L'hôpital rassemble une somme de compétences, de savoirs-faire,
de techniques au service des malades.
Pour ce service au public, il doit privilégier la relation humaine,
la promotion des liens et des pratiques cliniques, la qualité
des soins et son évaluation.
Pour y parvenir la C.M.H. refuse les représentations de l'hôpital
qui nous sont souvent proposées :
- hôpital-hangar technologique où un individu anonymisé
serait réduit à l'analyse de ses constantes voire de ses
repères génétiques.
- hôpital lieu de maîtrise comptable où le médecin,
comptable en blouse blanche, ne serait responsable que de l'équilibre
des comptes au gré des restrictions financières.
- Un hôpital-moyen où des patients-moyens seraient soignés
par des médecins-moyens pour des pathologies-moyennes ; hôpital
écrêté dont la seule valeur serait d'être
labellisé par la médiocrité.
Le système hospitalier doit être référent
acteur essentiel du progrès médical. Il doit assurer,
de façon coordonnée, des missions de soins, de prévention,
de formation, de recherche et d'innovation.
ASSURER LA PROMOTION INDIVIDUELLE DES MEDECINS ET DES PHARMACIENS
DES HÔPITAUX
La qualité d'un hôpital ne peut être obtenue qu'à
partir de la promotion de l'ensemble des professionnels qui y travaillent.
Cela signifie qu'il faut :
- assurer la reconnaissance et la promotion de la compétence.
C'est au travers de la formation initiale et la formation continue que
cet objectif doit être réalisé. La C.M.H. considère
donc comme prioritaire la réforme des 3 cycles des études
médicales et des études pharmaceutiques et celle de la
formation continue.
- que l'hôpital soit le lieu privilégié d'exercice
de la médecine spécialisée. L'hôpital
doit rassembler et coordonner les différentes spécialités
émergentes au bénéfice du malade. Cet objectif
ne doit pas remettre en cause le caractère indivisible de la
médecine ; l'action de la discipline pharmaceutique doit
se développer dans une relation transversale avec la clinique.
- que les diplômes qui sanctionnent la formation, les titres
acquis au décours des concours soient la source de reconnaissance
et d'indépendance. Ils ne préjugent pas obligatoirement
des qualités professionnelles et humaines. C'est la raison pour
laquelle l'indispensable reconnaissance de la compétence doit
être liée à une évaluation des pratiques
;
- que la promotion statutaire soit le corollaire de cette reconnaissance.
Le statut unique, avec un mode d'accès par concours national,
doit transcrire les objectifs que nous venons d'énoncer. Les
modalités de nomination doivent témoigner de la volonté
d'indépendance vis-à-vis des pouvoirs de toute
nature. Le statut unique, socle commun, doit être adapté
aux différences d'exercice. Il faut poursuivre la promotion financière
du statut et y intégrer les variables nouvelles liées
notamment au temps de travail, à l'exercice partagé, aux
relations nouvelles entre les spécialités et les disciplines.
La pratique médicale hospitalière doit refuser des évolutions
statutaires de cadres soumis au pouvoir hiérarchique du directeur
ou de fonctionnaires éloignés de la déontologie.
ASSURER LA PROMOTION COLLECTIVE DE LA MEDECINE
HOSPITALIERE
La complémentarité des métiers, l'existence d'équipes
partageant l'exercice médical, le compagnonnage des générations
sont source de valeur ajoutée à la médecine hospitalière.
Nous devons la préserver et l'enrichir.
C'est pour mettre un terme à cette évolution, il faut
reconstituer les équipes et d'abord les équipes médicales.
Cela suppose une politique démographique nouvelle plaçant
les numerus clausus de médecine et pharmacie à un niveau
minimum de reconduction des flux. Cela suppose également de redéfinir
la place et le rôle des jeunes générations dans
les hôpitaux. L'augmentation du nombre de DES dans le cadre
de la réforme des études médicales et pharmaceutiques
est une priorité. Cela suppose également de reconstituer
des équipes trans-générationnelles regroupant des
statuts différents juniors et seniors et des générations
différentes en veillant à la pyramide des âges.
A ce titre, le post internat doit être étendu. Il est indispensable
que tant au niveau de l'internat que du post internat, l'exercice en
hôpital général soit réaffirmé sous
peine d'une désaffection des carrières liées à
la méconnaissance de l'exercice.
La reconstitution des équipes doit concerner également
les autre professionnels intervenant auprès des malades.
A ce titre, les médecins hospitaliers doivent avoir un rôle
nouveau de responsabilité et de coordination des équipes.
Ce rôle relève du médecin hospitalier. Les relations
nouvelles entre les métiers, la reconstitution des équipes
pour aboutir à une taille suffisante doit reposer sur une politique
de recrutement énergique et, également, un partage concerté
des lieux d'exercice. L'exercice de la responsabilité médicale
doit être redéfinie et affirmée, l'exercice de la
responsabilité pharmaceutique doit être de même confortée
et affirmée.
Centres hospitalo-universitaires et centres hospitaliers généraux
doivent établir des relations nouvelles pour des objectifs différents
et complémentaires. Des pratiques partagées doivent
permettre des échanges entre les différents spécialistes
et entre les différents professionnels. Des règles de
contractualisation et des adaptations statutaires doivent permettre
de développer et de promouvoir la recherche clinique et de reconnaître
les fonctions d'enseignement.
ASSURER LA PROMOTION FINANCIERE DE L'HOPITAL PUBLIC
Le progrès médical, le vieillissement de la population,
la permanence des soins, l'émergence des pathologies nouvelles
sont autant de facteurs qui imposent un investissement financier et
un budget suffisant à l'hôpital.
Dans cet enjeu, nous ne pouvons pas être étrangers à
la réflexion concernant la place et le rôle des financeurs
et en particulier l'assurance maladie. A ce titre, En mettant
en concurrence les établissements, les pathologies et les hommes,
l'hôpital se verrait vendu par appartements. Les praticiens eux-mêmes
seraient mis en concurrence comme dans les HMO aux Etats-Unis.
L'hôpital public doit voir son budget réévalué.
Un financement suffisant et important de l'hôpital public suppose
des critères de qualité, d'activité et, donc, des
repères d'évaluation. Le contrat doit lier ces différents
impératifs.
Une politique nationale d'investissement doit pouvoir mettre à
niveau des établissements hospitaliers qui ont été
contraints depuis 15 ans d'en limiter les objectifs. Cette politique
d'investissement doit être fondée sur une réflexion
de la promotion des plateaux techniques et de l'innovation technologique
par bassin de population.
La médecine hospitalière est ouverte, évolutive.
La CMH s'y inscrit comme acteur de défense des intérêts
des médecins et pharmaciens des hôpitaux. Mais cet objectif
est indissociable des enjeux sur l'avenir du service public hospitalier
martyrisé depuis plus de 15 ans. Autour de ce contrat, la CMH
rassemble celles et ceux qui souhaitent contribuer à changer
les choses.