niveau
local
23) Développer les outils de connaissance et d'évaluation
de l'activité des services